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par Leana Quilici et Renzo Ragghianti

Lettres curieuses sur la Renaissance Orientale des frères Humboldt, d'August Schlegel et d'autres...

August Wilhem Schlegel*

Note editoriali

Index | Avertissement | Bopp | Burnouf | Friedrich Creuzer | A. von Humboldt | W. von Humboldt
Mohl | Pauthier | Rosen | de Sacy | Schlegel | Windischmann | Appendice

1

Bonn 26 Juin 1822

Monsieur

Il ne pouvoit rien m'arriver de plus flatteur que l'honneur que la Société Asiatique de Paris a bien voulu me faire, en m'associant à ses savans travaux, et Votre lettre met le comble à cette faveur. J'accepte avec empressement le titre qui m'est conféré, et je m'en glorifierai. Je Vous prie, Monsieur, de transmettre à la Société l'expression de ma vive reconnaissance et l'engagement que je prends de contribuer de tous mes foibles moyens à l'avancement du but important qu'elle se propose. J'ai vu dans les journaux la séance d'ouverture, ensuite M. Fauriel(1) m'a donné quelques nouvelles; mais jusqu'ici je n'ai reçu aucune pièce imprimée au nom de la Société; ni le programme, ni les statuts. J'imagine que tout cela sera réimprimé dans le premier cahier du Journal Asiatique, mais je désirerois avoir des détails ultérieurs pour pouvoir donner une notice exacte de cette belle institution dans le prochain numéro de ma Bibliothèque Indienne. Les brochures sous bandes passent jusqu'ici, c'est le moyen le plus sûr et le plus rapide de les faire parvenir.

J'aurai l'honneur d'envoyer à la Société tout ce que je vais publier en fait de littérature Asiatique. Je diffère l'envoi de ma Bibliothèque Indienne uniquement pour avoir à Vous offrir le premier Volume complet.

En m'écrivant le premier, Monsieur, Vous m'avez prévenu. Depuis long-temps je m'étois proposé de Vous écrire, pour Vous exprimer mes regrets, de ce que pendant mon dernier séjour de Paris j'ai pu si peu jouir de Votre entretien, absorbé comme je l'étois par les soins minutieux d'un travail purement matériel. J'ai lu et admiré Vos Recherches sur les langues Tartares(2); j'ai demandé avec instance à Paris le 2d Volume; je désire apprendre qu'il paraîtra bientôt, s'il n'a pas encore paru. Je Vous demande la permission de Vous communiquer quelques observations, et de Vous faire des questions sur quelques points d'histoire et de théorie générale des langues. Si Vous vouliez avoir la bonté de me répondre, nous ferions ensuite imprimer ces lettres, et ce seroit une manière plus animée et plus féconde de discuter des questions compliquées que si je donnois seulement de mon côté une notice de cet important ouvrage.

J'attends avec impatience Votre grammaire Chinoise que M. Fauriel m'a annoncée(3). La vie est trop courte, pour qu'on ne doive pas se résigner à ignorer beaucoup de choses: je désespère donc d'apprendre le Chinois, tout ỏψιμαθής que je suis; cependant il n'y a rien qui m'intéresse davantage dans mes recherches sur la formation des langues que d'acquérir une idée claire du mécanisme de cette langue unique en son genre.

Je suis en état de rendre quelques services aux études Orientales, j'en suis en grande partie redevable aux secours du Gouvernement Prussien, et particulièrement aux encouragemens que j'ai reçus de la part de notre Ministère de l'instruction publique.

Les mots sanscrits dans le 3e cahier de ma Bibliothèque Indienne n'étoient qu'un échantillon qui m'a donné assez de peine parce que mes richesses n'étoient pas encore rangées, et qu'il a fallu chercher les lettres une à une(4). Maintenant l'arrangement de mon imprimerie est terminé, et elle est en pleine activité. J'ai fait le métier de compositeur pendant quelques jours, avec un compositeur à mes côtés qui ne fait qu'un service de main-d'oeuvre, et je compose deux pages in 8° en cinq heures de temps. C'est un résultat très satisfaisant; qui me donne une perspective favorable pour des entreprises de longue haleine. Cette facilité est donc due en partie à la méthode que j'ai suivie pour simplifier l'impression, d'enclaver les voyelles et autres signes au-dessus et au-dessous de la ligne dans les grandes lettres, en partie à l'ordonnance systématique de la caisse du compositeur. Elle est partagée en deux moitiés, dont la largeur est de 2½ pieds de Paris, et la longueur totale de 7 pieds et 4 pouces. Dans cet espace sont contenus 6 à 700 caissetins. Malgré cela je trouve déjà les lettres d'un usage fréquent, sans regarder seulement l'étiquette. Il est vrai qu'un compositeur qui ne sauroit pas la langue ne pourrait jamais parvenir à cette rapidité(5).

M. Fauriel me mande que Firmin Didot a entrepris de graver des caractères Dévanagari pour la Société Asiatique. Je présume qu'on commencera par des essais. Si le comité nommé pour les examiner pense qu'une expérience faite et des méditations sur ce sujet, continuées pendant huit mois, peuvent être utiles à quelque chose, je suis prêt à donner mes conseils dans le plus grand détail.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et l'assurance de la considération très distinguée avec laquelle j'ai l'honneur d'être

Monsieur

Votre très-humble et très-obéissant serviteur
Au de Schegel


A Monsieur Abel Rémusat
Professeurs au Collège de France
secrétaire de la Société Asiatique
à Paris

 

2

Bonn 24 Oct. 1822
répondue le 14 Jr.

Monsieur

Permettez-moi d'introduire à l'honneur de Votre connoissance Mr. Schulz(6), professeur à l'Université de Giessen, qui va à Paris pour y continuer ses études des langues Orientales. S'il étoit parti un peu plus tard, j'aurois pu le charger d'un envoi pour la Société Asiatique - mon Bhagavad-Gîta n'est pas encore entièrement prêt, mais vous l'aurez prochainement.

J'ai eu l'honneur de Vous écrire tout de suite après la réception de Votre lettre obligeante: j'espère que la mienne Vous sera parvenue. Je profiterai du premier moment de loisir pour Vous demander des éclaircissemens sur quelques points de Vos recherches, dans lesquelles il y [a] tant à puiser.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de ma considération très-distinguée.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

3

Bonn 18 Janvier 1823
répondue le 1er Février

Monsieur

J'espère que la lettre que j'ai eu l'honneur de Vous adresser immédiatement après la réception de la Vôtre du 22 Juin 1822 Vous sera parvenue. J'ai reçu depuis par Vos bontés quelques exemplaires du Programme de la Société Asiatique et Votre Grammaire Chinoise, laquelle est pour moi un grand sujet de méditations(7). Mais j'apprens qu'il a déjà paru trois numéros du Journal de la Société et je n'en ai reçu aucun. Il m'importe beaucoup de les avoir pour en rendre compte dans le prochain numéro de ma Bibliothèque Indienne, — si vous pouviez disposer d'un exemplaire en ma faveur, Vous m'obligeriez infiniment. Ces lignes Vous seront remises par un jeune étudiant du Sanscrit, qui pourra Vous épargner la peine de l'envoi.

Depuis un temps infini je n'ai rien eu de la part de notre ami Fauriel — depuis peu seulement j'ai appris avec une peine véritable qu'il a éprouvé un affreux chagrin, de sorte que je n'ose pas lui écrire sur des sujets littéraires.

M. Klaproth m'a envoyé son traité sur le papier monnoye en Chine(8) — si Vous le voyez, je vous prie de l'en remercier. J'ai reçu aussi une lettre de M. de l'Or dirigée contre M. Adelung(9). Je veux bien croire que celui-ci n'est pas profond connaisseur en fait de langues, encore moins que l'étoit son oncle le grammairien. C'est dommage, puisqu'il y a de si amples matériaux à St. Pétersbourg(10).

Le texte de mon Bhagavad-Gîtâ est imprimé, mais les accessoires Latins nécessaires pour la publication ne sont pas encore prêts. Aussi-tôt qu'il paraîtra je m'empresserai de Vous l'envoyer — et si la Société Asiatique peut disposer utilement de plusieurs exemplaires ils seront à vos ordres(11).

Je travaille autant que je puis — mais vraiment c'est un vaste champ à défricher, et il y a beaucoup à faire avant qu'on y voye jour. Vous êtes toujours menacé d'une grande lettre de ma part — remplie de questions et d'observations sur Votre grand ouvrage.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de ma considération très distinguée.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

4

Bonn 28 Mars 1823

Monsieur

Votre lettre du 4 févr. m'est parvenue il y a quelques jours seulement, per le détour de Darmstadt, à ce que je crois. La lettre précédente dont Vous faites mention, est décidément perdue, et j'en suis désolé. Je vous prie, lorsqu'à l'avenir Vous voudrez m'accorder la faveur d'une lettre, de me l'adresser directement à Bonn, états Prussiens du Rhin, et sans affranchir. De cette manière les lettres de Paris m'arrivent très-régulièrement et dans l'espace de quatre jours.

Je Vous serois infiniment obligé, si Vous vouliez m'expédier par la diligence les numéros du Journal de la Société Asiatique qui ont paru jusqu'à présent. Ceux qui paraîtront dans la suite pourront me parvenir sous bandes, les feuilles imprimées et brochures passent de cette manière jusqu'ici.

Le 4e Cahier de ma Bibliothèque Indienne va sortir de la presse, et j'aurai l'honneur de Vous l'adresser aussi-tôt. Ensuite j'enverrai le Volume entier pour la Bibliothèque de la Société. Mon Bagavad-Gîtâ paroîtra, je pense, dans deux mois d'ici; j'en mettrai plusieurs exemplaires à Votre disposition. Je considère comme un devoir de fournir une contribution à la Société en livres, si toutefois ce que je publie peut avoir quelque valeur.

J'ai achevé deux ou trois chapitres de ma grammaire sanscrite en Latin, mais cela va lentement parce que j'aspire en même temps à l'exactitude et à la brièveté.

Vous recevrez prochainement une lettre de ma part concernant Vos Recherches sur les langues tartares. Je vous proposerai quelques doutes et je vous demanderai des éclaircissemens.

Ce que Vous me mandez de Mr. Fauriel m'afflige et m'inquiète. Je lui ai écrit dernièrement de nouveau, mais je n'ai point encore eu de réponse. J'espère néanmoins que dans la suite il sentira que les occupations intellectuelles sont le meilleur moyen de se distraire des chagrins de la vie.

La Société asiatique s'étoit proposé de faire exécuter des caractères Dévanagari. Je désirerois fort savoir où en est cette entreprise. A-t-on imprimé quelque échantillon, ou a-t-on fait de nouveaux essais lithographiques? Mr. de Chézy ne se prépare-t-il pas enfin à donner au public son grand travail sur le Ramayana?(12)

Je suis extrêmement flatté de l'approbation que Vous accordez à une lettre de ma façon sur un sujet littéraire. Je ne pensois pas au public en l'écrivant, autrement j'en aurois mieux soigné le style. Le contenu en étoit cédé en pleine propriété à M. le Compte Charles de Rémusat(13), mais il n'en a pas voulu faire usage, il a voulu me faire parler en mon propre nom, au lieu de prendre lui-même la parole. C'est à ses risques et périls vis-à-vis de Vos journalistes chez lesquels je suis noté depuis long-temps d'hérésie littéraire.

