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par Leana Quilici et Renzo Ragghianti

Lettres curieuses sur la Renaissance Orientale des frères Humboldt, d'August Schlegel et d'autres...

Alexander von Humboldt

Note editoriali

Index | Avertissement | Bopp | Burnouf | Friedrich Creuzer | A. von Humboldt | W. von Humboldt
Mohl | Pauthier | Rosen | de Sacy | Schlegel | Windischmann | Appendice

1

Il est arrivé de Saxe le Baron de Herder Directeur général des mines et Mr. de Weissenbach(1). Ces personnes très instruites désirent ardemment être présentées à Monsieur le B.on Ternaux(2). Ils paroissent chargés par le Roi de Saxe de prendre des informations particulières sur les chèvres thibetaines, leur acclimatement en Saxe et la possibilité de faire des échanges avec des brebis de Saxe que Mr. de Herder prétend supérieures aux brebis mérinos de France. Oserois[-je] Vous demandez mon respectable ami si jeudi, dans la soirée ou à toute autre heure, je pourrois Vous présenter ces deux Saxens, dont l'un jouit d'une faveur particulière auprès du vieux Roi de Saxe. Daignez exaucer mes importunités et agréez l'hommage de ma haute et affectueuse considération.

Humboldt

quai de l'École 26
ce lundi

2

Après avoir été dans les larmes pour cet inexplicable retard de la réponse de mon frère, l'Asiatique, je reçois enfin ce soir la lettre pour Mr. Dacier(3) et celle dans laquelle mon frère Vous parle sans doute, mon cher et respectable Confrère, de notre éternelle reconnoissance(4). La lettre de mon frère est du 21 Octobre et a été retardée par un employé du Ministère des affaires étrangères qui s'est arrêté avec tous ses paquets à Francfort. C'est une manie des anciens diplomates et par conséquent de mon frère aussi d'avoir l'honneur de la poste de Mr. le Duc de Doudeauville(5) et de préférer toutes les occasions plus lentes et plus tortueuses. Mon frère est toujours plein d'admiration pour la sagacité de Mr. Champollion. Il lit d'après sa recette les <...> et se plaint de la fatuité de Mr. Seyffarth(6) qui veut restituer les livres d'Hermès et est très hostile contre Champollion. Je saisis cette occasion pour ajouter l'expression de ma reconnaissance et de mon attachement affectueux aux sentiments que mon frère Vous exprimera avec plus de vivacité et l'éloquence

Humboldt

ce jeudi [1824]

 

3

mercredi [1825]

Je n'avois point encore reçu l'annonce officielle, mais d'après les dernières lettres de mon frère de Berlin je ne pouvois douter de cet hommage plein mais un peu tardif, fait à Vos nobles travaux, mon excellent Confrère(7). Il n'y a plus de mérite aujourd'hui d'énoncer de l'admiration pour Votre talent, pour la sagacité de Vos recherches, les profondeur et variété de Vos connoissances, les formes élégantes dont Vous avez revêtu la pensée: il y en avait, de Vous avoir deviné dès Votre début dans la carrière et d'avoir proclamé en Allemagne, où la Philologie est une condition nécessaire des études libérales (humaniora), quelle lumière Vous répandriez un jour sur la Philosophie des langues

Humboldt

 

4

Mon frère partant sous peu de jours pour Paris aura sans doute l'honneur, mon cher et illustre confrère, de Vous présenter notre jeune et savant compatriote, Mr. le Docteur Rosen, auteur d'un ouvrage estimé sur les racines sanscrites(8). Je ne voudrois cependant pas négliger l'occasion de me rappeler à votre bienveillance et de Vous supplier aussi de mon côté d'accorder Votre intérêt et Votre puissante protection à Mr. Rosen qui est aussi modeste et doux de caractère qu'il est actif et instruit. Il sera auprès de Vous l'interprète des sentimens de dévouement et l'admiration que je Vous ai voués pour la vie.

Al. Humboldt

Berlin ce 19 Mars 1828

Que Vous devez avoir été affligé de la mort de Mad. de Duras(9) j'en juge par ma douleur. C'étoit une des personnes qui savoit le plus apprécier la sagacité de Votre esprit, la noble indépendance de Votre caractère.

 

5

ce mercredi

Je m'empresse, Monsieur et très respectable confrère, de Vous exprimer ma vive reconnaissance de l'aimable envoi que Vous avez bien voulu me faire. Ce tableau sera précieusement conservé. J'avois en attendant une espèce d'encyclopédie dans laquelle Mr. Klaproth m'avait montré une page pour les changemens que chaque signe numérique a subi. Dans ce que j'ai lu à l'institut j'ai voulu faire voir comment le joli artifice des Chinois ou des Mexicains de placer des multiplicateurs au dessus des signes (ou groupes de différens ordres) a pu conduire au système indien qui n'emploie que 9 signes d'unités et un zéro. Le Chinois écrit le Mexicain pour car du jonc lié est le signe de 52, on a lié 4 fois les années, il y a 4 grandes années de 52 ans.

