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par Leana Quilici et Renzo Ragghianti

Lettres curieuses sur la Renaissance Orientale des frères Humboldt, d'August Schlegel et d'autres...

Silvestre de Sacy

Note editoriali

Index | Avertissement | Bopp | Burnouf | Friedrich Creuzer | A. von Humboldt | W. von Humboldt
Mohl | Pauthier | Rosen | de Sacy | Schlegel | Windischmann | Appendice

1

Ognes près Nanteuil-le-Haudouin
11 oct. 1810

Monsieur,

Après avoir lu deux fois avec attention les 4 feuilles de votre Essai sur la langue et la littérature Chinoise(1), je prends la liberté de vous proposer quelques observations, dont vous ferez tel usage qu'il vous plaira.

P. 14, l. avant-dern. Ne faudroit-il pas dire de la moindre phrase Chinoise ÉCRITE? Le mérite dont il s'agit là n'appartient pas à la langue parlée.

P. 32, l. 10. Parce qu'il contient mille mots tous différens. Sont-ce bien mille mots, ou mille caractères? Je présume que c'est le second que vous voulez dire, mais alors il y a équivoque.

P. 41, l. 14. D'ailleurs s'il pouvoit y avoir quelque doute à cet égard, voici une considération qui, je crois, achèvera de le lever. En lisant cette phrase à la suite de ce qui précède, il semble que vous allez prouver qu'à cause du nombre des caractères Chinois, on peut les ranger tous sous cinq sons. Et cependant votre but est de prouver qu'il n'y en a réellement que quatre. Le sens est donc: si l'on pouvoit encore douter que le nombre des sons appliqués aux caractères Chinois, est borné effectivement à quatre, voici une considération qui lèvera tout doute à cet égard.

P. 44. l. 7. Vous dites qu'un fort grand nombre de caractère a la propriété de prendre un autre son, une autre prononciation et un sons différent; et cependant p. 58, l. 1, vous dites que grâces à la multitude des caractères, il n'y a jamais d'amphibologie dans l'écriture. La 1re proposition étant vraie, la seconde a besoin d'être rectifiée et restreinte. Il eut peut-être été bon de donner quelques exemples de caractères servant à peindre plusieurs mots différens: car cette espèce d'amphibologie des caractères me semble un des écueils contre lesquels pourra se briser M. Deguignes, en remettant par ordre de clefs un dictionnaire par tous. J'avoue qu'avant d'avoir été mieux informé par M. Montucci, je croyois que cette amphibologie de caractères n'existoit pas(2).

J'avois bien quelques observations à vous faire encore, Monsieur, sur la ponctuation, et sur ce que les monosyllabes Chinois qui forment le titre d'un livre, par exemple, sont tantôt liés par des traits d'union, tantôt écrits sans traits d'union. Mais cela est peut-être fait pour de bonnes raisons, et d'ailleurs vos épreuves ne sont pas encore définitivement corrigées.

J'oubliois un article sur lequel il me reste des doutes. Est-il exactement vrai, comme vous le dites P. 53, l. 18, qu'il arrive très-rarement que les caractères Chinois aient une signification isolée? Je sais bien que quand plusieurs caractères sont combinés ensemble, le sons qui résulte de leur combinaison n'a pas plus de rapport avec la valeur des mêmes caractères isolés que le mot chapeau n'en a avec chat et peau: mais je ne m'imaginois pas que les caractères isolés n'aient quelquefois aucune signification, encore moins que ce cas fut très-ordinaire. N'ont ils pas du moins une valeur analogue aux particules ré, pré, ad, pro, para etc. dans les mots françois retour, préférence, admoniteur, proposition, parapluie, parasol, et si votre proposition est exactement vraie, il faudroit en donner quelques exemples: ceux que vous rapportez ne prouvent que le changement que subit la valeur des caractères isolés, quand ils entrent en composition.

Je vous demande excuse, Monsieur, de toute cette critique, qui n'a autant plus pour objet que d'ajouter un nouveau mérite à votre travail, et pour principe que le véritable intérêt que je prends à l'ouvrage et à son auteur. Je vous prie de croire à la sincérité de ces sentimens avec lesquels j'ai l'honneur de vous saluer.