Je vous prie instamment, Monsieur, de me continuer des communications si précieuses pour moi, quand même je n'ai rien de bien intéressant à offrir en échange. Veuillez agréer l'hommage de ma reconnaissance et des sentimens les plus empressés avec lesquels j'ai l'honneur d'être

Monsieur

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

A
Monsieur Abel Rémusat
à Paris

 

5

Bonn 28 Déc. 1823

Monsieur

Avant mon départ pour Londres au commencement du mois de Septembre j'ai eu l'honneur de Vous faire hommage de mon Bhagavad-Gîta. Je ne retrouve pas la note de mes envois, mais si je me rappelle bien, il y avoit deux exemplaires, l'un pour Vous et l'autre pour la Société Asiatique. En outre j'ai chargé mon libraire d'expédier trois exemplaires du Bhag.-Gîta à Votre adresse pour la Soc. Asiatique, ce qu'il m'assure avoir fait. J'espère que tout cela, ainsi que précédemment le 4e cahier de ma Bibl. Indienne Vous sera parvenu. De mon côté j'ai reçu jusqu'ici onze cahiers du Jourd intérêt. Probablement plusieurs cahiers ont été publiés depuis, et jnal Asiatique et la Séance de l'Anniversaire, que j'ai lue avec le plus grane désirerois être à jour autant qu'il est possible. Ne pourriez-Vous pas, Monsieur, pour Vous épargner à l'avenir cet embarras, charger le libraire propriétaire du Journal Asiatique de m'en envoyer sous bandes les cahiers à mesure qu'ils paroissent? Aussi bien il s'est déjà mis en relation avec moi et mon libraire.

MM. Dondey-Dupré me demandent si l'on ne pourroit pas obtenir une frappe de mes caractères Dévanagari; ils se réfèrent à une lettre que Vous m'auriez écrite à ce sujet: mais je n'en ai pas encore reçu. Je leur ai expliqué pourquoi cela ne dépend pas de moi. Si la demande m'étoit adressée au nom de la Société Asiatique, je m'empresserois de la transmettre à notre ministère du culte et de l'instruction publique. J'avois déjà proposé ou fait proposer à M. de Chézy de faire imprimer ici. Je me tiens assuré que mes supérieurs permettroient volontiers un emploi des caractères, dont je ne suis que le dépositaire, aussi honorable pour notre Université. Je m'offre pour la révision des épreuves, la dernière pourroit même être envoyée à Paris, avec la facilité et la rapidité des communications que nous avons. Les frais seroient certainement beaucoup moindres que ceux de la lithographie.

L'effet typographique des caractères gravés sous ma direction doit être jugé par les connoisseurs; mais je puis assurer que la méthode que j'ai adoptée, de loger les voyelles et autres signes au dessus et au dessous de la ligne dans le creux des grandes lettres échancrées, simplifie de beaucoup la composition. L'on achève, et je l'ai fait moi-même, une grande page in 8° dans une heure et demie. Un orientaliste qui a fait lui-même plusieurs essais lithographiques et typographiques, fut tout enchanté de voir cet arrangement. C'est M. Schilling de Canstadt, dont le nom peut-être ne vous est pas méconnu, et qui vient de passer quelques jours avec moi.

Mes projets vont plus loin: il nous faut, pour monter complètement une imprimerie Indienne, des caractères Dévanagari de deux dimensions différentes. Le corps des miens et de ceux de Wilkins est le même: c'est la véritable mesure pour les textes. Mais ils sont un peu trop volumineux pour les notes et les livres élémentaires où les mots sanscrits sont entremêlés de mots latins ou imprimés en caractères Romains. L'imprimerie de Calcutta possède jusqu'à trois corps différens: il est vrai que les plus petits caractères, exécutés maladroitement, sont presque illisibles. Les missionnaires aussi ont fait graver sur deux corps différens; ces caractères qu'on voit pour la première fois dans la grammaire de Yates, ne valent guère mieux que les précédens. Mais exécutés par des artistes parisiens ceux d'une dimensions moyenne seroient délicieux. L'on pourrait se procurer de part et d'autre une double fourniture à des frais moindres, en faisant un échange. Si cette idée Vous semble mériter quelque attention, je la développerai davantage.

Je vous demande mille pardons, Monsieur, de Vous avoir écrit une lettre qui ressemble plutôt à celle d'un graveur de caractères que d'un écolier des Brachmanes. Mais je suis tellement enthousiaste du but, que les moyens d'en approcher m'intéressent vivement, et j'entre volontiers dans les détails techniques.

Je prends la liberté de Vous adresser le Prospectus de mon Râmâyana. Le libraire Vous en fournira autant d'exemplaires que Vous voudrez, et Vous m'obligerez infiniment si Vous voulez contribuer à donner à cette annonce plus de publicité par la voye du Journal Asiatique.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de mes sentimens les plus empressés

Au de Schlegel

 

6

Bonn 4 Mars 1824

Monsieur,

Je m'empresse de répondre à Votre lettre du 16 février, aussi flatteuse pour moi que remplie de bienveillance qui ne m'est parvenue qu'hier. Je suis charmé d'apprendre que mon généreux protecteur M. d'Altenstein a accueilli la demande de la Soc. Asiatique, —je présumois bien qu'il ne seroit pas de l'avis des monopoles scientifiques. Je souhaite que la fonte que Vous obtiendrez réussisse parfaitement à votre gré, et si j'y puis contribuer par mes conseils ou par des communications quelconques, je Vous prie de disposer de moi. Je n'ai rien vu encore de la nouvelle fonte exécutée à Berlin pour l'usage de l'Académie Royale, mais comme elle a été faite sous la direction de M. Bopp, elle doit être bonne, d'ailleurs on me mande que M. Bopp fait imprimer actuellement du Sanscrit, et si la véritable destination des lettres et la manière de les agencer les unes aux autres eût été manquée, l'on s'en seroit aperçu au premier essai de composition. Car, du reste, il y a là dedans des artifices assez délicats à employer, la figure du poinçon n'indique pas d'elle-même les différentes manières dont la lettre doit être fondue: il faut un savant qui connoisse tous les besoins typographiques de la langue Sanscrite; et un artiste qui sache remplir ses intentions. Avec trois quintaux fondus d'après une police bien ordonnée vous en aurez assez même pour les plus grandes entreprises. J'ai entre huit et neuf quintaux, y compris quadratins, espaces, quadrats etc., mais aussi j'ai composé 3 feuilles ou 48 pages in 8° de suite sans décomposer, et au bout de cela seulement quelques sortes furent épuisées. La police est l'essentiel, afin qu'on n'ait pas le superflu en manquant du nécessaire. Je vous envoye [sic] avec mon prospectus sous bandes deux exemplaires du tableau général de notre imprimerie. Ce tableau est fort mal imprimé, il n'a servi qu'à faire des étiquettes pour la caisse du compositeur, mais il vous fera connoître la totalité de nos caractères. Cela ne paroît pas bien nombreux: cependant remarquez que toutes les grandes lettres sont fondues de deux manières différentes: pleines et échancrées, pour recevoir les signes voyelles. Ces échancrures n'entament pas l'oeil de la lettre, elle sont pratiquées dans la partie du corps qui dépasse l'oeil en haut et en bas. Ensuite les consonnes simples et les ligatures qui ont une ligne perpendiculaire à droite, et qui sont grammaticalement susceptibles d'être suivies d'une autre consonne, sont fondues d'une troisième manière, coupées, c'est-à-dire en retranchant telle ligne perpendiculaire, pour former des groupes latéraux. Enfin les petits signes sont fondus vers la droite et vers la gauche pour les adapter à des lettres différentes. Cela forme une caisse du compositeur de six à sept cents caissetins. La fréquence de l'emploi varie extrêmement, telle combinaison pourra reposer pendant long-temps dans son caissetier, puis tout à coup l'on en a besoin, et l'on se trouveroit arrêté tout court, si on ne l'avoit pas. J'ai donc 2 à 3,000 exemplaires de quelques lettres et seulement 25 d'une foule d'autres. Si vous croyez que cela puisse vous être utile je Vous enverrai une esquisse de ma police, on pourroit abréger ce travail en marquant d'un astérisque toutes les espèces réduites au minimum. Celui que j'ai adopté est de 25, je ne crois pas qu'on puisse en retrancher beaucoup, parce qu'il peut arriver qu'une combinaison très-rare doive être employée plusieurs fois de suite, surtout dans une grammaire ou un dictionnaire. Pour compenser cela, il faudroit donc réduire les lettres fréquentes non au tiers mais au quart du nombre, afin de ne pas dépasser la masse de trois quintaux.

On pourra, sans doute, critiquer quelques imperfections dans ces caractères, et je désire qu'on me fasse des observations, pour les perfectionner en conséquence. Vers la fin de mon dernier séjour à Paris mon temps et, je l'avoue, ma patience aussi étoit épuisée, après avoir passé plus de six mois aux côtés du graveur et du fondeur. Cependant j'ai fait faire des moules, dont M. Fauriel est le dépositaire, afin d'être à même de fondre quelques caractères, soit gravés de nouveau, pour corriger la figure actuelle, soit ajoutés comme supplémentaires pour les combinaisons très rares que j'ai cru pouvoir lasser de côté. C'est une bagatelle; avec une vingtaine de poinçons on iroit très-loin.

Je n'ai reçu jusqu'ici que onze cahiers du Journal Asiatique —je suis désolé de ce retard, parce qu'il y a toujours des connoissances utiles à puiser. MM. Dondé-Dupré ne se chargeroient-ils pas de m'envoyer régulièrement les numéros sous bandes? Le prix de l'abonnement est si modique que je le payerois bien volontiers pour l'avantage d'être à jour. Le dix-neuvième cahier m'est tombé entre les mains par hasard: je Vous suis bien reconnoissant d'y avoir inséré en partie mon Prospectus du Râmâyana. Si Vous et ceux qui dirigent avec Vous la Soc. Asiatique et dont l'autorité est si grande, s'intéressent à mon entreprise, ils pourront sans doute enrôler quelques souscripteurs. Ne pourriez Vous pas en dire quelques mots dans la Séance annuelle? Rien n'illustreroit davantage la liste des souscripteurs que le nom de Msg. le Duc d'Orléans. M.e de Staël a bien voulu se charger de présenter à S. A. un exemplaire du Bhagadad-Gîta. Ne pourroit-on pas engager M. le Général Pozzo di Borgo qui est membre de la société et dont j'ai l'honneur d'être personnellement connu, d'obtenir la souscription de l'Empereur de Russie? — J'évalue les frais de cette entreprise au moins à 32,000 Francs — cela me ruineroit, s'il falloit payer le tout de prime abord. Mais la dépense se distribue sur un nombre d'années et une partie des fonds rentrera, j'espère, à mesure. Quel que soit le succès de la souscription, je suis décidé à aller en avant. Pour le Bhagadad-Gîta qui étoit une bagatelle en comparaison, je suis à peu près sûr d'en être bientôt remboursé.

Ce que Vous me dites, Monsieur, de certaines jalousies, ne me surprend gueres, et m'irrite encore beaucoup moins. Je compatis à une humeur chagrine qui provient apparemment d'un certain abattement et d'un malaise physique. Je me console en me disant, qu'il n'y a pas de ma faute, n'ayant négligé aucune occasion de témoigner ma reconnoissance et ma haute estime. A mon retour d'Angleterre j'écrivis à M. de Chézy qu'il étoit encore à temps de me prévenir en publiant son travail sur le Rámâyana, et que j'en serois enchanté. Il ne m'a pas répondu, je n'ai pas un mot de lui sur mon envoi du Bahg. G. Que faire à cela? Mais voici qu'il est sérieux, et sur quoi je demande Vos conseils. Quoique j'aye trouvé un grand nombre de Manuscrits du Rámâyana à Londres, je voudrois encore collectionner ceux de Paris, et mon élève s'y rendra dans ce but. Croyez vous qu'on veuille lui faire des difficultés, en donnant pour prétexte par exemple qu'on a soi-même besoin de ces livres, qu'on ne peut pas s'en passer, etc.? Je vous avoue que dans ce cas-là j'invoquerois des interventions supérieures, car il ne seroit pas juste que les dépositaires des archives de l'érudition en refusassent l'accès à ceux qui savent en tirer parti, tandis qu'ils sont eux mêmes trop inactifs pour l'avoir fait pendant de longues années de loisir. Mais que ceci soit dit entre nous —j'espère qu'on n'en voudra pas venir à des extrémités.