Le Romain, l'Égyptien n'a qu'une juxtaposition enfantine. Au lieu de 2432 où il faut compter les lignes et non lire des chiffres, ces deux peuples auroient pu se servir des multiplicateurs en guise d'exposan ou d'indicateur. Ils auroient pu écrire

Ce qui est 2432 en supprimant les signes des groupes. Or nos chiffres indiens ne sont que multiplicateurs des groupes de chiffres en ordres. Une décomposition très simple des signes 100, 1000 pour lesquels on dit dans beaucoup de langues dix dix, dix dix dix aurait pu conduire à la méthode indienne figurative, comme le Suanpan y conduisoit dans l'Arithmétique palpable. Un peuple qui place les unités sur le signe des groupes de 10, auroit pu continuer après 9 d'y placer pour cent un second dix et pour exprimer que c'est un dix dix l'auroit écrit alors 2432 deviendra ou on n'a plus que des unités et le signe de dix les rangs sont indiqués et pour abréger on écrira perpendiculairement:

La valeur s'élève avec les tranches. Le signe ressemble un peu à un noeud. En arabe les dizaines s'appellent noeuds.

Votre dévoué

Humboldt

Voici, mon savant et excellent confrère, les titres des ouvrages que Mad. Victorine de Chatenay(10) réclame de moi. C'est une bonne laborieuse personne pleine d'admiration pour Votre grand ouvrage que je regarde comme ce qui a paru de plus remarquable sur l'histoire des peuples et la philosophie des langues depuis 50 ans. Agréez l'expression de mon affectueux dévouement

Humboldt

quai de l'École n. 26

[en marge] J'ai trouvé dans la nouvelle Philosophie de l'Arithmétique de Leslie(11) 1817 en anglois une bonne exposition de la numération chinoise copiée de Marshman Gram. chinoise imprimée à Serampore 1814(12).

 

6

J'aurois voulu, mon respectable et illustre Confrère, Vous adresser personnellement ma prière, mais un gros rhume augmenté par les chaleurs qui régnoient hier dans les célestes régions des Tuileries m'empêche de sortir aujourd'hui. Il existe entre les mains d'un de Vos élèves, Mr. Jacquet, jeune homme plein d'ardeur, une lettre très longue sur l'origine probable des alphabets de l'Asie insulaire qui, je crois, mériteroit bien Votre attention(13). Je pense que mon frère désireroit la publication de ce fragment très philosophique et ce seroit une faveur que Vous m'accorderiez mon digne ami, si bientôt ce morceau pouvoit paroître dans le Journal asiatique sous le simple titre:

Extrait d'une lettre de Mr. Guillaume de Humboldt à Mr. Jacquet sur les alphabets…

Daignez agréer avec mes excuses l'hommage renouvelé de mon ancienne et affectueuse admiration

Humboldt

ce jeudi

 

7

Mon frère me charge dans une lettre que je reçois par le courrier d'hier de Vous exprimer, mon illustre Confrère, combien il est touché de l'accueil favorable que vous promettez à sa lettre à Mr. Jacquet dans le Journal asiatique. Mon frère sera heureux si l'insertion peut se faire bientôt et il me charge de voir (Vous voyez qu'il y a de la prose dans toute chose humaine) s'il pourrait avoir à ses frais 25 exemplaires tirés à part. «Je lui dirai d'avance que cela est possible». Les idées fondamentales exposées dans ce mémoire, dit mon frère, sont une suite nécessaires des mes vues sur les langues. Je suis dans ce moment à la rédaction des résultats généraux tirés de mes longues recherches et je vois avec satisfaction que cela se lie et se confirme mutuellement. Vous voyez, mon cher Confrère, qu'il y a encore des hommes publics qui s'occupent d'autres choses que de la Belgique(14), d'un budget et des recettes d'après lesquelles on fait une grande ombre. Il est très juste que Mr. Jacquet réponde et fasse des observations critiques sur les assertions de mon frère. Celui-ci le désire vivement lui-même; daignez seulement faire que le mémoire de mon frère soit imprimé sans notes dessous, je veux dire que la réponse soit à part. Mille affectueux hommages

Humboldt

mardi

 

8*

Ritter wird nach der gutmüthigen Schwäche seines Characters, da nun (wie mir gestern Wilhelm, mein Bruder, schreibt) Neumann, über Altenstein u. Schulze gleich erzürnt, mit den chinesischen Büchern nach München abgezogen ist, alles thun, was Sie wünschen(15).

Ich kann ihm leider! jezt nicht schreiben. In der Copie eines Briefes, den Ritter an Altenstein schrieb, um ihn zum Ankauf von Neumanns Büchern zu bewegen, ein Brief, der nichts gegen Sie enthält, waren (Altenstein hatte mir unvorsichtiger Weise Abschrift geschickt) unartige Worte über meine Fragmens asiatiques(16) "Wenn ich Neumanns Papiere gekannt hätte, würde ich nicht haben brauchen nach Paris zu gehen, um dort unter Rémusats und Klaproths Ansprüchen meine Fragmente zu schreiben". Ich habe dem Minister derb geantwortet, ich sei gewohnt meine Bücher selbst zu schreiben und sei, wie H[err] Ritter wissen könne, auf königl. Befehl hier!!

Sie haben noch meine Frage, theurer Professor, misverstanden. Ich will ja bloß wissen, ob Sie mit den Charten einige Bogen Text eingesandt haben?

AHt

Dienstags

Der Oxianus Lacus stimmt der Breite nach (ich meine im Verhältniß zum Casp. Meere) nicht schlecht mit Aral zusammen, eine Dilatation des Oxus, östlich dem <...> Ausfluß in den Babylon. Meerbusen(17).