Silvestre de Sacy

 

2

Ognes par Nanteuil-le-Haudouin
13 oct. 1813

Monsieur,

Ce n'est point de littérature Chinoise que je veux vous entretenir aujourd'hui: c'est comme à un docteur en médecine que je vous écris, pour vous faire part d'un incident désagréable de mon voyage de samedi dernier(3). En descendant de voiture à la moitié du chemin pour déjeuner, j'ai fait une chute qu'il serait difficile de vous décrire fidèlement: le résultat essentiel a été que le pied droit étant resté engagé dans la première marche du marchepied, j'ai pirouetté sur le pied gauche, et avec l'aide d'une personne qui m'a mal soutenu et que j'ai entraînée dans ma chute, je suis tombé rudement sur le genou et la hanche gauche. J'ai eu beaucoup de peine à me relever et à me traîner à l'aide de deux bras dans une auberge, puis à revenir gagner la diligence, à en descendre 3 lieues plus loin pour monter dans mon cabriolet, enfin à descendre dans ma cour et arriver jusqu'à mon lit. Le genou étoit fort enflé. Des applications d'eau salée et d'eau de vie ont fait en grande partie disparaître l'enflure, et la douleur n'est presque rien quand j'ai la jambe en repos; mais je ne puis point me porter sur cette jambe pour marcher. Depuis que l'enflure est diminuée, j'ai reconnu que le tendon ou muscle du jarret, dont j'ignore le nom, mais que j'appellerais volontiers subcrural interne, paroissoit fendu dans sa longueur, à la partie la plus saillante, qui forme la jonction de la cuisse avec la jambe. J'ai fait observer cela à mon chirurgien qui m'a dit qu'effectivement la gaine de ce muscle paroissoit avoir été lésée, et m'a conseillé d'y appliquer un liniment de blanc d'oeuf battu et d'eaux de vie camphrée. Je crois ce moyen fort convenable, mais mon inquiétude est de savoir s'il ne conviendrait pas de bander fortement cette partie d'autant plus que je vois qu'en appuyant la main sous le jarret, je fais les mouvements que je ne puis exécuter sans cela. Comme je ne veux point imposer d'inquiétude aux personnes qui m'entourent, je ne veux point demander un avis par écrit à M. Royer(4), ou faire venir le chirurgien en chef de l'hôtel dieu de Meaux. On ne sera point étonné de voir que je vous écris et une lettre que je recevrai de vous, passera pour une correspondance Chinoise, et n'excitera aucune curiosité. Je vous prie donc, Monsieur, de me donner votre avis là-dessus, si vous comprenez ma description malgré le défaut de terminologie, et d'en causer, si vous le croyez nécessaire, avec M. de Percy ou quelque autre praticien.

Je ne vous en écris point plus long, parce que pour un homme qui écrit difficilement le lit est un mauvais bureau. Faites part, je vous pris, si vous en avez l'occasion, de mon accident à M. Dacier. Faites agréer mon hommage à Mad.e votre mère, et recevez les assurances de tout mon attachement.

S. de Sacy

 

3



J'ai l'honneur, Monsieur, de vous faire remettre votre manuscrit. Je ne doute point que cette lecture n'intéresse vivement la Société Asiatique, et que tout le monde ne désire comme moi, en connoître bientôt la seconde partie(5).

Je vous prie, Monsieur, d'agréer mes empressés complimens

Le Bon. De Sacy

26 avril.