L'association à l'Institut de France est le seul honneur littéraire que je pourrois ambitionner encore. Mais puisque j'ai eu Votre suffrage, Monsieur, c'est tout comme si j'eusse été nommé. Quelques amis pensèrent à moi, il y a plusieurs années; M. Wolf(14) fut nommé alors. C'étoit de toute justice, et j'aurois été confus d'être préféré au célèbre éditeur d'Homère. On n'a donc pas encore oublié mes hérésies littéraires? Manet alta mente repostum? —L'on m'avoit dit qu'il falloit présenter soi-même les titres qu'on croit avoir. Cela me répugne et je pourrois difficilement m'y résoudre. Mais je pense qu'on pourroit plaider en ma faveur mes Observations sur la langue et la littérature Provençales, imprimées à Paris en 1818, parce que c'est un sujet d'un intérêt national. Peut-être ce petit écrit ne Vous a-t-il jamais passé sous les yeux. Dans peu de jours je vous enverrai un nouveau cahier de ma Bibliothèque Indienne, dans lequel j'ai parlé de la Société Asiatique et de ses travaux. Quand aurons-nous le 2d Volume de vos Recherches? Je me remettrai incessamment à cette étude intéressante, et je hasarderai quelques petites observations que je n'aurois pas dû annoncer, parce que ce sera peu de chose. Pardonnez ce long bavardage et soyez assuré, Monsieur, de mon admiration bien sincère et de ma reconnoissance de tout ce que Vous faites pour favoriser mes entreprises littéraires.

V. tr. h. et tr. ob. serviteur
Au de Schlegel

 

7

Bonn 27 Juin 1824

Monsieur

C'est un devoir pour moi, et un devoir infiniment agréable à remplir de Vous témoigner ma reconnoissance la plus sincère de la manière dont Vous avez parlé de moi dans la séance annuelle de la Société Asiatique. J'en suis redevable à Votre bienveillance et non pas à l'importance de mes travaux. La seule chose dont je puisse me vanter c'est un zèle désintéressé pour l'avancement des connoissances humaines. Vous honorez la république des lettres par une façon de penser large, mâle et généreuse, élevée également au dessus des jalousies personnelles et des préventions nationales. Vous êtes trop sûr d'être apprécié en Europe pour vouloir l'être autrement que par Votre seul mérite. Puisque Vous vous oubliez Vous-même, Monsieur, il ne manque à la Société Asiatique qu'un autre orateur que Vous, pour parler dignement de tout ce que Vous avez fait.

Je ne me rappelle pas, si j'ai régulièrement envoyé à la Société Asiatique tous les cahiers de ma Bibl. Indienne. Mr. Diez(15), l'un de nos professeurs, Vous remettra le premier Volume complet. Ce n'est donc rien de nouveau, et peut-être seulement un livre superflu. Toutefois je ne veux négliger aucune occasion de témoigner à la Soc. Asiatique ma bonne volonté.

Permettez-moi de Vous adresser une pétition. N'y auroit-il pas parmi les élèves que Mr. de Chézy a formé dans le Sanscrit, quelque jeune savant qui voulût se charger, moyennant un honoraire convenable, fixé d'avance, de la collation ou transcription en lettres latines, d'après une certaine méthode, des Manuscrits du Râmâyana dans la Bibliothèque du Roi? J'ai trouvé à Londres un grand nombre de manuscrits, de sorte que mon élève, Mr. Lassen(16), qui continue d'y séjourner, a tout plein de travail. Je ne prévois pas, quand je pourrai revenir à Paris. Cependant je voudrois rendre la critique du texte aussi complète que possible, et ne pas négliger les manuscrits parisiens. Il faudroit sans doute ensuite une révision pour vérifier ces collations, révision faite, soit par moi-même, soit par mon élève, mais on épargneroit toujours beaucoup de temps. Si quelque Indianiste habile, recommandé par Vous, vouloit s'engager à ce travail, j'entrerois en correspondance avec lui, et je lui indiquerois la méthode la plus facile à suivre.

J'ignore la demeure actuelle de Mr. Klaproth, et je ne puis lui adresser des lettres et des envois que par l'intermédiaire de notre ambassadeur. Je Vous prie de lui dire combien je suis reconnoissant de l'envoi de ses intéressants mémoires relatifs à l'Asie, et de l'annonce qu'il a faite de ma Bibl. Indienne dans le Bulletin Universel.

Veuillez agréez, Monsieur, l'hommage de mon admiration, et l'expression de mes sentiments les plus empressés.

V. tr. h. et tr. ob. serviteur
Au de Schlegel

Je viens de recevoir en ce moment les morceaux du Mahâ-Bhârata publiés par Mr. Bopp. Je vois au premier coup d'oeil que la fonte de Berlin, exécutée sous sa direction, a parfaitement réussi. Vous pouvez donc être assuré que la Vôtre répondra à tous les besoins de la typographie Sanscrite.


8

Bonn 21 Août 1824

Monsieur,

Voici des nouvelles du Japon, qui Vous sont principalement destinées, à Vous et à M. Klaproth. Vous jugerez, s'il y a là-dedans quelque chose qui vaille la peine d'être communiqué à la Société Asiatique. M. de Siebold m'a fait trop d'honneur en supposant que je pourrois être instruit de la littérature Japonaise(17). Je suis aussi ignorant au delà du Gange qu'en deçà de l'Inde, et j'ai dû Vous le renvoyer. Vous verrez par la lecture de sa lettre de quoi il s'agit. M. de Siebold est médecin et naturaliste, mais il voudroit acquérir des connaissances hors de cette sphère, et se rendre utile par ses recherches aux savans de l'Europe. Il demande donc d'abord des reinseignemens sur les travaux déjà faits. Si Vous pouvez nous indiquer des livres sur la langue, la littérature, l'histoire et les antiquités du Japon, omis dans la liste de ceux qu'il possède, des livres qui se trouvent dans la librairie, mon Collègue, M. Nees d'Esenbeck(18), aura soin de les lui envoyer. (Qu'est-ce que Charlevoix?)(19) Ensuite, pour donner une direction à ses études, il voudroit que l'on posât des questions — queries, comme disent les Anglois — dont la solution seroit désirable, comme Michaëlis l'a fait dans le voyage de Niebuhr, et Playfair lors de l'établissement de la Soc. Asiat. à Calcutta(20). Enfin il se chargeroit volontiers de quelques commissions littéraires, il tâcheroit par exemple de se procurer les livres Japonais qui manquent dans les bibliothèques Européennes etc. Je transmettrai tout cela à M. Nees d'Esenbeck qui entretient une correspondance suivi avec M. de Siebold. Je me permets encore de Vous faire observer que dans les communications qu'on lui demanderoit, ou qu'on publieroit de sa part, il ne faut pas perdre de vue ses obligations envers le gouvernement qu'il sert. Tel renseignement fourni sur le Japon pourroit toucher aux intérêts du commerce. Il paroît cependant que le gouvernement actuel des Pays-Bas est beaucoup moins jaloux de la connoissance exclusive du Japon, que ne l'étoit la république hollandaise.

Je viens de recevoir Votre lettre du 14 Août. J'avois déjà appris par les journaux Votre nomination à la place de Conservateur des manuscrits orientaux, et j'en félicite la Bibliothèque. Je sais par M. Schulz que dans Vos nouvelles fonctions Vous méditez de grands travaux. Il m'a informé aussi de quelle manière M. de Chézy a reçu ma pétition pour obtenir des collations ou transcriptions des Manuscrits du Râmâyana qui se trouvent à Paris. Cette hostilité, non seulement sans motif raisonnable, mais à laquelle je n'ai pas même fourni le plus léger prétexte, est en même temps plaisante et déplorable. J'y opposerai toujours l'impossibilité d'un Gymnosophiste. — Il y a tant de manuscrits du Râmâyana a Londres, qu'à la rigueur je pourrois me passer de ceux de Paris. Mais je voudrois ne rien négliger de ce qui peut contribuer, non seulement à épurer le texte, mais à en constater l'authenticité, et en éclaircir l'histoire. Il faudra donc bien que mon élève se transporte à Paris ou que j'y aille moi-même. Mais je ne sais pas quand je pourrai me dégager ici pour un tel voyage; et mon élève a tout plein de travail à Londres. Ainsi cela apportera nécessairement un délai à la publication de la première livraison du Râmâyana. Peut-être n'est-ce pas un grand inconvénient puisque nous avons pour le moment assez de morceaux sanscrits publiés, pour exercer les écoliers, et je voudrois faire de mon édition un monument durable.

Vous m'obligerez infiniment, Monsieur, si Vous voulez remettre à M. Diez les cahiers arriérés du Journal Asiatique. J'ai les numéros I-XI, XIX, XX, et XXV; le reste me manque encore. Comme les règlements de poste faits sous l'Empire français subsistent encore dans ce pays, nous recevons en quatre jours les imprimés de Paris sous bandes. Seulement à ce que je crois, il faut payer la moitié du port à Paris. MM. Freuttel et Würtz, qui me fournissent des livres, se chargeroient bien de cet envoi, si vous vouliez leur faire parvenir les cahiers à mesure qu'ils paroissent. Je tiens fort à les recevoir rapidement, parce qu'ils contiennent, outre les dissertations importantes, tant de notices utiles.
Le nom du Savant qui administre la Bibliothèque de Monsieur est tombé sous le cachet de Votre lettre, et je n'ai pas pu le lire. Je suis charmé d'avoir obtenu cette illustre souscription; mais il faudroit la faire inserire sur la liste de MM. Freuttel et Würtz. Je ne reçois pas moi-même les souscriptions; les librairies qui s'en sont chargées sont celle que je viens de nommer à Paris, celle de MM. Freuttel fils et Richter à Londres, et celle de M. Weber à Bonn.

J'ai lu avec une grande satisfaction votre article sur les traités de M. W. de Humboldt. N'a-t-il pas encore été nommé membre de Votre Société? — Je prends la liberté de Vous envoyer sous bandes un discours latin que j'ai prononcé pour la fête du Roi. Cela ne touche en rien à la littérature de l'Orient, mais Vous verrez du moins que j'ai encore d'autres occupations que le Sanscrit, ce qui doit me servir d'excuse si ma bibliothèque Indienne n'avance pas aussi rapidement que je voudrois.

Veuillez dire bien des choses de ma part a M. Klaproth, et le remercier du don de ses intéressans Mémoires relatifs à l'Asie. N'avez-Vous pas eu des nouvelles de M. le Baron Schilling de Canstadt? On m'a dit qu'il étoit allé à Rome. Il m'avoit promis de me prêter un manuscrit de l'Hetôpadêsa qu'il possède. Et M. Fauriel n'est-il pas encore de retour de son voyage? Il est dépositaire de quelques effets appartenant à mon imprimerie qu'il auroit bien dû remettre à quelqu'un de mes amis, avant de partir.

Vous devez être trop occupé maintenant, Monsieur, pour m'écrire des lettres en règle. Mais je Vous prie de ne pas faire de cérémonie avec moi: quelques mots de réponse à mes demandes me seront toujours précieux. Veuillez agréez, Monsieur, l'assurance de mon admiration et de mes sentimens les plus empressés.

V. tr. h. et tr. ob. serviteur
Au de Schlegel

Copie d'une lettre adressée à M. Nees d'Esenbeck professeur de botanique à Bonn, par M. de Siebold Chirurgien major, Médecin et Naturaliste attaché à l'Ambassade du Roi des Pays au Japon.