 

9

Je profite, cher Professeur, du peu de momens qui me restent ici où je suis visiter mon frère, pour Vous rendre les félicitations pour l'année que Vous avez eu l'extrême bonté de m'adresser et pour Vous dire combien avec tous ceux qui s'intéressent aux véritables progrès de la géographie, je me réjouis de l'entier achèvement de Votre Carte de l'Intérieur de l'Asie(18). Ce sera un ouvrage classique, tout ce que tentent ici Berghaus, Grimm, Ritter sans avoir la connoissance des langues me paroissent des jeux de dé aleae plene(19). Le but principal de ces lignes est de Vous avertir que Votre envoi au Roi doit être accompagné d'une lettre, sans cela il n'y a de règle aucune réponse. Il faut adresser la lettre et le rouleau sous l'adresse au Roi le tout cacheté. Le Roi ne se laisse absolument rien donner de main en main pas même par le Pr. Wittgenstein(20). Tout doit passer par Albrecht le Vortrag. Ce qu'à une autre époque on dit d'éloge au Roi sur un ouvrage est absolument jeté au vent et ne produit aucun effet. Je ne parle de tout ceci non que Vous puissiez soupçonner, que je veuille me soustraire à quelque démarche, non ce n'est que pour me les faciliter: car il existe des lois planétaires que je ne puis enfreindre. Je ferai par écrit et par mon ami Mr. Albrecht (car Mr. d'Alt[enstein] est inabordable et depuis 8 mois peu enclin à me servir) des démarches directes pour Vous procurer une rémunération et si dans un moment où généralement (par la crainte qui l'a du mauvais état des finances), S. M. refuse tout je ne réussissais pas, la faute certes n'en aura pas été à moi. Jetez dans votre lettre allemande au Roi la phrase eine Arbeit die ich in den lezten Monathen unter vielen äusseren Bedrängnissen (welche der Tod des Buchhändlers Cotta noch vermehrt) vollendet habe. Cela me sera utile et si le paquet est déjà parti adressez-moi la lettre à part mais cachetée. Dans tous les cas avertissez moi dans quel jour tout est parti. Cette mort de Cotta(21) avec lequel j'avois des affaires est aussi très fâcheuse pour mes pauvres affaires pécuniaires. Surtout depuis le déplorable payement de 6000 francs que j'ai dû faire faire par Mr. <Weißkirch> à Mr. <…> pour éviter un procès fastidieux. Votre ouvrage hiérogl[yphe] ne nous est pas encore arrivé(22). Ne pensez pas que mon frère et moi nous méprisons ce genre de travaux, nous sentons au contraire combien Vous avez raison de dire que ce qui manque le plus est un bon dict[ionnaire] copte. En terminant ces lignes je voudrais Vous prier de me dire un mot sur le coumis dont Rose(23) et moi nous avons suivi avec le plus grand soin les procédés chez les Calmoucs du Pr. Tumenief. Ce que j'ai recueilli est que là koumis ou tschigan est le lait de jument fermenté et un peu enivrant mais non distillé; que araca est l'eau de vie une fois distillée provenant du coumis, et que <arsa> est le coumis deux fois distillé. De quelle langue est coumis, que Rubruquis (Purchas tome III) appelle cosmos, Marco Polo kemurs ou kimmuz? est-ce calmouc-mongole ou turc. tschigan je crois est kirgise donc turc ancien? Je sais bien que <arraca> dans l'Inde est de l'eau de vie de riz (distillée) que Rubruquis appelle terracina sans doute de <tarassun>* de John Bell d'Antermony(24). Comme on confond souvent des liqueurs alchoolisées par simple fermentation (comme vin, bière) avec des liqueurs distillées, les arraca du riz ne sont peut-être pas tous distillés. Coumis est certes la boisson non distillée et il est curieux de voir dans Rubruquis qu'alors on ne distilloit pas encore dans les steps. Il n'en parle pas et ne décrit que tout au long la préparation du koumis.

Comme étymologie je n'ai rien deviné que cela: Araki et raky arabe signifiant suer ne devait être employé qu'à la liqueur distillée, c'est le stillicidium (tröpfeln) der Vorlage de l'alambic comme les gouttelettes de la peau lorsqu'on sue. En persan arac <kerder>, arsa de arsah suer (arabe) muttermilch trinken ou plutôt d'ars Verträglichkeit, cumys deux fois distillée? Je Vous ennuie. Vous avez reçu la dernière lettre de mon frère. Sa santé intérieure est bonne mais ce tremblement des membres est un aspect bien triste. Mille amitié. Je me réjouis de Votre bonne harmonie avec Neumann et je me fie à Vos soins pour que les imprimés que Neumann a prêté par moi à Abel Rémusat soyent rendus à Neumann.

A. Humboldt

Tegel, ce 10 Jan 1833

* Pallas Voy[age] à Orenbourg dit que les fromages faits de lait de jument s'appellent en calmouc thorossun(25).

[en marge] Votre mémoire sur l'Encyclop[édie] chinoise et les Cartes chinoises sont du plus vif intérêt. Chez Ritter il n'y a que paresse car les obs[ervations] que Vous nous envoyiez sur la transcription étoient du plus haut intérêt.

Ne vous a-t-il pas paru extraordinaire que dans Marco Polo il ne soit jamais question de la gravure sur bois de livres chinois, que la vue d'un livre imprimé (à types non mobiles) ne l'ait pas frappé. Est-ce un culte comme le thé?(26) et l'incrément de l'usage de la boussole, la connoissance de la direction de l'aimant en Chine? Regardez-vous bien sure la date de 2634 ans avant notre ère où un héros se dirige par un aimant, Journal Asiat. 1822 T. I p. 137(27).