 

4

Monsieur et cher Confrère,

On m'assure que vous faites en ce moment des démarches très-actives pour obtenir la place de conservateur de la Bibliothèque du roi que laisse vacante le décès de Mr. Langlès(6). J'ai peine à le croire parce qu'il me semble que je vous connois assez pour devoir penser que vous savez apprécier les droits de M. Chézy à cette place. Ce seroit une illusion de croire que la chaire de langue persane seroit pour lui une indemnité. Il ne trouveroit aucun avancement dans cet arrangement, puisque s'il n'obtenoit pas la place de Conservateur, il ne pourroît pas décemment rester employé. Vous aurez sans doute fait vous-même cette réflexion. Si je n'avois pas cru que M. Chézy ne devoit craindre aucun concurrent, j'aurois pu me présenter, et peut-être je l'eusse fait. Vous savez, Monsieur, toute l'estime que j'ai pour vos talens, et je peux vous assurer qu'elle n'est surpassé que par celle que m'ont inspiré les sentimens que j'ai vus jusqu'ici dans toute votre conduite. Voila ce qui m'engage à vous écrire avec franchise, et qui me donne lieu d'espérer que je ne le fais pas en vain, et que cette liberté ne vous déplaira pas. Je désire bien vivement pouvoir dire en toute circonstance que j'aurois fait comme vous, et vous conserver jusqu'au dernier moment une estime et une amitié exemptes de tout nuage.

J'ai l'honneur d'être avec ces sentimens

Monsieur,

Votre très-affectionné serv. et confrère
le Bon. de Sacy

29 jvier

 

5

Monsieur et cher Confrère,

je m'empresse de vous renvoyer votre manuscrit où j'ai fait, bien à contre-coeur, des coupures, ou plutôt des hachures, de façon à le réduire à peu près d'un tiers. Je pense pourtant que tel que vous l'avez écrit, il n'occuperoit que 35 à 40 minutes, et qu'on l'entendroit volontiers en totalité, attendu la variété des objets. Il n'y a que deux suppositions dont l'une me paroit convenable, et l'autre nécessaire. La 1re, en 4 lignes d'éloge de M. Kl. vers la fin de la p. 7. Je crois qu'il faut louer sobrement un homme qui court risque d'être pendu quelque jour, et qui jouit de son vivant d'une triste renommée(7). La 2e, en tout ce qui concerne, pp. 18 et 19, l'exécution du dictionnaire Mantchou. Le Conseil n'a pas pris de décision sur ce point, et adhuc sub judice his est. A cela près, je désire que vous ne supprimiez rien, et si vous retranchez quelque chose à la lecture, au moins ne supprimez rien à l'impression.

Je dois vous prévenir que j'ai indiqué à plusieurs souscripteurs pour Censeurs, MM. Coquebert de Montbret et Kieffer(8). J'ai prié M. de Broval de rappeler le jour et l'heure de l'assemblée à M. le Duc d'Orléans.

M. l'abbé de Montesquiou consent à sa nomination, et m'a envoyé la souscription(9). Je pense qu'il convient de lui envoyer un billet, ainsi qu'à M. Pozzo di Borgo(10). M. de Montesquiou à qui j'ai parlé de votre Grammaire Chinoise m'a dit qu'il l'achèteroit. Peut-être voudrez-vous la lui offrir.

Je vous prie d'agréer l'assurance de mon attachement

Le Bon. de Sacy

M. Pasquier se propose de venir
Lundi

 

 

6

 

Il me semble appercevoir une ombre de contradiction entre les éloges sans restriction données d'abord à M. Morisson, et les critiques assez graves qui terminent la notice, et comme la revendication nationale se trouve placée entre deux, la critique a l'air d'une représaille(11). Il me semble donc qu'il faudrait louer avec un peu plus de restriction. Quant à la revendication, j'y trouve aussi une sorte de dureté, et puis quelques longueurs.

Je demande pardon à Monsieur de Rémusat de ne lui avoir pas encore donné un rendez-vous, mais je suis noyé dans mon Budget, au chapitre de la dépense.

Je lui présente mes salutations, et le prie d'offrir mon hommage à Madame sa mère

Le Bon. S. de Sacy

 

7

Boissy-Saint-Léger, 1er 9bre 1835

Monsieur

Une lettre de M. le juge de paix du 2e arrondissement, datée du 24 oct. et qu'on avoit négligé de m'envoyer ici, me donne avis que les scellés apposés chez M. Klaproth, ont dû être levés le jeudi 29. Je profite des offres obligeantes que vous m'avez faites, et je vous prie de vous présenter de ma part, pour réclamer tout ce qui appartient au voyage de Fo-Koue-Ki, et à la Notice du dictionnaire mantchou dont l'impression a été commencée dans le tome 15e des Notices des Manuscrits(12). Je pense qu'il doit y avoir des épreuves et la suite de la copie. Je serai à Paris sans faute vendredi prochain, et je saurai de vous ce que vous aurez pu faire.