Dezina bei Nangasazi auf
Japan d.12ten November 1823

So bin ich denn glücklich am 12ten August auf Japan angekommen, und verlebe in rastloser Thätigkeit auf dem Gebiete der Natur- und Heilkunde die angenehmsten Tage. Ich darf unter den Auspicien der Niederländischen Ostindischen Regierung hoffen, eines der interessantesten Länder der Welt, zu welchem so wenigen Europäern der Zutritt gestattet ist, in Verhältnissen zu untersuchen, welche ich als die günstigsten nicht genug preisen kann. Alle Reiche der Natur bieten hier unendlich viel neues dar; und noch mehr lässt sich vielleicht für Land- und Völkerkunde und für Linguistik leisten.

Ich habe eine Dissertation geschrieben: De historiae naturalis in Japonia statu ---Bataviae 1824. Diese Abhandlung habe ich an den Herrn Gouverneur geschickt, mit der Bitte sie durch den Druck bekannt zu machen.

Ich habe für die kurze Zeit meines hiesigen Aufenthalts ausserdem noch eine grosse Menge anderer zoologischer Gegenstände gesammelt, und die Botanik geht ebenfalls nicht leer aus. Ich werde im nächsten Jahre manches Interessante hierüber mittheilen. Gegenwärtig bin ich mit Anlegung eines botanischen Gartens auf unserer kleinen Insel beschäftigt, welcher mir bei unserer grossen Eingeschränktheit von ungemeinen Nutzen seyn soll. Ich halte wöchentlich dreimal in Holländischer Sprache Vorlesung über Natur- und Heilkunde, welche von den augezeichnesten Japanischen Aerzten und Tolken (Dolmetschern) besucht werden. Diese Japanesen unterstützen meine Naturforschungen sehr, namentlich die Botanik, wofür sie sehr eingenommen sind. Da einige von meinen Zuhörern sehr gut Holländisch sprechen und mich gründlich Japanisch, auch selbst etwas Chinesisch lehren, so darf ich mir aus dieser Beziehung in linguistischer Hinsicht viel Gutes versprechen. Sie geben bei officinellen Pflanzen ausser den Japanischen Namen gewöhnlich auch die Chinesischen an.

Über Linguistik, Land- und Völkerkunde wünschte ich, dass Sie sich mit Ihrem gelehrten Herrn Collegen von Schlegel besprechen, und mir dann, womöglich, in duplo oder triplo, einen Plan der Bearbeitung dieser Gegenstände überschicken möchten. Ich kann in diesen Fächern um so mehr thun, da ich wenigsten sechs Jahre hier bleiben, und nach dem Willen des Ostindischens Gouvernements zweimal die Hofreise nach Jedo mitmachen soll. Meine Litteratur hierüber ist ziemlich vollständig: ich habe Kämpfer, Thunberg, Titzingh, Golownin, Krusenstern, Langsdorf, La Perouse, Montanus(21). Charlevoix vermisse ich. Sollte noch für die Litteratur etwas wichtiges vorhanden seyn, so bitte ich, mich davon in Kenntniss zu setzen, und mir das Werk entweder im Original oder im Excerpt zu senden. Ich erwarte einen Zeichner aus Europa. Auf keinen Fall verlasse ich Japan ehr, als ich ein Museum Japonicus gesammelt, und mit allen zoologischen und zootomischen Abbildungen ausgearbeitet, auch für eine Flora Japonica das Nöthige eingetragen habe. Schreiben Sie an mehrere Gelehrte, um die Litteratur zusammen zu bekommem, denn ich wünschte etwas tüchtiges zu liefern.

 

9

Bonn ce 20 Mai 25

Permettez-moi, Monsieur, de recommander à Votre protection et à Votre bon accueil M. Lassen, né à Bergue en Norvège, mon élève et mon écolier par excellence dans la langue sanscrite. Il arrive de Londres où il a travaillé pour mon Râmâyana, et pour le moment son objet principal à Paris est de collationner le 1er livre de ce poème dans les Manuscrits de la Bibliothèque du Roi. Comme il m'importe qu'il revienne au plutôt auprès de moi, Vous m'obligeriez infiniment, Monsieur, si Vous vouliez lui accorder le permission d'avoir un manuscrit chez lui, puisque cela abrégeroit de beaucoup le temps nécessaire pour son travail.

Je n'adresse pas mon élève à M. de Chézy, et pour cause. En temps et lieu je répondrai à tout ce que celui-ci a fait dire dans le Journal Asiatique et ce qu'il a dit lui-même dans le journal des Savans sur mon Bhagavad-Gîta. Tout le savoir de ces Messieurs est dans le commentaire manuscrit qui se trouve à la Bibl. du Roi. Si un commentaire étoit un oracle irréfragable, l'on se seroit contenté d'un seul, et tant de commentateurs ne se seroient pas mis à l'oeuvre. Mon ancien ami a épluché tant qu'il a pu: mais eût-il raison dans tout ce qu'il avance, encore ce ne serait pas grand chose(22).

Je Vous écris à la hâte, Monsieur, et ces lignes ne comptent pas pour une lettre. En attendant, Mr Lassen pourra Vous rendre compte des nouvelles Asiatiques de Londres. Depuis long-temps je suis Votre débiteur de mille manières et j'espère bien m'acquitter envers Vous. Pour le moment je dois réclamer Votre indulgence, étant accablé, comme recteur de notre Université, de fonctions étrangères à mes études.

Veuillez agréez, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de mes sentiments les plus empressés

V. tr. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

10

Bonn ce 13 Mars 1826

Monsieur,

Je me reprochois depuis long-temps l'interruption de notre correspondance. Vous la renouvelez, et d'une manière qui me donne bien des sujets de reconnaissance. Mr. Lassen m'a remis Votre lettre et les livres que Vous avez la bonté de me destiner. Mon collègue Mr. Nees d'Esenbeck est enchanté d'avoir enfin reçu le Mémoire pour Mr. de Siebold. Comme professeur de botanique il entretient une correspondance régulière avec les botanistes de l'Asie. Il a tout de suite expédié le Mémoire, et même par duplicata, autant que les caractères Chinois dont il est entremêlé le permettoient.

Je n'avais pas encore vu Votre Rapport annuel de l'année passée — je Vous remercie de tout mon coeur, de tout ce que Vous y dites de notre Roi, de Mr. d'Altenstein et enfin de moi. En effet, je ne mérite aucune place dans Votre Rapport de l'Avril prochain, et Vous êtes trop bon de vouloir m'en accorder une quelconque. Accablé comme je l'ai été par mes fonctions publiques — ne possédant pas Votre prodigieuse activité — je n'ai pas même pu donner un cahier de ma Bibliothèque Indienne. Si Vous voulez me faire l'honneur de faire mention de moi en peu de mots, voici les données nécessaires.

Le retard dans la publication de mon Râmâyana a été causé par l'abondance des matériaux - j'ai eu accès à de nouvelles et précieuses ressources pour la critique du texte. Maintenant Mr. Lassen m'a apporté toutes les collations pour les deux premiers livres, du poème, et des copies des livres suivants, et après les avoir rédigées je procéderai tout de suite à l'impression. En attendant le retour de Mr. Lassen, j'ai commencé à préparer une nouvelle édition du Hitôpadêsa, avec des notes et une traduction latine. J'ai collationné autrefois le manuscrit de Paris, et le Baron de Schilling m'a prêté le sien qui est excellent.

Vous m'obligerez infiniment en parlant favorablement de Mr. Lassen, à l'occasion de son travail sur le Pali — C'est un jeune savant qui mérite tous les encouragements.

Je viens d'éprouver un procédé bien loyal de la part de Mr. Haughton. Avant la publication de son Manou je lui avois envoyé des mots pour en disposer à son gré. Il en a tiré parti, mais en me citant dans les termes les plus flatteurs. Vous pourrez voir par ses notes que dans quatre passages au moins, j'ai rétabli par la seule conjecture la leçon des meilleurs manuscrits.

Mr. Bopp est à Londres, occupé à faire de nouveaux extraits du Mahâ-Bhârata, et à préparer une édition soigneusement revue de son Nalus(23). Il me mande qu'il a trouvé aussi des ressources pour la critique du texte dans des manuscrits dernièrement apportés.

Vous me comblez de vos dons, Monsieur: je ne pourrai jamais Vous rendre des équivalents. J'ai lu avec le plus grand intérêt Votre mémoire sur la géographie de l'Asie centrale(24). C'est une excellente idée d'avoir réuni les articles épars dans différens recueils périodiques. Cependant je ne retrouve pas dans ces deux Volumes de Mélanges Asiatiques une dissertation que j'ai lue autrefois je ne sais plus dans quel journal; elle contenoit un extrait d'un auteur Chinois, lequel rend compte de la théorie des lettres et de l'écriture alphabétique apportées en Chine par les missionnaires Bouddhistes. Est-elle réservée pour un troisième Volume? — Mr. Lassen me dit que Vous avez découvert une notice fort ancienne sur l'île de Java dans les historiens chinois, qui font mention de Brahmanes(25). Cela viendroit à l'appui de ce que j'ai avancé dans ma Bibl. Indienne sur les colonies Indiennes dans cette île(26).

Dans l'article nécrologique concernant Mr. Alex. Hamilton(27) il y auroit quelques inexactitudes à relever, et je m'étonne que M. de Chézy n'ait pas réclamé contre l'assertion que personne en France ne savoit le sanscrit en 1807. Mr. Hamilton fut fait prisonnier comme les autres voyageurs anglois lors de la rupture de la paix d'Amiens. Par l'intercession de quelques savans de Paris, je crois principalement de M. Langlès, il obtint la permission de revenir à Paris ou d'y rester. Depuis le printemps de 1803 jusqu'à la même époque de l'année suivante il aida mon frère à apprendre le Sanscrit aussi bien qu'on pouvait l'apprendre alors. Le catalogue porte en effet la date de 1807, mais il paroît qu'alors Mr. Hamilton avoit déjà quitté Paris. Appelé au professorat de Hayleybury, je pense dès la fondation du Collège, il obtint par la même intercession la permission de retourner en Angleterre. Il est bon de faire valoir en public le mérite des morts, mais au reste Mr. Hamilton ne possédoit qu'une connoissance médiocre du Sanscrit, comme le prouve son édition du Hitopadésa et son analyse des 12 premières pages(28). Le Catalogue aussi est rempli de fautes, et une nouvelle édition refondue, enrichie des connaissances acquises depuis, seroit infiniment désirable. J'oserai Vous proposer une mesure utile pour la conservation des manuscrits Indiens, qu'on a pratiquée à la bibliothèque de la Compagnie des Indes. Malheureusement on ne peut pas relier les feuilles de palmier, et pour les feuilles de papier il faut encore employer un procédé particulier, parce que le front de la page et le revers sont écrits en sens inverse. Il faut coller au haut de chaque feuillet une bande de papier, ensuite on applique le dos de la reliure à ces bandes de papier blanc. Des feuilles détachées s'égarent très-facilement ou peuvent être mises en désordre par des ignorans. J'en ai vu un exemple déplorable à Oxford. J'y cherchois les manuscrits sanscrits provenant de la collection de Fraser, auteur de la vie de Nadir Sihah(29). On m'en nia d'abord l'existence — ils furent enfin déterrés dans le coin d'une armoire. L'on me remit des liasses couvertes d'une poussière accumulée depuis 50 ans, où tout étoit pêle-mêle. Je n'eus pas le temps de débrouiller tout cela, cependant je mis en ordre un manuscrit presque complet du Bhâgavata-Purâna, daté de plus de 400 ans, par conséquent une des plus grandes raretés qui existe dans aucune collection Européenne. J'ignore si mes soucis fructifieront: Vous savez bien, Monsieur, que les professeurs d'Oxford sommeillent savamment.