à Berlin on appelle Saure Buttermilch aussi kums ou komps ce que Adelung dérive di[rec]tement de compositions

Trouvez-vous dans les très anciens livres chinois quelque preuve de distillation très ancienne. Dans les papiers sanscrits il est impossible de démêler s'il n'est pas simplement question de liqueurs enivrantes fermentées! Si en chinois un mot analogue à alambic paraissoit!

tschigan de tschikander en persan tröpfeln mais malheureusement tschigan est le koumis, par conséquent la liqueur non encore distillée, donc appliqué par extension!

 

10

Combien je suis heureux de Votre grande découverte sur la boussole chez les Chinois(28). Je n'en ai parlé à personne, je cache Votre lettre: mais faites que ce soit bientôt imprimé. Cela Vous fera infiniment d'honneur et je suis heureux de Vous avoir tourmenté assez longtems pour lever les doutes que des citations partielles, toutes contradictoires, nous avoient laissé. Veuillez bien distinguer 4 choses, a) la connaissance de la simple force attractive du fer aimanté aussi ancienne que l'attraction de l'ambre frotté, électricité. Les Chinois ont-ils parlé de cette propriété de l'ambre? b) la direction vers le N. ou le S. Je conçois chez les Chinois à cause de leur navigation plus fréquente vers le S. la prédilection pour le pôle sud, cependant l'expression que la boussole montre le Sud, est singulière parce qu'il n'y a pas de grande étoile du Sud et que vos Chinois faisoient certes du cas de la Petite Ourse. Y-a-t-il un mot comme étoile polaire: donc du Nord? c) la déclinaison ou variation de la boussole faussement attribuée à Christophe Colomb 1492. d) la suspension à un fil que nous appelons suspension à la Coulomb et que Vous avez découverte aussi!! Croyez-Vous que cette tradition mythique que cite Abel Rémusat 2634 ans avant notre ère, se fonde sur une si ancienne connaissance ou ne seroit-ce pas plutôt un mythe fait plus tard lorsque la déviation avoit déjà été découverte. (Je m'étois noté une citation d'un de Vos mémoires Klaproth Japon p. XXVIII, boussole 660 ans avant J. C. et je ne pensais plus retrouver Votre mémoire(29). Vous avez donc, déjà imprimé quelque chose de Votre découverte?). J'en vous rappelle aussi que le fait le plus ancien constaté en Europe de la direction vers le nord, plus ancien que Guyot de Provins a été cité par Mr. Hansteen (Untersuch. über den Magnet. der Erde 1819 p. 3)(30) Ari Frodi connaissoit le Leiderstein au 11me siècle. Les Chinois se sont-ils si peu servi de boussole: je suis frappé du récit de Conti (Purchas III p. 159 Ramusio I p. 344, qui dit que les Chinois se dirigent d'après l'étoile du Sud et non d'après la boussole(31). Aussi Renaudot(32) p. 564, 291, 322 ne veut absolument pas que les Arabes ayent connu la boussole très anciennement et doute de la boussole donnée en cadeau à l'Ambassadeur Cochinchinois 1115 ans avant notre ère. Ne croyez pas de grâce que se soit là des objections ou qu'il me restent des doutes sur votre découverte, je ne vous rappeloit ces citations que pour que Vous les discutez dans Votre mémoire. Ne Vous donnez pas non plus la peine de me répondre: j'attendrai patiemment que vous aurez imprimé ce beau travail qui me fait un plaisir infini. J'accepte volontiers que Vous imprimez donc une lettre qui me sera adressée, mais de grâce ôtez les Excellences Vous savez que rien n'est plus ridicule en français. Daignez aussi le bannir de Vos lettres particulières. Lettre de Mr. Klaproth à Mr. Alexandre de H. serait le titre le plus convenable. J'espère que vous aurez su que j'ai écrit à Mr. de Werther comme Vous le désiriez(33). Nous avons vu ici avec peine Votre querelle d'allemand. Ce Mr. Tr. avoit envoyé une quinzaine de ces lettres à Berlin, au Pr. Witgenstein, à moi, à tout le monde. Gardez-vous donc des compatriotes dans l'étranger. Cela porte toujours malheur. Mais aussi, mon excellent ami, quelle envie de femmes <...> d'aller dans une société si intime! Mon frère dont la santé est maintenant beaucoup mieux attend comme la Messe Vos feuilles bouddhistes(34). Oserois-je Vous prier de m'écrire pourquoi dans l'Atlas de D'Anville (Chine)(35) se trouve deux espèce de li de 250 et de 200 au degré et qu'à mon plus grand chagrin D'Anville se sert dans les cartes spéciales du li de 250 au degré équatorial. J'ai toujours pensé que le li commun dont Vous Vous servez aussi, est de 192 6/10 au degré. Car selon Marsden(36) 1 li a 296 toises et le degré équat. a 57,009 toises donc 1° équat. = 1926/10lis. Cela m'importe, car je regarde les milles, de Marco Polo comme des lis de 192 ou 200 au degré. Agréez, je Vous supplie, mes affectueuses salutations

A. Humboldt

Berlin

le 26 Févr. 1834

J'ai lu les lettres de Mr. Jacquemont(37) qui n'expriment rien que ses aventure et son ignorance profonde de la Géogr[aphie] et littérature d'Asie. Il parle aussi du Roi du Petit Tubet sans que l'on devine où il place ce Roi. T. I p. 208 Vous trouvez les Ducs de Saxe Schwerin et Anhalt-Cobalt!