Il doit aussi se trouver sous les scellés un ouvrage chinois de la bibliothèque de l'Arsenal en 3 volumes qui devois servir à fournir des notes pour le voyage de Fo-Koue-Ki. Si la bibliothèque de l'Arsenal ne l'avoit pas fait réclamer, il seroit bon d'en faire l'observation, parce que c'étoit moi qui l'avois emprunté d'abord sous mon nom, quoique dans la suite, le prêt ait dû être inscrit sous le nom de M. Klaprosh.

Veuillez, Monsieur, excuser la liberté que je prends et agréer mes empressés complimens.

Le Bon. Silvestre de Sacy

 

8

Paris, le 17 août 1836

Monsieur,

Je vous prie de recevoir et de communiquer à Monsieurs Berthe et Dufart, les remerciemens de l'Académie pour la Carte de l'Asie centrale que vous avez bien voulu lui offrir(13). L'Académie, pour entrer dans vos vues, a invité ceux de ses membres qui, par la direction ordinaire de leurs études, peuvent porter un jugement plus sûr, relativement aux diverses contrées contenues dans cette carte, à vous communiquer les observations que son examen pourroit leur suggérer; elle ne doute point qu'ils ne répondent à cet appel.

Agréez, je vous prie, Monsieur, l'assurance de ma considération très distinguée

Le Bon. Silvestre de Sacy

Permettez-moi de vous rappeler la notice de M. Rémusat, que vous avez bien voulu vous charger de terminer, et qu'il m'importe beaucoup de voir achevée le plutôt possible(14).

(1) ABEL REMUSAT, Essai sur la langue et la littérature chinoises, avec 5 planches, contenant des textes chinois accompagnés de traductions, de remarques, et d'un commentaire littéraire et grammatical, suivi de notes et d'une table alphabétique des mots chinois, Paris et Strasbourg 1811. «A l'époque où il publia son Essai sur la langue et la littérature chinoise, n'étant âgé que de vingt-deux ans, il n'avait pu faire usage d'autre dictionnaire que de quelques volumes de ceux qui sont écrits dans la langue même de la Chine, et pour l'usage des Indigènes» (S. DE SACY, Notice historique sur la vie et les ouvrages d'Abel Rémusat, pp. 13-14). Cf. à ce sujet les Observations sur les cours de sanskrit et de chinois créés au Collège de France rédigées par Silvestre de Sacy, in Mélanges de littérature orientale, Paris, Ducrocq s. d. 1861, pp. 66-70 passim: Rémusat «était parvenu au point de se servir des Dictionnaires composés par les Chinois pour leur propre instruction». Il «publia en 1811 un Essai sur la langue et la littérature chinoise; et de ce moment […] la possession de la littérature chinoise était dès-lors reconquise pour la France […] La littérature sanskrite, qui ne faisait que naître en Europe, semblait, au contraire appartenir exclusivement à l'Angleterre. […] La Révolution avait rompu nos faibles liaisons avec la patrie des brahmanes. Aucun intérêt religieux ou commercial n'appelait l'attention du gouvernement sur la langue et la littérature des Hindous». Cependant Chézy «à l'aide des ouvrages bien imparfaits du P. Paulin de Saint-Barthélemy […] parvint en peu d'années à pénétrer dans le sanctuaire mystérieux des adorateurs de Brahma. […] C'est le 29 novembre 1814 qu'a été rendue l'ordonnance qui a créé les deux chaires dont il s'agit, et nommé M. Chézy à celle de la langue sanskrite, et M. Rémusat à celle de chinois et de tartare-mantchou».