Je vous demande pardon de mes divagations. Vous trouverez naturel que nous nous félicitions, nous autres étrangers, de voir les manuscrits orientaux confiés à vos soins. Recevez mes remerciemens particuliers pour toutes les bontés que Vous avez eues pour Mr. Lassen, et veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de mon admiration et de ma considération la plus distinguée.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

11

Bonn 5 Mai 1826

Monsieur,

J'ai l'honneur de Vous adresser ci-joint un article destiné pour le Journal Asiatique. J'apprends que M. Saint-Martin en est actuellement le rédacteur, mais je n'ai pas l'avantage d'être personnellement connu de lui, et je ne voudrois pas débuter dans mes relations avec ce savant distingué par une réclamation peut-être importune. D'ailleurs puisque, heureusement pour la Société Asiatique, Vous remplissez toujours la charge de Secrétaire, je pense que les affaires étrangères sont de Votre département.

Je demande l'insertion de ma réponse à M. Langlois dans le Journal Asiatique, et je ne pourrai consentir à aucun retranchement(30). Je suis persuadé, Monsieur, que Vous trouverez ma demande pleinement fondée en justice. J'ai bien d'autres moyens de publicité, mais je n'ai que celui-là de me faire lire par les mêmes lecteurs qui ont lu ou parcouru les quatre longs articles de M. Langlois. Ce n'est pas dans mon intérêt seulement que je réclame l'insertion. Ces éclaircissemens sont dus aux lecteurs, induits en erreur par un ignorant qui se targue continuellement de l'autorité de deux maîtres: du scoliaste qu'il a mal compris, et du professeur qui, comme l'on sait, n'enseigne guère. C'en est fait de l'étude du Sanscrit si ceux qui sont trop indolens ou trop foibles pour l'avancer eux-mêmes, peuvent impunément accabler de dégoûts ceux qui y consacrent leurs veilles. Je puis Vous assurer que le premier connoisseur du Sanscrit en Europe, Mr. Colebrooke enfin, a été indigné des articles en question. Pour moi, je ne m'étonne pas de la malveillance, mais je suis un peu surpris de la maladresse. M. de Chézy n'aura pas revu les articles de Mr. Langlois avant l'impression. Autrement, auroit-il laissé compromettre si étrangement la réputation de son école par les bévues les plus grossières?

J'espère que mon article pourra être inséré en entier dans un prochain numéro du Journal Asiatique: il perdroit tout son effet s'il étoit morcelé. Puisque Vous avez maintenant des caractères dêvanâgari, on pourra sans difficulté les employer pour les citations en langue sanscrite: cela leur donne toujours plus d'authenticité. Mais lorsqu'il faut recourir à la transcription en lettres latines, j'observe toujours la méthode de Mr. Colebrooke. J'ai conservé cependant l'orthographe de M. Langlois dans les passages extraits de ses articles. Voudriez-Vous bien prier de ma part M. Burnouf, de se charger de la révision des épreuves?

Vous m'obligeriez infiniment, en m'envoyant au plutôt sous bandes le rapport de la Séance annuelle.

Je suis en pleine activité pour mon édition du Râmâyaná. Douze manuscrits ont été collationnés, c'est un travail immense. Néanmoins j'espère en venir à bout sans avoir les dix têtes de Ravanas. Vous recevrez aussi bientôt un nouveau cahier de ma Bibliothèque Indienne.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration, et l'assurance de mes sentiments les plus empressés

Votre très-humble et très-obéissant Serviteur
Au de Schlegel

A
Monsieur Abel-Rémusat
membre de l'Institut Royal, Conservateur des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, professeur au Collège de France etc.
à Paris

 

12

Bonn 28 Mai 1826

Monsieur,

Je viens de recevoir Votre lettre du 15 Mai, j'y reconnois tous les sentimens de bienveillance que Vous m'avez si souvent prouvés par le fait. Je suis vraiment confus en voyant que ma réclamation Vous cause tant d'embarras et occasionne la perte d'un temps précieux. J'ai relu mon article, et je Vous avoue que je n'y ai rien trouvé qui ne fût de bonne guerre. Mais je suis jaloux de Vous prouver mon entière déférence à Votre jugement. Ainsi je Vous prie de retrancher ou de modifier à votre gré, bien entendu que Vous seul en soyez constitué juge, et que l'article, après que Vous l'aurez présenté avec les modifications que Vous jugerez convenables, ne puisse plus être soumis à des mutilations arbitraires. En cas de refus de la part de la Commission ou du Conseil de la Société, je me réserve le droit d'insérer dans ma Bibl. Indienne l'article tel que je Vous l'avois envoyé d'abord.

Retranchez donc la rare impudeur, et l'intention de déprécier, et l'humeur chagrine etc. etc. Cependant il me semble indispensable d'indiquer la part que M. de Chézy a eue aux articles de M. Langlois. Autrement le public ne concevroit pas pourquoi je me suis mis en frais contre un antagoniste si obscur, auquel j'eusse pu dire comme Mirabeau, lorsqu'on lui donnoit un défi du temps de l'Assemblée Constituante: J'ai refusé mieux. — Depuis que mon nom est connu en France, j'ai été constamment en butte aux attaques des gazettes journalières, dont quelques unes comptent peut-être cent mille lecteurs; les feuilles de toutes les couleurs, monarchiques, ministérielles, constitutionnelles, ont été d'accord sur le point de ma condamnation. L'un m'a nommé le Domitien de la littérature françoise qui désireroit pouvoir l'abattre d'un seul coup, tandis que je professe l'admiration la plus sincère pour les grands écrivains de France, et que je n'ai combattu que des théories qui gênent l'élan du génie. Ce docte Aristarque confondois Domitien avec Caligula: mais cela revient au même. Un autre m'appelle en ricanant le Quintilien tudesque, etc. etc. Cependant je n'ai jamais cru nécessaire de dire un seul mot en ma défense. Ainsi donc ce n'est pas une effervescence passionnée — non ego hoc ferrem, calidus juventa! — qui m'a fait prendre la plume: j'y ai mûrement réfléchi. M. de Chézy seroit le remora au vaisseau de la littérature Sanscrite, s'il n'étoit pas trop indolent même pour cette action de retardement. Il ne faut pas souffrir qu'il mette en avant de petits écoliers obscurs pour dégoûter ceux qui sacrifient à l'étude du sanscrit non seulement leurs veilles, mais leurs moyens pécuniaires, et des succès plus faciles et plus brillans. J'ai été la dupe de mes bons procédés: je connoissois depuis long-temps sa jalousie: pendant mon dernier séjour à Paris il m'a enlevé sous un prétexte le Commentaire du Bhag. Gîtâ, pour m'empêcher d'en copier davantage. Néanmoins j'ai saisi toutes les occasions de faire son éloge; ce qui étoit assez difficile, puisqu'il n'en fournit pas de sujet, et que ses oeuvres complettes sur le Sanscrit pourroient être commodément logées dans un porte-feuille de poche pour des cartes de visite.

Vous me faites remarquez, Monsieur, que M. de Chézy est membre de la Commission qui doit décider de l'insertion. J'espère qu'il a trop le sentiment des convenances pour ne pas s'abstenir de voter dans une affaire qui le concerne comme l'auteur; et dans le cas contraire je me fie entièrement à l'impartialité de la commission ou du conseil: on ne comptera pas le vote d'un juge dans sa propre cause.

Il seroit trop long de discuter par lettre chaque passage de ma réponse. Je me soumets donc bien volontiers à Votre censure: seulement je Vous prie de ne pas ôter tout ce qui peut attirer les lecteurs qui, ne s'intéressant guère au sanscrit, ont pourtant pu voir en feuilletant les articles de M. Langlois qu'il m'impute un grand nombre de méprises.

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de ma considération très-distinguée et de mes sentiments les plus empressés.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Chez nous un nouveau collaborateur s'est annoncé avantageusement. M. Rosen, en prenant son grade de docteur en philosophie à Berlin, a publié un specimen d'un dictionnaire des verbes Sanscrits: Corporis Radicum Sanscritarum prolusio. C'est un élève de M. Bopp. — Je lui ai déjà donné mes conseils pour l'exécution de cet important travail.

 

13

Monsieur

Permettez-moi d'introduire à l'honneur de Votre connoissance et de recommander à Votre accueil bienveillant un de mes concitoyens académiques, Mr. Vullers de Bonn(31). Il s'est voué à l'état ecclésiastique; mais il a fait son étude principale des langues orientales et il vient de faire une édition estimable du Moallaka de Hareth avec deux autres pièces de vers inédites. Il a mérité les encouragemens de notre gouvernement, il compte séjourner deux ans à Paris pour continuer ses études. Puisque les trésors de littérature arabe accumulés dans la Bibliothèque du Roi sont, heureusement pour les intérêt de la science, confiés à Vos soins, Vos bontés et les facilités que Vous jugerez à propos de lui accorder, pourront plus que toute autre chose aider ce jeune homme studieux et intelligent à poursuivre sa carrière avec succès.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et l'assurance de mes sentimens les plus empressées

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Bonn ce 22 Mars 1827

 

14

Monsieur,

Permettez-moi d'introduire à l'honneur de Votre connoissance personnelle et de recommander à Votre accueil bienveillant un jeune savant Danois, Mr. Boysen(32), qui depuis six mois a été mon auditeur très assidu dans mon cours de langue Sanscrite et a fait des progrès étonnans pour ce court espace de temps. Mr. Boysen s'applique en même temps à d'autres langues orientales, surtout à l'Arabe — il a étudié auparavant à Halle et notre grand Hébraïste, Mr. Gesenius(33) me l'a vivement recommandé. J'espère que dans la suite il propagera l'Indianisme à Copenhague — maintenant il va à Paris seulement pour prendre une vue générale des trésors d'érudition auxquels Vous présidez.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de ma considération la plus distinguée.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Bonn 6 Avril 1827

 

15

Bonn ce 9 Avril 1827

Monsieur

Il y a un temps infini que je n'ai pas eu le plaisir de Vous écrire. C'est un vice invétéré chez moi de négliger les correspondances même les plus agréables et les plus utiles. Depuis longtemps aussi je n'ai pas reçu — sans doute par la négligence du libraire — les numéros du Journal Asiatique, de sorte que je ne suis pas au courant de Vos travaux savans. Seulement on me mande de Paris le succès universel de Votre roman Chinois. Je n'ai pas même vu mon Anti-Langlois, tel qu'il a été imprimé, ni le nouvel Anti-Schlegel de mon adversaire. Vous voyez par-là que je n'ai pas l'intention de Vous importuner d'une réplique.

Cependant je n'ai pas manqué de Vous faire des envois selon mon devoir de Correspondant de la Société Asiatique. Je Vous ai transmis une dissertation écrite au Japon et imprimée à Batavia. Je crois que les observations de Mr. de Siebold peuvent enrichir l'histoire naturelle, mais son style latin m'a consterné. Il ne faut pourtant pas trop s'étonner, si un savant européen qui vit au Japon, écrit un Latin de l'autre monde, et c'est le cas d'user d'indulgence. — Ensuite Mr. d'Olfers, notre ministre en Portugal, s'est chargé de deux cahiers de ma Bibliothèque Indienne. Mr. Bonar, voyageur anglois d'un esprit cultivé, Vous aura remis un troisième, le dernier du second volume. Mes lettres à Monsieur Heeren ont mis le feu à la maison à Goettingue; Mr. Heeren(34) a déjà publié une brochure contre moi, Tant mieux! j'ai assez le goût des guerres littéraires. Messieurs les professeurs de Goettingue — j'en excepte Blumenbach, le Nestor de nos naturalistes — ont un peu trop de morgue; ils s'imaginent que ce qu'ils ignorent n'est pas du savoir réel, et ils ne s'aperçoivent pas qu'ils sont terriblement en arrière en fait de connoissances asiatiques.