 

11

Je souffre de Vous voir dans la peine et il faut nécessairement Vous en tirer: mais la somme de cent Ducats est trop forte pour mes finances délabrées. Je verrai comment je pourrai arranger les choses soit par Mr. Rothschild, soit par Mr. de Werther et de manière que Vous ne payiez l'avance que peu à peu assez tard pour ne pas Vous gêner trop. Je ne sais pas même encore la somme précise qu'il Vous faut, 1000 1200 francs. Venez, mon cher ami, demain matin chez moi 8 h.½ et proposez les termes de remboursement. Je désire Vous tranquilliser

A. Humboldt

ce jeudi

 

12

Mon cher et excellent Valenciennes(38)! Vous me comblez de Vos biens! Un oeuf de Madagascar a suivi l'autre, ils sont arrivés successivement depuis 4 et deux semaines et ont été l'objet de l'admiration du public de la Cour. Votre nom joint à de tendres éloges tant mérités, a été bien souvent prononcé. Je crains que ces oeufs merveilleux ont fait quelque séjour à Aix la Chapelle. Le double cadeau auroit bien augmenté de prix encore, si Vous aviez pu y placer quelques lignes sur Votre existence, sur l'aimable Mad. Val. et Vos chers enfants. J'ai bien fouillé dans la caisse et dans les foins. J'ai placé un exemplaire en Votre nom au Musée (Lichtenstein(39) est allé depuis à Trieste recevoir des animaux vivants destinés au Jardin zoologique et 9 jeunes Égyptiens qui doivent étudier! ici). L'autre Oeuf, celui de Pollux, je l'ai gardé pour moi pour la Collection bien augmenté de Mr. Seiffert(40) qui se met à Vos piés avec le Hareng qui malheureusement, sans sa faute, a perdu la petite place qu'il avoit. Si Vous voulez disposer autrement de Pollux, je rendrai sans larmes. J'ai eu hier la grande jouissance d'avoir vu quelqu'un qui Vous a vu, mon cher et excellent ami, Mr. Verdet, le Physicien de Votre École normale, à laquelle je souhaite longue vie(41). C'est Mr. Dubois qui me l'a amené(42). Il m'a dit que de nouveau Vous avez été bien souffrant de temps en temps. De grâce, je Vous le demande à genoux écrivez-moi quelques lignes promptement sur Votre position individuelle, Votre aimable famille, Vous pourriez donner la lettre à Mr. Wirsch, neveu de Mr. Weiskirch. Je suis resté depuis le moi de Novembre sans aucune nouvelle sur la triste existence d'Arago. Tâchez donc de Vous joindre à moi pour solliciter Madame Laugier, de me donner quelques nouvelles consolantes sur Arago et l'état de Mad. Mathieu(43). Nous commençons déjà à faire quelques courses à Posdam où la famille de Mad. de Bülow Vous garde un bien tendre souvenir. Le gendre le jeune Loën est devenu Aide de Camp du Roi, ce qui est un grand avancement. Le Lieut. Général Hedemann(44) qui commandoit le Corps d'armée à Magdebourg s'est retiré du service et se trouve momentanément à Tegel. Ehrenberg se remarie à cause de le gouverne de ses grandes filles, avec une parente de Mitscherlich(45). Nous vivons dans la plus triste réaction et le travail, nocturne que je continue jusqu'à 2½ assez régulièrement ne me rend pas ma félicité. On imprime ardemment mon dernier et 4me Volume. Ma santé est entièrement, telle que Vous l'avez vue lorsque j'avois le bonheur de Vous posséder. J'ai une raison de plus de Vous adresser ces lignes (ce paysage sans eaux et sans verdure) que les journaux allemands m'ont dit sérieusement malade. J'ai eu un refroidissement (pas de grippe) qui m'a empêché d'aller chez le Roi pendant quatre jours. Qui d'ailleurs pourroit beaucoup tenir à la vie! Recevez, cher Valenciennes, Vous et Votre charmante famille le tendre hommage de mon affectueux dévouement et de ma vive reconnaissance.

A. Humboldt
à Berlin ce 14 Avril 1852

Tant de manuscrits d'Arago resteront-ils donc perdus. Daignez m'écrire ce que Lucie ne voudra pas me dire, si l'on dicte encore, si vous croyez à une publication. Mr. Gide et le petit Goujon doivent en savoir le plus(46).

 

(1) Sigmund August Wolfgang Herder (1776-1838), minéralogiste, fils de Johann Gottfried, il fit ses études à Iena, Goettingue et Freiberg, avant d'entrer dans l'administration des mines de la Saxe. Il deviendra enfin directeur général de cette administration en 1826. Karl von Weissenbach (1797-1846), ingénieur des mines allemand.

(2) Guillaume Louis, baron de Ternaux (1763-1833), célèbre manufacturier français. En 1818, soutenu par le ministère, il l'emporta aux élections sur Benjamin Constant, mais bientôt il se brouilla avec le pouvoir. Réélu député en 1827, en juin 1830 il se rapprocha du parti libéral et prit une part active aux événements de juillet.

(3) Bon Joseph, baron Dacier (1742-1833), secrétaire perpétuel de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, conservateur de la Bibliothèque nationale (1800), membre du Tribunat (1802). Il publia en 1810 son Rapport sur le progrès qu'ont fait depuis 1789 l'histoire et la littérature. Collaborateur du Journal des savants, il fut élu à l'Académie française en 1823.

(4) Le 13 septembre 1824 Alexander écrivait à son frère de Paris que Rémusat «t'est très dévoué» et qu'il «t'a fait recevoir récemment (par acclamation) correspondant de la Société Asiatique» (Brife Alexander's von Humboldt an seinen Bruder Wilhelm, Stuttgart, Cotta 1880, p. 132).