(2) Chr.-Louis-Joseph de Guignes (1759-1845), orientaliste français. Sur la question on peut consulter utilement la notice de L. de Rosny dans la Nouvelle Biographie générale, Paris, Didot 1857, t. 21, 569-571: «Au nombre des importants projets littéraires conçus sous le grand règne de Louis XIV se trouvait la publication d'un dictionnaire de la langue chinoise. Malheureusement les circonstances ne permirent pas de réaliser tout d'abord cet utile dessein; [...] en 1808, on proposa au ministre de l'intérieur de choisir M. Antonio Montucci, de Sienne, pour composer le dictionnaire chinois en question. Au moment où cette prétention allait être agréée, on se figura que l'honneur national recevrait quelque atteinte si un pareil ouvrage n'était pas rédigé par un Français. En conséquence, on fit des nouvelles recherches pour trouver un sinologue capable de satisfaire les vues du gouvernement. On eut l'idée de s'adresser à de Guignes fils; et, par un décret du 22 octobre 1808, ce savant reçut l'ordre de rédiger un dictionnaire chinois-français-latin, et d'en suivre l'impression qui serait faite avec les gros caractères chinois gravés sur bois dès 1742 en un assez grand nombre d'exemplaires sous la direction d'Étienne Fourmont. Afin d'éviter des longueurs justement regrettables et pour assurer à la publication projetée une exactitude très grande, on résolut de donner à de Guignes fils pour base de son travail un exemplaire manuscrit du Vocabulaire Chinois-Latin du père Basile de Glemona [...] lequel exemplaire provenait de la riche bibliothèque du Vatican. Ce vocabulaire du P. Basile, connu sous le nom de Hán-tzé-sin-yih, c'est-à-dire «interprétation occidentale (européenne) des caractères chinois», était considéré comme le meilleur des lexiques chinois composés par les missionnaires [...] C'est à la connaissance de tous les sinologues, notamment depuis 1819, que de Guignes fils a publié sous le titre de Dictionnaire Chinois, etc., le Vocabulaire Chinois-Latin du P. Basile de Gemona, tout en omettant sur le titre de l'ouvrage le nom du modeste et laborieux auteur, et que cet ouvrage a été peu amélioré par l'éditeur, auquel on doit, au contraire, quelques erreurs et des suppressions maladroites, dont il faut lui laisser toute la responsabilité». Antonio Montucci (1762-1829), philologue et sinologue.

(3) Dans sa Notice historique, de Sacy écrit que Rémusat avait été «reçu docteur en la Faculté de médecine en 1813. Le sujet de sa thèse était l'exposition des pronostics que les médecins chinois tirent de l'état de la langue, et des altérations qu'elle éprouve dans la maladie; cet acte réunissant ainsi les deux objets de ses études favorites» (op. cit., p. 21). Sur l'arabiste français cf. G. SALMON, Silvestre de Sacy (1758-1838), Le Caire, Imprimerie de l'Institut français d'archéologie orientale, 2 tomes, 1905 et 1923; voir aussi Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Centenaire de Silvestre de Sacy (1758-1838), Paris, Picard 1938.

(4) Antoine Athanase Royer-Collard (1768-1825) fonda la bibliothèque médicale et dirigea l'asile d'aliénés de Charenton.

(5) Il pourrait s'agir d'une allusion au Mémoire sur les relations politiques des princes chrétiens et particulièrement des Rois de France avec les Empereurs mongols, par M. Abel-Rémusat, le premier lu le 13 septembre 1816, le second le 6 septembre 1822, publiés dans les «Mémoires de l'Institut Royal de France. Académie des Inscriptions et Belles-Lettres», respectivement dans le tome sixième, Paris 1822, pp. 396-469, le second dans le tome septième, Paris 1824, pp. 335-438. «Je diviserai en deux mémoires le travail que j'ai entrepris sur ce point d'histoire. Dans les premiers, j'examinerai les rapports que les chrétiens ont eus avec le grand empire des Mongols, depuis sa fondation par Tchinggis-Khan, jusqu'à sa division sous Khoubilaï (1206-1262). Dans le second, je traiterais des ambassades que les rois Mongols de Perse et les rois de France se sont réciproquement envoyées, depuis le règne d'Houlagou, jusqu'au temps où ces négations furent tout-à-fait interrompues par les troubles qui précédèrent et amenèrent le renversement de la puissance Mongole en Occident» (art. cit., p. 397).