J'ai une pétition à Vous faire, Monsieur: mon collègue et mon ami intime, le professeur Windischmann, profond connoisseur de l'histoire de la philosophie, s'est fort appliqué à connoître les systèmes des philosophes Chinois, autant que leurs écrits lui sont accessibles par des extraits et des traductions. Il demande la permission de Vous adresser quelques questions à ce sujet, et Vous m'obligerez infiniment, si Vous voulez bien lui donner les éclaircissemens que Vous possédez en abondance.

Vous aurez excusé, j'espère, la liberté que j'ai prise de Vous adresser et de recommander à Votre protection deux jeunes savans partis d'ici, MM. Vullers et Boisen. Ce dernier, ayant été mon écolier, pourra vous donner de mes nouvelles. Le 1er Livre de mon Râmâyaná, le texte s'entend, est imprimé: je parie qu'il n'en est pas de même de la Sacontalâ de Mr. de Chézy.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de mes sentimens les plus empressés

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

A
Monsieur Abel Rémusat
à Paris

 

16

Bonn ce 20 Août 1827

Monsieur,

Ces lignes Vous seront remises par Monsieur de Raumer(35), membre de l'Académie des sciences et professeur à Berlin, l'éloquent historien de la maison de Hohenstaufen. Quoique ce savant célèbre ne puisse faire qu'un court séjour à Paris, et que le genre d'érudition dans lequel Vous brillez d'un éclat unique lui soit étranger, il considère comme un précieux avantage d'être introduit à la connoissance personnelle d'un savant dont l'esprit supérieur se fait remarquer sur tous les sujets. Mr. de Raumer pourra Vous donner de mes nouvelles: il Vous dira que si je suis en retard avec mon Râmâyana, les agrémens de Berlin, où je viens de passer trois mois, en sont la cause. Je me remets à ce travail et j'espère Vous donner bientôt la preuve que je n'ai pas abandonné cette entreprise.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de ma considération très-distinguée.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

17

Bonn ce 21 Sept. 1827

Monsieur,

permettez-moi d'introduire à l'honneur de Votre connoissance personnelle M. le professeur Welcker(36), mon collègue et mon ami intime. M. Welcker est généralement reconnu pour un de nos premiers Hellénistes, mais quoiqu'il ait consacré ses veilles principalement à l'étude de l'antiquité classique, néanmoins rien de ce qui peut intéresser l'esprit humain n'est étranger à sa pensée, et il désire vivement pouvoir s'entretenir avec l'illustre savant qui a répandu tant de lumière sur les régions inconnues de l'Asie. M. Welcker ne pourra faire qu'un court séjour à Paris, il est pourtant curieux de voir les trésors de la Bibliothèque du Roi, et personne n'est plus à même de les lui ouvrir que Vous.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de mes sentiments les plus empressés

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

18

Monsieur

Permettez-moi de recommander à votre accueil bienveillant Monsieur Munk(37), qui va à Paris pour continuer l'étude des langues orientales, principalement de l'Arabe et du Persan. Il a été pendant cet hiver l'écolier de Mr. Freitag pour la langue Arabe(38), et de Mr. Lassen pour le Sanscrit. Il est Israélite, natif de Glogau en Silésie — Mon ami, le poète dramatique Michael Beer(39), frère du célèbre musicien Meyer Beer, s'intéresse aux progrès de ses études, et me l'a fort recommandé. C'est un jeune homme modeste et laborieux. Les lettres que j'ai eu la hardiesse de Vous adresser ont valu tant d'avantages à mes protégés que Vous ne devez pas être surpris si je reviens à la charge.

Veuillez agréer l'hommage de mon admiration et de mes sentiments les plus empressées

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Bonn ce 18 Mars 1828

 

19

Bonn 22 Oct. 1828

Monsieur,

Il y a six mois environ que j'ai eu l'honneur de Vous envoyer par la poste aux lettres une dissertation intitulée: «Observations sur quelques médailles Bactriennes et Indo-Scythiques nouvellement découvertes», que je destinois au Journal Asiatique(40). Je n'ai pas eu l'avantage de recevoir une réponse de Votre part qui m'en eût accusé la réception. Peut-être avez-Vous pensé que l'insertion dans ce journal suffisoit comme réponse de fait. Toutefois j'ignore jusqu'ici si elle a eu lieu réellement. Il me manque plusieurs cahiers du Nouveau Journal Asiat., sans doute par la négligence du libraire: dans ceux qui me sont parvenus, mon article ne se trouve pas et je commence à craindre que mon paquet n'ait été égaré à la poste. Je l'avois affranchi pour épargner à la Société les frais de port. Veuillez m'éclaircir par quelques lignes. Si le comité de la rédaction n'avoit pas jugé à propos d'accorder une place à mon article, je redemanderois mon manuscrit; s'il s'est perdu, il me faudroit envoyer une nouvelle copie. Mes observations se rapportent principalement aux médailles découvertes par le Colonel Tod et gravées à la suite d'une dissertation dans les Transactions de la Soc. As. de Londres; elles perdroient leur à propos si l'impression en étoit trop retardée. Je me flatte d'avoir jeté un nouveau jour sur l'histoire de l'empire de Bactrie et des Indo-Scythes, c'est-à-dire de la première invasion des peuples Tartares dont on ait connoissance.

Je Vous adresserai incessamment un magnifique Volume de mon Râmâyaná pour la Société Asiatique. L'impression du Hitôpadêsá avance; c'est aussi un grand travail de critique, l'édition de Londres est incorrecte au delà de tout ce qu'on peut imaginer.

Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance de ma considération la plus distinguée

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

A
Monsieur Abel-Rémusat
professeur Au Collège de France
Membre de l'Institut etc.
à Paris

 

20

Monsieur,

L'époque de la séance annuelle de Votre Société Asiatique approche: je désirerois fort que quelques mots y fussent dits de mes travaux. Le premier Volume du Râmâyaná est entièrement achevé et entre les mains du relieur, pour être cartonné. Les exemplaires pourront être expédiés aux souscripteurs dans la quinzaine. L'impression du texte de l'Hitôpadêsá est également terminée, mais pour la publication il y manque encore la préface. La seconde partie contiendra la traduction latine avec des notes explicatives; la troisième les variantes et les remarques sur la critique du texte. Le tout paroîtra sous mon nom et celui de Mr. Dr. Lassen conjointement. Ces volumes sont trop forts pour être envoyés sous bandes, et les voyes ordinaires de la librairie sont lentes: c'est pourquoi je Vous expédie aujourd'hui même un des exemplaires surnuméraires que j'ai fait tirer de la préface avec ses appendices. Cette préface contient près de 70 pages, j'y ai rendu un compte détaillé de mon travail. Je l'ai écrite exprès pour mettre à même les savans qui ne s'occupent pas spécialement du Sanscrit de juger ma méthode et mes vues générales.

J'ai publié aussi une dissertation assez longue en Allemand: «Sur l'accroissement graduel et l'état actuel de nos connaissances de l'Inde; première Section, depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'au temps de Vasco de Gama». Cela se trouve imprimé dans le Calendrier de Berlin pour 1830, publié par l'Académie royale. Je ferai hommage d'un exemplaire à la Soc. Asiat., ainsi que du Râmây. et de l'Hitôpadésâ.

J'ai bien bonne volonté de fournir des articles au Journal Asiatique, et les matériaux abondent: mais je demande à être assuré que mes essais ne tomberont pas entre des mains aussi malveillantes que celui sur les médailles Bactriennes.

M. Lassen me prie de le rappeler à votre souvenir bienveillant. Il prépare plusieurs travaux intéressants.

Veuillez agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les plus empressés et de ma considération très distinguée.

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Bonn ce 25 Mars 1829

 

21

Monsieur

Permettez-moi de recommander à votre accueil bienveillant l'un de mes anciens écoliers, Mr. le Dr. Kalthoff(41). Il a fait des études assez fortes dans l'Arabe et dans le Sanscrit, il espère trouver à Paris des moyens plus amples pour les continuer avec avantage. Veuillez lui faciliter l'accès aux trésors de la Bibliothèque Royale — la solidité de son caractère mérite toute espèce de confiance. Mr. Kalthoff s'est chargé de Vous remettre un exemplaire de mon Râmâyaná pour la Soc. Asiatique. Le Hitôpadêsá suivra de près.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de ma considération la plus distinguée

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Bonn 15 Mai 1829

 

22

Bonn 4 Sept. 1829

Monsieur,

Permettez-moi de recommander à votre accueil bienveillant un jeune savant qui a séjourné pendant quelque temps chez nous et qui se propose de faire un voyage littéraire à Paris, Mr. Helmsdörfer de Francfort. Comme il a fait une étude particulière des langues Hébraïque et Syriaque, il pourrait être dans le cas de consulter les manuscrits de la Bibliothèque du Roi, et Vous m'obligeriez infiniment, si Vous vouliez lui en faciliter l'accès.

J'espère que la Société Asiatique aura reçu mes deux envois, du Râmâyaná 1er Vol. et du Hitôpadêsá.

Veuillez agréer, Monsieur, l'hommage de mon admiration et de mes sentimens les plus empressés

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

 

23

Monsieur,

Son Excellence M. le Baron Schilling m'a chargé d'envoyer sous votre adresse à l'Institut Royal de France six caisses de livres Tibétains et Mongols, qu'il avait laissés en dépôt chez moi. En conséquence je les ai fait soigneusement emballer et marquer des lettres: Bibl. de l'Inst. Elles pèsent en tout 565 lb, et sont dirigées d'abord sur Metz aux soins de MM. Putz et Gougeon Commissionnaires de Roulaye à Metz.

Le commissionnaire à Coblence, auquel j'ai expédié ces caisses par le bateau à vapeur, me mande, que pour le faire passer à la douane française, il lui faut une déclaration de la valeur, et cela me jette dans l'embarras. Comme rareté et curiosité scientifique ces livres sont hors de prix, mais ils ne peuvent pas se débiter dans la librairie. D'autre part mon libraire me dit que ses envois de livres pour Paris souffrent souvent des avaries, par la négligence avec laquelle des douaniers referment les caisses, après les avoir examinées.

Ne pourriez-Vous pas, Monsieur, obtenir un ordre de la direction des Douanes pour le poste de Sierck, portant que ces caisses, étant devenues par la donation du Baron Schilling une propriété de l'Institut Royal, doivent être seulement plombées à la frontière, pour ensuite être examinées à Paris. Si cela peut s'arranger, je Vous prie de m'envoyer une copie authentique de cet ordre, afin de la joindre à la déclaration du contenu des caisses. En attendant j'écris aux Commissaires à Coblence (MM. Steinebach et Leroy) de les garder jusqu'à nouvel ordre.

Vous trouverez naturel, Monsieur, que je mette le soin le plus scrupuleux à faire parvenir un aussi précieux dépôt de mon ami à sa destination. Veuillez agréer l'assurance de la considération très distinguée, avec laquelle j'ai l'honneur d'être

V. tr. h. et tr. obl. serviteur
Au de Schlegel

Bonn - Prusse Rhénane

11 févr. 1836

à
Monsieur Landresse
sous bibliothécaire de l'Institut
Royal de France
à Paris

* Les lettres du 5 et du 28 mai 1826 on été publiées par J. KÖRNER (ed.), Briefe von und an August Wilhelm Schlegel, Zürich, Amalthea-Verlag (s.d.), vol. I, pp. 440-442.

(1) Claude Fauriel, homme de lettres (1772-1844), ami des frères Schlegel, de Mme de Staël, de Manzoni.