(5) Ambroise Polycarpe, duc de Doudeauville (1765-1841), homme d'État français

(6) Gustav Seyffarth (1796-1885), égyptologue allemand, professeur d'archéologie à l'université de Leipzig (1825). On lui doit en particulier De pronunciatione vocalium graecorum (1823), De sonis litterarum graecarum, tum genuinus tum adoptivis (1824), Rudimenta Hierogliphica (1826), Grammatica Aegyptiaca (1855), Theologische Schriften der alten Aegypter (1855). Cf. à ce propos la Lettre à M. le duc de Blacas d'Aulps sur le nouveau système hiéroglyphique de MM. Spohn et Seyffarth, par J.-F. CHAMPOLLION LE JEUNE, Florence, Piatti 1826, p. 5: «Les deux ouvrages publiés par Mr. Seyffarth sur les écritures égyptiennes et notamment ses Rudimenta hieroglyphices, sont venus à ma connaissance deouis plusieurs mois: leur examen attentif me convinquit bientôt que Mr. Seyffarth, ou Mr. Spohn dont ce jeune Savant a adopté, étendu et propagé les doctrines, s'abandonnant à des illusions que l'étendue des monuments originaux pouvait seule dissiper, avait conçu, par l'interprétation des textes égyptiens, un système tout-à-fait arbitraire et qui, comme celui de Kircker, ne reposait sur aucune série de faits positifs et n'était fondé que sur des assertions ou des manières de voir purement personnelles». L'année d'après il revenait sur ce sujet et écrivait à Angelica Palli le 30 juillet 1827: «J'ai lu aussi la réponse de Seyffarth, ou plutôt celle de Lanci-Quintino-Seyffarth. Je reconnus dans le temps avec vous que j'avais tort d'écrire contre ce pauvre garçon; […] aussi me permettrez-vous de suivre en tout la résolution que j'ai prise de ne répondre à l'avenir à aucune attaque publique dirigée contre mes travaux par des personnes tout-à-fait hors de la matière et dont les idées ne sont étayées sur aucune véritable connaissance des faits existants. Ainsi je n'écrirai plus sur Seyffarth ou sur les idées du Triumvirat auquel il sert de noyau et de prête-nom. L'Europe savante a déjà fait justice de tout cela. Quant à l'attaque en calomnie, c'est un nouveau ridicule que Seyffarth se donne, car malheureusement son livre est dans les mains de tout le monde, et il est aisé de juger mes dires et de les vérifier pleinement. Il est donc convenu que nous laisserons le Tudesque et son livre suivre tranquillement la pente qui l'entraîne vers l'oubli, sans l'arrêter, quelques moments encore, à la clarté du jour par une attention qu'il ne mérite pas. Ses compatriotes eux-mêmes l'abandonnent et les journaux littéraires d'Allemagne, d'Angleterre et de France sont pleins d'articles qui tournent ses idées au ridicule et en démontrent le peu de fondement et voilà bien assez, sans que je m'en mêle encore. Je tiens le même conduite à l'égard de deux criards que certaine faction a lancés contre moi à Paris. Ils ont voulu publier un nouveau système pour compléter le mien. J'ai mis au jour l'absurdité de leur prétendue découverte; ils m'ont répondu par des injures. De mon côté je me suis abstenu de répondre; j'ai mieux fait, je n'ai même pas lu leur brochure. J'aime mieux ajouter de nouveaux résultats à mes études, sans perdre mon temps à défendre ceux qu'elles ont déjà produits et qui se défendent assez d'eux-mêmes» (J.-F. CHAMPOLLION, Lettres à Zelmire, Paris, L'Asiatique 1978, pp. 73-74). Il est fait allusion à certains de ses ennemis les plus acharnés: San Quintino, conservateur du Musé de Turin, et Michelangelo Lanci (1779-1867), orientaliste, auxquels Seyffath s'était lié, voir aussi la lettre du 10 novembre 1826 (op. cit., p. 31). Dans la correspondance entre Alexander et Wilhelm, il est souvent question de la querelle des hiéroglyphes, et déjà le 8 mars 1823 le premier évoquait l'étonnant progrès qu'«on a fait à la fois dans différents pays sur les clous et les hiéroglyphes et l'écriture cursive égyptienne! Mr. Young qui n'est pas facile dans les questions de propriétés littéraires, admire le travail de Champollion, mais prétend qu'il n'a fait qu'étendre ses idées» (Brife Alexander's von Humboldt an seinen Bruder Wilhelm, op. cit., p. 116). Un an après, jour pour jour, Wilhelm lui manifeste toute son admiration pour Champollion: «Je suis touché des nobles procédés de M. Champollion, dont l'ouvrage m'a fait un plaisir extrême. J'ai l'ai déjà lu d'un bout à l'autre, et je le relirai encore. C'est admirable, et une des découvertes les plus curieuses que l'on ait faite de son temps. Je te prie de lui parler de ma vive reconnaissance. Le livre, que je n'ai montré à personne, est arrivé le jour même où j'ai lu à l'Académie quelques réflexions sur la lettre à M. Dacier, qui renferme les éléments de ce grand travail. Mon mémoire n'est pas destiné à être imprimé; je ne l'ai composé que pour faire mieux apprécier les travaux de M. Champollion qu'on ne l'avait fait ici, d'après les vaines déclamations de M. Spohn, dont j'ignore entièrement le système, mais dont les lettres me déplaisent souverainement. Je tâcherai de satisfaire au désir de M. Champollion par rapport à la collection de Minutoli. Nous aurons beaucoup de difficultés, pour le moment, quant au manuscrits hyératiques» (A. VON HUMBOLDT, Correspondance inédite scientifique et littéraire, Paris, Guérin 1869, t. II, pp. 70-71). Le 7 avril suivant Alexander lui révèle que «Champollion a été très flatté de ton jugement. Il espère que tes démarches auprès de Minutoli auront quelques succès. Il mérite des encouragements, je t'enverrai son livre la semaine prochaine par M. Mitscherlich». Et encore un mois après: «Champollion me charge de te dire combien il est reconnaissant de tes cadeaux et surtout de l'accueil que tu as fait à ses travaux. Il a été frappé de la sagacité de plusieurs de tes observations critiques, je lui ai fait traduction verbale des passages principaux et comme il veut te répondre point sur point, j'ai cru ne pas devoir lui refuser une partie du manuscrit, pour qu'il le fasse traduire lui-même. Il sait que ce Msc. n'a jamais été destiné pour le public et aucune indiscrétion ne sera commise. […] J'ai anéanti la lettre de Spohn, quelle rage teutonique! Je te prie de m'envoyer dès que M. Seyffarth aura quelque chose. […] Young a sans doute ouvert le parti, mais c'est un homme sans franchise, qui ne dit jamais clair comment et jusqu'où il a trouvé. Son dernier livre est encore dégoûtant sous ce rapport» (Brife Alexander's von Humboldt an seinen Bruder Wilhelm, op. cit., pp. 123-126 passim). Voir aussi la lettre de Wilhelm à Champollion du mois de juin de la même année: «Je n'avais lu jusque là que Votre lettre à M. Dacier. L'ouvrage complet dont Vous avez enrichi depuis l'étude de l'Antiquité Egyptienne, et que vous eûtes la bonté de m'envoyer, même avant sa publication, a entièrement dissipé ces doutes, et il ne m'est resté que la satisfaction d'admirer une découverte à laquelle Vous avez su rattacher les vues les plus intéressantes sur l'époque des différentes constructions Egyptiennes, et sur la marche de la civilisation en Egypte et dans la partie de l'Afrique qui avoisina ce pays» (J. L. IDELER, Hermapion, sive Rudimenta hieroglyphicae veterum Aegyptiorum literaturae, Berolini 1841, p. 59). Il est fait référence au Précis du système hiéroglyphique des anciens Egyptiens, ou Recherches sur les éléments premiers de cette écriture sacrée, Paris, Treuttel et Würtz 1824, à ce propos cf. aussi la lettre adressée par Wilhelm à Welcker le 22 mai 1824, in W. VON HUMBOLDT, Briefe an F.G. Welcker, Berlin, Gaertner 1859, pp. 116-117. Pour un rapide aperçu sur la querelle qui partagea les égyptologues cf. J.-C. Goyon, La bataille des hiéroglyphes, en appendice à J.-F. CHAMPOLLION, Lettre à M. Dacier, Montpellier, Fata Morgana 1989.