(6) Louis Mathieu Langlès, orientaliste français (1763-1824). Il amena le gouvernement de la République à créer en 1795 l'École spéciale des Langues orientales vivantes. En 1789-1790 parut le Dictionnaire Tartare-Mandchou Français, composé d'après un Dictionnaire Mantchou-Chinois par le père Amiot, rédigé et publié avec des additions et l'alphabet de cette langue, Paris Didot, trois volumes in 4°. Abel Rémusat (Nouveaux mélanges asiatiques, tome II, p. 317) s'exprime ainsi à propos de ce dictionnaire: «M. Langlès n'a jamais su le mandchou; assez du moins pour en lire une page dont il n'aurait pas connu le sens d'avance; mais il a donné une édition très exacte du Dictionnaire d'Amiot; il a fait graver deux corps de caractères de cette langue; et il en a tant de fois vanté l'utilité et la facilité, qu'on peut le regarder, à plus juste titre encore que les missionnaires, comme étant celui qui en a introduit l'étude en Europe». En 1824 Chézy comptait obtenir, à la mort de Langlès, une place de conservateur au département des manuscrits de la Bibliothèque royale; M. Rémusat lui fut, injustement semble-t-il, préféra et on offrit à Chézy un poste de conservateur adjoint qu'il refusa. Cf. à ce propos la lettre adressée de Paris par Alexandre von Humboldt à son frère le 13 septembre 1824, Brife Alexander's von Humboldt an seinen Bruder Wilhelm, op. cit., p. 132: «Rémusat, qui tient un peu au système des ultras (avec Letronne et Raoul Rochette) a gagné injustement sur Chézy: il a eu la place de Langlès. La bibliothèque gagnera sans doute par son activité, mais il ne sait pas l'arabe et le persan, et quelque plainte qu'on puisse porter contre la négligence et paresse de Chézy, il a été toujours dur pour lui de rester employé et voir appeler un homme plus jeune pour devenir son supérieur».

(7) En renvoyant à Rémusat le rapport annuel à la Société Asiatique, Sacy fait allusion à la renommée d'espion dont Klaproth fut victime à cause du traitement considérable, ainsi que de la permission de rester à Paris, qui lui avait été accordés par le roi du Prusse. Cf. à ce propos H. CORDIER, Un orientaliste allemand Jules Klaproth, in Mélanges d'histoire et de géographie orientales, tome IV, Paris, Maisonneuve 1923, pp. 53-65. On lira dans Rapport sur les travaux du conseil de la Société Asiatique rédigé par Abel Rémusat (Société Asiatique. Discours et rapports lus dans la séance générale annuelle du 21 avril 1823, pp. 33 et 48-49) deux passages concernant Klaproth, défini un «zélé collaborateur» dont les mémoires «promettent des éclaircissemens de plus en plus satisfaisans, sur différens point de l'histoire et de la géographie de la Tartarie», et aussi que le Conseil de la Société Asiatique «a arrêté que le dictionnaire mandchou de M. Klaproth, formant un volume in 8° d'environ 600 pages, serait imprimé aux frais de la Société. L'auteur se chargeant lui-même de tout le travail qu'exigera la publication, nous avons lieu d'espérer qu'elle pourra être terminée en quelques mois».

(8) Eugène Coquebert de Montbret (1785-1849), orientaliste français, interprète au ministère des affaires étrangères. Jean Daniel Kieffer (1767-1833), secrétaire interprète de l'ambassade de France à Constantinople, enseigna la langue turque au Collège de France et devint secrétaire interprète du Roi pour les langues orientales.

(9) François Xavier, abbé de Montesquiou-Fezensac (1767-1832), avait été un des rédacteurs qui s'occupèrent des travaux préparatoires de la Charte. Il faisait partie de l'Académie française et de l'Académie des Inscriptions.

(10) Charles André, conte Pozzo di Borgo (1764-1842), célèbre diplomate d'origine corse.