(2) A. REMUSAT, Recherches sur les langues tartares, ou, Mémoires sur différens points de la grammaire et de la littérature des Mandchou, des Mongols, des Ouïgours et des Tibétains, Paris, De l'Imprimerie royale 1820.

(3) A. REMUSAT, Élémens de la grammaire chinoise ou Principes généraux du kou-wen ou style antique et du kouan-hoa, c'est-à-dire de la langue commune généralement usitée dans l'Empire chinois, Paris 1822. Cf. à ce propos le compte rendu de Saint-Martin sur les Élémens de Grammaire chinoise, in «Journal Asiatique», juillet 1822, pp. 33-36 passim: «Doit-on, en effet, considérer comme un travail bien utile, une trentaine de pages consacrées aux notions grammaticales les plus vulgaires, qui sont perdues au milieu de l'ouvrage du P. Varo, intitulé: Arte dela lengua mandarina, imprimé à Canton en 1703? Cependant toutes médiocres et insuffisantes que peuvent être ces trente pages, leur sort a été assez singulier. Il est de fait jusqu'aux grammaires chinoises et anglaises, publiées à Sérampour en 1814 et 1815, par MM. Marshman et Morrison, on n'a possédé dans des langues et sous des titres différens que les trente pages du P. Varo. […] L'ouvrage du P. Varo est si rare (à peine en existe-t-il deux ou trois exemplaires en Europe), qu'on à pu vraiment le regarder comme non advenu et s'en emparer sans scrupule. […] Il est donc très vrai de dire qu'il n'existait réellement aucun ouvrage qui pût méthodiquement faire connaître toutes les règles propres à la langue chinoise. […] C'est cette lacune que M. Abel-Rémusat s'est proposé de remplir».

(4) Cf. le compte rendu de Fauriel sur l'Indische Bibliothek, eine Zeitschrift, von Aug. Will. von Schlegel, Bonn 1820-1822. Heft. I-III, in «Journal Asiatique», juillet 1822, p. 44: «Dans ce recueil périodique, premier fruit d'une longue et sérieuse application à l'étude du sanskrit, M. G. Schlegel s'est proposé de faire connaître, par des analyses approfondies, les monumens déjà imprimés de l'ancienne littérature et de l'ancienne philosophie de l'Inde, et de signaler à l'attention du monde savant ceux de ces monumens encore inédits, qu'il serait le plus important de publier».

(5) En 1818 Schlegel reçut du gouvernement prussien la mission de fonder une imprimerie sanskrite. Il revint à Paris, et y passa huit mois à faire fondre des caractères devanagaris. De retour à Bonn, il fonda la Bibliothèque indienne et l'entretint presque seul. Sur cette toute première période des études indianistes cf. sa lettre adressée à Guillaume Favre le 4 février 1815, in G. FAVRE, Mélanges d'histoire littéraire, Genève, Romboz et Schuchardt 1856, t. I, p. LXXVI: «figurez-vous cet enfantillage à mon âge? Je n'ai pu résister au désir d'apprendre la langue sanscrite; j'étais ennuyé de ne savoir que des langues que tout le monde sait; et me voilà depuis deux mois écolier zélé des Brahmes. Je commence à débrouiller assez facilement les caractères, je m'oriente dans la grammaire, et je lis même déjà, avec le secours d'un Allemand que j'ai trouvé ici, l'Homère de l'Inde, Valniki. Il m'est trop incommode de suivre les cours de M. Chézy, mais je le consulte sur la marche à prendre. Enfin, j'espère avancer assez pour continuer cette étude à moi seul, pendant le loisir de la vie de campagne. On a beaucoup de difficulté de se procurer les livres nécessaires. Il y a encore peu de choses imprimées dans la langue originale en Angleterre, et les livres publiés aux Grandes-Indes, outre qu'ils sont d'une cherté excessive, ne se trouvent presque point. Cependant je m'en suis procuré quelques-uns, et j'attends un envoi de Londres. Voilà mes confessions en fait de folies érudites. Mme de Staël dit que c'est par paresse que j'étudie tout cela. Elle voudrait me voir travailler pour produire un effet instantané, et c'est la chose pour laquelle j'ai le moins de goût».

(6) Friedrich Eduard Schulz (1799-1829), professeur de philosophie à l'Université de Giessen en Hesse, puis à Paris. Il se mit aux études orientales apprenant en particulier le turc, le persan et de l'arabe sous la guide de Saint-Martin. En 1828 il publia sur le Nouveau Journal Asiatique des observations sur les langues, la littérature, les antiquités, la géographie et l'histoire des nations de l'Orient.

(7) Cf. la lettre de W. von Humboldt à Rémusat du 28 décembre 1824: «J'ai étudié avec soin les recherches sur les langues Tartares et les principes aussi lumineux que sages que Vous y établissez sur l'étymologie et l'usage qu'on doit en faire, m'ont servi de guides dans mes propres études. J'ai admiré également à quel point Vous avez réussi, Monsieur, dans Votre Grammaire Chinoise à analyser la structure et à établir les principes de cette langue extraordinaire qui sembloit presqu'inaccessible jusqu'ici. Il n'existe selon moi sur aucune langue jusqu'à présent une grammaire aussi fortement raisonnée, aussi méthodique, puisée dans une connaissance aussi intense de la langue qu'elle traite, et des principes du langage en général» (lettre n° 1903 de l'inventaire des Archives de Mantes, voir aussi Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise, op. cit., p. 227). Voir aussi la lettre du 21 octobre 1825: «Je sens parfaitement que la langue Chinoise est celle dont la grammaire mérite surtout d'être étudiée sous ce rapport, et je m'y vouerai dès à présent. Je Vous demanderai la permission de Vous soumettre mes idées avant que de les présenter au Public. Je me féliciterai pour lors de pouvoir penser que mon travail Vous appartiendra doublement. Car se sera naturellement surtout à l'aide de Votre grammaire que je pourrai approfondir la structure de la langue, quoique je ne négligerai pas de suivre aussi ceux des textes Chinois qui, grâce également à Vos soins, Monsieur, sont à présent accessibles aux commençans, ainsi que j'en ai déjà fait l'essai.
Il seroit certainement fort important d'avoir une chaire de langue Chinoise en Prusse, et je négligerai aucune occasion pour contribuer à la réalisation de cette idée. Mais il sera difficile d'y réussir. La Prusse n'entretient guères de rapports dans le Levant, les langues Orientales ne sont chez nous qu'un objet d'admiration. Chacune de nos Universités n'a ordinairement qu'une chaire de ces langues, et l'exception qu'on a fait de cette règle pour Mr. Bopp, a déjà éprouvé bien des difficultés. Bien des personnes ont regardé deux Professeurs de langues Sanscrites dans les États Prussiens comme un luxe à peu près superflû. On dira encore que Mr. Klaproth, quoique vivant à Paris, n'a pas cessé pour cela de nous appartenir. Toutes ces difficultés cependant ne me rebuteront certainement pas» (lettre n° 1907 de l'inventaire des Archives de Mantes, voir aussi Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise, op. cit., p. 230).

(8) J. KLAPROTH, Sur l'origine du papier-monnaie, in «Journal Asiatique», novembre 1822, pp. 257-267.

(9) Cf. à ce propos le compterendu de la Lettre adressée à la Société Asiatique de Paris, par M. Louis de l'Or, ancien officier de cavalerie [pseudonyme de Klaproth], Paris, 1823, in «Journal Asiatique», janvier 1823, pp. 109-113: «Il paraît que les éloges prodigués par les journaux à un ouvrage de M. Fr. Adelung, de Pétersbourg, et intitulé Aperçu de toutes les langues connues et de leurs dialectes (en allemand), ont excité le bile de M. de l'Or. S'il connaissait mieux la situation littéraire de la France, son étonnement cesserait. Il saurait que ce n'est pas sur les journaux que les gens sensés forment leurs jugemens. […] Sans approuver la manière dont M. de l'Or traite le savant de Pétersbourg, […] la plupart des observations contenues dans cette lettre sont relatives aux idiomes de la presqu'île orientale de l'Inde […] Comment d'ailleurs ne croirait-on pas que M. Adelung a pu se tromper sur les langues de la Chine et les dialectes chinois, quand on le voit mettre le bas-breton et le basque au nombre des dialectes français?» (pp. 109 et 111).

(10) Friedrich Adelung, philologue et linguiste allemand (1768-1843). Directeur de l'Institut Oriental de Saint-Pétersbourg. On lui doit en particulier Kritisch-literarische Übersicht der Reisenden in Russland bis 1700 (1846) et Versuch einer Literatur der Sanskrit-Sprache (1830). On fait allusion aussi à Johann Christoph Adelung (1732-1806), qui le premier entreprit une codification de la grammaire allemande (Umständliches Lehrgebäude der deutschen Sprache, 1782).

(11) Il est fait référence à la Bhagavad-Gita, id est Θεσπέσιον μέλος sive Almi Krishnae et Arjunae colloquium de rebus divinis, Bonnae 1823.

(12) Il est fait référence à la traduction de Vâlmîki. Yajnádattabad'a, ou la mort d'Yadjnadatta, épisode extrait du Ramayana donné avec le texte gravé, Paris 1826.

(13) Écrivain et homme politique français (1797-1875), collaborateur entre autre du Courrier français et du Globe.

(14) Friedrich August Wolf, philologue allemand (1759-1824), enseigna la philologie classique à Halle, puis à Berlin. Il est resté célèbre pour ses Prolegomena ad Homerum (1795).

(15) Friedrich Diez, linguiste allemand (1794-1876), professeur à l'Université de Bonn, considéré comme le fondateur de la linguistique et de la philologie romane. Parmi ses oeuvres on peut citer Grammatik der romanischen Sprachen (1836-1843) et Ethymologisches Wörterbuch der romanischen Sprachen (1853).

(16) Christian Lassen, indianiste d'origine danoise (1800-1876), publie en 1825 en collaboration avec Eugène Burnouf l'Essai sur le pâli; sa grande oeuvre est l'Indische Altertumskunde, parue en quatre volumes entre 1844 et 1861.

(17) Philippe François de Siebold (1796-1866), voyageur et naturaliste allemand. Parti pour Java comme officier de santé, il fut au Japon en 1823 et y réunit d'admirables collections d'histoire naturelle et d'ethnographie. On lui doit une importante Fauna japonica (1835-1851), Nippon (1832-1851), Flora japonica (1835-1870).

(18) Christian Gottfried Nees d'Esenbeck (1776-1858), botaniste allemand, auteur de la Bryologia germanica (1823-1831).

(19) Pierre François Xavier de Charlevoix (1682-1761), missionnaire jésuite et historien français. On fait probablement allusion à l'Histoire et description générale de la Nouvelle-France, avec le journal historique d'un voyage dans l'Amérique septentrionale, Paris, P.-F. Griffart 1744, voll. in-4°.

(20) Jean David Michaelis (1717-1791), orientaliste et théologien allemand. Professeur de philosophie, puis de langues orientales à Göttinguen. On lui doit Grammaire hébraïque (1778), Droit mosaïque (1776-1780), Bibliothèque orientale et exégétique (1771-1789), Nouvelle Bibliothèque orientale et exégétique (1786-1793), Morale (1792-1793). Carsten Niebuhr (1733-1815), voyageur allemand. De 1761 à 1766 il étudia l'Arabie d'où il rapporta des documents précieux. Nommé capitaine du génie en 1768, il devint ensuite conseiller de justice à Meldorf et par la suite conseiller d'État (1808). On lui doit Description de l'Arabie (1774), Voyage en Arabie (1774-1778) et Voyages en Syrie et en Palestine (1837). John Playfair, mathématicien et géologue britannique (1748-1819).