(7) Cf. à ce sujet la lettre de W. von Humboldt à Rémusat du 21 octobre 1825: «Je me félicite également, Monsieur, de pouvoir Vous compter au nombre de mes confrères à l'Académie ici, et je puis Vous assurer que l'Académie, en prenant la liberté de Vous offrir de s'associer à ses travaux, a senti tout le prix que Vous possédez dans son sein» (lettre n° 1907 de l'inventaire des Archives de Mantes, voir aussi Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise, op. cit., p. 230). Rémusat fut reçu membre correspondant le 9 juin 1825.

(8) Friedrich August Rosen (1805-1837), orientaliste allemand étudia le sanskrit à Berlin sous la direction de Bopp, avant de poursuivre ses études orientales à Paris et à Londres. On lui doit les Radices linguae sanscritae (1827), la traduction du manuel arabe d'algèbre de Mohammed ben Musa (1831) et du Rig-Véda (1838). Cf. le compte rendu de Burnouf alla Corporis radicum sanscritarum prolusio; scripsit F. Rosen, in «Journal Asiatique», juillet 1826, pp. 374-378: «L'ouvrage, dont ce prospectus offre le plan, paraît devoir remplir une lacune dans les livres élémentaires relatifs au sanscrit». Rosen «a senti toutes les lacunes, et il a entrepris de donner une liste des racines sanscrites, telle qu'elle pu répondre aux besoins des étudiants» (art. cit., p. 374-375).

(9) Claire, Louise duchesse de Duras (1778-1828), femme de lettres, amie de Chateaubriand.

(10) Victorine Chastenay-Lanty (1770-1830), femme de lettres.

(11) John Leslie (1766-1832), physicien et mathématicien écossais.

(12) Joshua Marshman (1768-1837), orientaliste, missionnaire. Il est fait vraisemblablement référence à l'un des deux textes, parus à peu près à cette période-là: Dissertation on the characters and sounds of Chinese language, including tables of the elementary characters and of the Chinese monosyllables et Clavis Sinica, containing a dissertation, I. On the Chinese characters, II. On the colloquial medium of the Chinese, and III. Elements of Chinese grammar.

(13) Cf. l'Avertissement de Jacquet aux Extraits d'une lettre de M. le baron G. de Humboldt à M. E. Jacquet sur les alphabets de la Polynésie asiatique, juin 1832, pp. 481-508: «M. G. de Humboldt, que ses recherches ont conduit à considérer la tendance à l'unité comme la méthode d'ethnographie le plus éminemment philosophique, ne pouvait négliger d'examiner quels secours présentait la philologie comparée, pour traiter l'immense question de l'existence des rapports entre l'ancien et le nouveau monde: il a compris que la Polynésie était la seule transition possible entre les deux continents, et cette idée l'a aussitôt appelé à l'étude de toutes les langues polynésiennes» (art. cit., p. 482). Eugène Jacquet (1811-1838), orientaliste belge, membre de la Société Asiatique, il publia dans le Journal asiatique ses mémoires savants, parmi lesquels Considération sur les Alphabets des Philippines (1831), Bibliothèque malaye (1832), Vocabulaire arabe-madécasse et Éclaircissement sur la mappemonde chinois (1833).