(11) Le Rev. Robert Morrison (1782-1834), missionnaire, publia A Grammar of the Chinese Language, Serampore 1815, ainsi que A Dictionary of de Chinese language in three parts, I Chinese and English arranged according to the Radicals, II. Chinese and English arranged alphabetically, III. English and Chinese, 6 voll., Macao, East India Company's Press, 1815-23. En 1818 Rémusat fait état dans le Journal des savants de La grammaire chinoise de M. Morrison, de même que de A View of Chine, by R. Morison, et en 1821 du Dictionary of de Chinese language, by R. Morison. Dans le Journal Asiatique, t. IV, 1824, pp. 229-235, on peut lire le compte rendu d'Abel-Rémusat au vol. II, part. I du Dictionary of de Chinese language by R. Morrison: "Morrison doit déplorer, comme nous, les circonstances indépendantes de sa volonté, qui le contraignent à laisser imparfait le magnifique monument qu'il avait entrepris d'élever à la littérature de la Chimie; et, de quelque manière que se soit, les amis de cette littérature auront à regretter de voir ainsi manquer une occasion qui peut ne se représenter jamais» (art. cit., p. 235).

(12) Il est fait référence à Foé-koué-ki, ou relation des royaumes bouddhiques, voyage dans la Tartarie, dans l'Afghanistan et dans l'Inde, traduite du chinois et commentée par Abel-Rémusat, dont Klaproth préparait l'édition. Cf. aussi l'Introduction rédigée par Landresse à Foé-koué-ki (Paris, Imprimerie Royale 1836, pp. III-IX passim): «Il y a vingt ans, quand M. Rémusat commença à s'occuper du Bouddhisme, il n'avait aucun modèle à suivre; ni conseil, ni secour à espérer. Cette religion célèbre n'avait encore été l'objet que d'un petit nombre d'essais, dont les résultats se bornaient à des rapprochements hasardés ou à des conjectures téméraires. On s'était peu occupé de ses abstractions morales et métaphysiques […] Trop souvent elles sont rendues par des expressions qui ne correspondent à aucune des nôtres, qui se groupent d'une manière différente et qui sont autant de métaphores prises d'objets matériels ou sensibles autres que ceux qui ont servi à former notre langage figuré. Le vide par l'esprit, l'ignorance pour la matière, l'apparence pour le corps, les cinq racines pour nos organes, les cinq poussières pour nos sens, les cinq omas pour nos facultés, et une infinité d'autres termes de ce genre, doivent être pris dans une acception si éloignée du cercle ordinaire de nos idées, que longtemps elle a pu échapper à l'intelligence la plus exacte des textes […] Pour me s'être arrêté qu'à la signification littérale et souvent absurde de ces expressions, on n'a pas su démêler, dans l'appréciation du système bouddhique, l'idée d'une double cause de tout ce qui existe […] M. Rémusat sut le premier en France remonter des effets aux causes et de l'idolâtrie à la métaphysique; il sut distinguer la doctrine extérieure, qui n'est qu'un polythéisme allégorique, de la doctrine intérieure, qui consiste dans quelques dogmes simples, tels que l'unité de Dieu, l'esprit opposé à la matière, et dans l'explication physique des phénomènes naturels […] Ce schisme fameux qui, un siècle avant notre ère, divisa les Indiens, ne repose pas uniquement sur l'adoption de l'une des divinités de la religion primitive, à l'exclusion de toutes les autres; sur la préférence accordée à Bouddha sur Brahma, à la doctrine de Shâkya sur celle des Védas».

(13) Dans la rubrique Ouvrages offerts à la Société, in «Journal Asiatique», août 1836, p. 182, on lit: «Par M. Landresse, au nom des éditeurs Berthe et Duffart. Carte de l'Asie centrale, dressée d'après les cartes levées par ordre de l'empereur Khian-loung, par les missionnaires, et d'après un grand nombre de notices extraites et traduites de livres chinois, par J. Klaproth, 1836; publ. par L. Berthe».

(14) Il s'agit vraisemblablement de l'Introduction rédigée par Landresse au Foé-koué-ki, l'ouvrage traduit du chinois et commenté par Abel Rémusat, paru posthume en 1836.