(21) Engelbert Kæmpfer (1651-1716), voyageur et médecin allemand. Charles Pierre Thunberg (1743-1828), botaniste suédois. Ce dernier fut, avec Kæmpfer, le premier naturaliste européen qui étudia d'une façon approfondie l'histoire naturelle du Japon. On lui doit en particulier Flora japonica (1784), Voyages en Europe, en Afrique et en Asie pendant les années 1770-1779 (1788-1793), Flora capensis (1807-1812). Isach Titsingh (1740-1812), voyageur et orientaliste hollandais. D'après ses manuscrits ont été publiés: Cérémonies usitées au Japon pour les mariages et les funérailles (1819), Mémoires et Anecdotes de la dynastie régnante des djogouns, souvenirs du Japon (1820). Golovnin Vasilij Michajlovic (1776-1831), officier de la marine russe. On lui doit le Voyage de M. Golovnin contenant le récit de sa captivité chez le Japonais, pendant les années 1812 et 1813, et ses observations sur l'Empire du Japon (1817-1818). Adam Ivan de Krusenstern (1770-1846), navigateur russe. Il a laissé entre autre un compte rendu de son Voyage autour du monde de 1803 à 1806 (1810-1814). Georg Heinrich von Langsdorf (1774-1852), médecin et naturaliste allemand. En 1803, il participa en qualité de naturaliste à l'expédition de Krusenstern en Sibérie. Georg Heinrich von Langsdorf (1774-1852), médecin, conseiller d'État. On lui doit Voyages and travels in various parts of the world, during the years 1803-1807 (1813-14). Jean François de Galaup, comte de La Pérouse (1741-1788). Arnoldus Van Bergen ou Van den Berg, dit Montanus (1625?-1683). Citons de lui Ambassades mémorables de la Compagnie des Indes orientales des Provinces Unies vers l'empereur du Japon (Amsterdam 1860), Atlas japaneusis (Londres 1670), Atlas chinensis (Londres 1671).

(22) Sur les anciens rapports amicaux avec Chézy et sur ses premières études parisiennes, Schlegel écrivait à Favre le 23 janvier 1817, op. cit., p. XCIX: «Je ne rêve que science brahmanique, et quoiqu'il soit difficile de se soustraire tout à fait au tourbillon de la société, le plus que je peux, je me retire de bonne heure, et je suis à cinq heures du matin dans mes études sanscritanes. M. Chézy me prête ses secours; M. Langlès ses livres et ses connaissances littéraires sur l'Inde. Le difficile est de se procurer tous les livres dont on aurait besoin pour avancer, mais j'ai formé aussi des liaisons pour cela en Angleterre. Enfin, vous me reverrez tout transformé en Pandit. Je souhaite bien savoir ce qui existe à Rome en fait de manuscrits sanscritans, soit à la Propagande, soit au Vatican, et surtout en quels caractères ils sont écrits. Je me suis borné jusqu'ici au seul Deva-Nagari; le Bengali, le Talinga, tout cela c'est la mer à boire».

(23) Il est fait référence aux éditions du Mahâbhârata. Diluvium, cum tribus aliis Mahá-Bhárati… episodiis, Berolini 1829, et du Mahâbhârata. Nalus, carmen sanscritum e Mahàbàrato, Londini 1819, Berolini 18322.

(24) Il est fait référence au Mémoire sur plusieurs questions relatives à la géographie de l'Asie centrale, Paris 1825.

(25) Sur l'importance des historiens chinois Schlegel devait revenir dans ses Réflexions sur l'étude des langues asiatiques, op. cit., pp. 24-25: «Si l'on fait valoir avec raison l'utilité des géographes et des historiens arabes, sous ce rapport les auteurs chinois méritent au moins une égale attention. Les Chinois n'ont point de mythologie; ils laissent en blanc les époques anciennes de leur histoire qu'ils ne savent pas remplir de faits avérés. Ce dédain des traditions fabuleuses, que Voltaire louait comme un trait de sagesse, provient peut-être d'un manque d'imagination; mais en revanche cette sobriété d'esprit donne un grand poids à leur témoignage. […] Deguignes a éclairci par des autorités chinoises l'histoire de la migration des Huns, et l'irruption des Indo-Scythes qui renversa l'empire de Bactrie. MM. Abel-Rémusat et Klaproth ont puisé à la même source un grand nombre de renseignemens importans. La seule circonstance qui semblerait devoir diminuer l'utilité des auteurs chinois dans l'histoire et la géographie de l'Asie, c'est l'altération des noms propres, causée par une prononciation défectueuse et par leur système d'écriture, qui les force à décomposer les noms étrangers en autant de mots qu'il y a de syllabes ou même de consonnes. Toutefois, avec une critique judicieuse et circonspecte, on peut se flatter de déterminer avec certitude les objets et les personnes qu'ils ont voulu désigner».

(26) Cf. à ce sujet la lettre de W. von Humboldt à Rémusat du 7 août 1831: «J'ai reçu au moment de mon départ de Berlin ce que Vous venez de publier, Monsieur, sur le Bouddhisme, et n'ai pû que le parcourir fugitivement. J'en ferai une étude approfondie à mon retour. Cette matière m'intéresse doublement à présent où je m'occupe beaucoup de l'île de Java et de ses anciens rapports avec l'Inde. Mr. Schlegel avoit déjà avec ses sagacités accoutumées découvert quelques expressions Bouddhiques dans les restes de la langue Kawi, j'en ai trouvé d'autres dans le poème kawi dont Raffles donne le texte. Je prépare un mémoire sur cette langue qu'on a très faussement rangée dans une même classe avec le Sanscrit et le Pali. Le javanois n'étant connû jusqu'ici en Europe que par les matériaux très insuffisans recueillis par Raffles, il étoit difficile de se rendre compte de la nature de la langue Kavi. Je n'y ai réussi jusqu'ici qu'à l'aide du Malais. Mais je viens de recevoir à présent d'excellens matériaux sur le Javanois qui me mettront, j'espère, en état d'approfondir entièrement la question» (lettre n° 1899 de l'inventaire des Archives de Mantes, voir aussi Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise, op. cit., p. 272).

(27) Alexandre Hamilton, orientaliste anglais (1762-1824). Il résida longtemps en Inde comme soldat, philologue, professeur de sanscrit au collège de Haileybury. Il publia plusieurs ouvrages élémentaires pour les besoins de son enseignement. Cf. à ce sujet la page férocement critique de Schlegel, Réflexions sur l'étude des langues asiatiques, op. cit., p. 97: «L'étude du sanscrit a été importée en Europe par les Anglais; sur le continent elle fut retardée par le système continental de Bonaparte, qui gênait toutes les communications, même purement littéraires. En France et en Allemagne le succès ultérieur de cette étude me paraît assuré, puisque j'y vois rivaliser de zèle plusieurs savans d'un mérite distingué. En est-il de même en Angleterre? Je l'ignore. Les universités d'Oxford et de Cambridge ne se sont pas encore occupées, que je sache, de ce nouveau genre d'érudition».

(28) Hitopadéça (Instruction utile), recueil de fables, de contes moraux et d'apologues, très en faveur en Inde pour l'éducation des enfants.

(29) James Fraser (1713-1754), voyageur écossais, membre du conseil de Surat. Citons de lui The History of Nadir Shah (Londres 1742).

(30) Allusion au compte rendu du Bhagavad-Gita, id est, trad. par M. A-G De Schlegel, in «Journal Asiatique», t. IV, pp. 105-116 et 236-252; t. V, pp. 240-256; t. VI, pp. 232-250: Langlois, «sous les yeux et avec les conseils» de M. de Chézy dont «M. Schlegel lui-même, dans sa préface, s'honore d'avoir pris les leçons», soutient qu'on est en présence d'«un ouvrage achevé avec une conscience littéraire, dont il est maintenant bien peu d'exemples […] on y sent à chaque phrase non seulement le goût et la raison, mais encore l'esprit du traducteur. Mais il était loin de tous les secours que l'on peut avoir à Paris: dans des matières aussi abstraites, il est facile de prendre l'ombre de la vérité pour la vérité elle-même, et c'est en pareil cas qu'un commentaire est utile. Nous nous permettons de rectifier quelques passages de la traduction de M. Schlegel à l'aide du commentaire de Sridhara qui accompagne un des manuscrits de la Bibliothèque royale» (art. cit., p. 105 et 115-116). La réplique de Schlegel, Observations sur la critique du Bhagavad Gîtâ, insérée dans le Journal Asiatique de juillet 1826, pp. 3-27, est cinglante: «l'étude de la langue et de la littérature sanscrite forme un genre d'érudition tout nouveau, encore peu exploité et d'un succès difficile. Le nombre des connaisseurs en Europe est infiniment petit. S'ériger devant le public en juge de ces matières sans les avoir approfondies, régenter autrui quand on devrait penser à s'instruire soi-même, se serait une témérité si grande, que les lecteurs ne la supposeront pas facilement; et par conséquent, le ton d'assurance dont le censeur parle, passera pour une preuve de son savoir auprès de ceux qui ne connaissent pas la langue, c'est-à-dire de la presque totalité des lecteurs. […] Mon édition était le troisième livre sanscrit imprimé en Europe, le premier sur le continent. Je pouvais me flatter que, dans un journal spécialement consacré aux lettres asiatiques, le premier connaisseur de la langue sanscrite en France, le seul qui se soit fait une réputation à l'étranger, se chargerait d'annoncer mon travail au public […] Au lieu de cela, je trouve des articles signés d'un nom inconnu; inconnu à moi, et je pense, également au public savant» (art. cit., pp. 4 et 7). Simon Alexandre Langlois, indianiste (1788-1854), professeur de rhétorique au lycée Charlemagne, puis inspecteur de l'Académie de Paris. Auteur d'importants travaux sur la civilisation indienne, on retiendra les Monuments littéraires de l'Inde, ou Mélanges de littérature sanscrite (1827) et la traduction du sanscrit de deux grands livres sacrés de l'Inde: [Mahâbhârata] Harivansa (1834-1835, 2 vol.), et surtout Rig-Veda, ou Livre des hymnes (1848-1851, 4 vol.).

(31) Johann August Vullers (1803-1880), orientaliste, historien. Citons de lui Harethi Moallaca cum scholiis Zuzenii e codicibus Parisiensibus, et Abulolae carmina duo inedita e codice Petropolitano (1827), Grammaticae Arabicae elementa et formarum doctrina per tabulas descripta (1832), Institutiones linguae Persicae cum Sanscrita et Zendica lingua comparatae (1840-50).

(32) Lars Nannestad Boisen (1803-1875), pasteur danois, orientaliste et historien.

(33) Wilhelm Gesenius, sémitiste allemand (1786-1842).

(34) Arnold Hermann Ludwig Julius Heeren (1760-1848), historien, professeur à Göttinguen.

(35) Friedrich Ludwig von Raumer, historien allemand (1781-1873), enseigna à Breslau et à Berlin, député à l'Assemblée de Francfort (1848).

(36) Friedrich Gottlieb Welcker (1784-1868), professeur de littérature grecque et d'archéologie à Giessen, puis à Göttingen, enfin à Boon.

(37) Salomon Munk, hébraïste français d'origine allemande (1803-1867), dont on rappellera les Mélanges de philosophie juive et arabe (1857-1859).

(38) Georg Wilhelm Freytag (1788-1861) orientaliste.

(39) Michael Beer (1800-1833) frère de l'astronome Wilhelm (1797-1850) et du musicien Jacob Liebmann (1791-1864), mieux connu sous le nom de Meyerbeer.

(40) A. W. DE SCHLEGEL, Observations sur quelques médailles bactriennes et indo-scythiques nouvellement découvertes, in «Journal Asiatique», novembre 1828, pp. 321-349.

(41) Johann Heinrich Kalthoff (1803-1839), orientaliste.