(14) Allusion à la question belge, à la suite de la révolution qui avait éclaté à Bruxelles le 25 août 1830. La conférence de Londres admit le principe de la séparation de la Hollande et de la Belgique, qui devait constituer un État distinct (Traité des dix-huit articles, janvier 1831).

* Lettre adressée à Julius Klaproth.

(15) Carl Friedrich Neumann (1798-1870), orientaliste allemand. En 1828 il séjourna à Paris puis à Londres. En 1830 il se rendit en Chine, ensuite il devint professeur à l'Université de Munich. Il fut mis à la retraite en 1852, en raison de la part active qu'il avait prise aux mouvements politiques de 1848. Probable allusion au fait que Neumann avait rapporté de son voyage en Chine en 1830 une collection de dix mille volumes écrits en chinois, qu'il céda au gouvernement bavarois l'année suivante.

(16) Il est fait référence aux Fragments de Géologie et de Climatologie asiatique que Humboldt publiait à Paris en 1831.

(17) Cf. à ce propos le mémoire Sur l'ancien cours de l'Oxus, par M. A. Jaubert, décembre 1833, in «Journal Asiatique», pp. 481-500. «Je me propose, dans ce travail, d'examiner le plus ou moins de probabilité de l'opinion de ceux qui s'occupent de retrouver sur les bords de la mer Caspienne des traces d'une ou de plusieurs des embouchures de l'Oxus, et dans les steppes au sud-ouest du lac d'Aral, les lits desséchés d'une ou plusieurs branches de ce fleuve célèbre. [...] Personne n'ignore combien les opinions des anciens au sujet de la mer Caspienne ont successivement varié. Herodote, Aristote la considéraient comme un lac isolé. Du temps d'Ératosthène, d'Hipparque, de Straton, on en fit un golfe de l'Océan septentrional» (art. cit., pp. 481-482).

(18) Cf. à ce propos la notice parue dans le «Journal Asiatique», avril 1826, p. 317: «M. Klaproth écrit à la Société en lui adressant le premier exemplaire d'une carte sur laquelle est tracé le cours du Barrampouter ou Yarou-dzaugbo-tchou, d'après ses recherches». Klaproth travaillait à une carte historique et géographique de l'Asie centrale.

(19) Heinrich Berghaus (1797-1884), géographe et cartographe allemand, auteur d'un remarquable Atlas physique (1848). Julius Ludwig Grimm (1806-1834), cartographe allemand.

(20) Wilhelm Ludwig Georg Fürst von Sayn-Wittgenstein-Hohenstein (1770-1851), chancelier.

(21) Johann Friedrich Cotta (1764-1832).

(22) Cf. à ce propos les mémoires suivants de Klaproth: Lettre sur la découverte des hiéroglyphes acrologiques, Paris, Merlin 1827; Seconde lettre sur les hiéroglyphes, Paris, Merlin 1827; Lettre à M. Champollion le jeune, relative à l'affinité du copte avec les langues du Nord de l'Asie et du Nord-Est de l'Europe, Paris, Dondey-Dupré 1828. L'édition, rédigée en collaboration avec Dorow, de Collection d'antiquités égyptiennes, recueillies par M. le chevalier de Palin, précédées d'observations critiques sur l'alphabet hiéroglyphique découvert par M. Champollion le jeune, Paris, Gide 1829, témoigne aussi de l'intérêt de Klaproth pour l'Égypte, en vérité il fut un adversaire acharné de Champollion, de même que Jounard et Young. Dans la lettre adressée par Wilhelm Dorow (1790-1845), diplomate et archéologue allemand, à Julius Klaproth le 10 mars 1830 (lettre n° 1900 de l'inventaire des Archives de Mantes, cataloguée parmi les lettres d'Alexander von Humboldt), on peut lire le passage suivant, écrit de la main d'un secrétaire de Wilhelm von Humboldt, et signé par ce dernier: «Eur Wohlgeboren danke ich recht sehr für Ihr gütiges Schreiben vom 12. v. M. und bitte Sie auch Herrn Hofrath Klaproth meinen lebhaften Dank für seine gütige Mittheilung auszudrücken. Empfangen Eur Wohlgeboren die Versicherung meiner vollkommensten Hochachtung Humboldt Tegel, den 6ten Maerz 1830».

(23) Gustave Rose (1798-1873), docteur en philosophie, professeur de minéralogie à l'université de Berlin. Sous la direction de Humboldt, il explora l'Asie septentrionale.

(24) GUILLAUME DE RUBROUCK, Voyage dans l'empire mongol: 1253-1255, Paris Payot 1985; J. BELL, Travels from Saint Petersburg in Russia to Divers Parts of Asia, 1763. A ce propos il faut lire la lettre adressée par Alexander à Letronne de Berlin, le 26 avril 1833, Correspondance inédite scientifique et littéraire, op. cit., t. II, pp. 103-104: «Je suis tout plein de mon affaire de distillation, opération sans laquelle il n'existerait pas la chimie, les acides étant les seuls moyens d'entrer dans la composition des corps. La distillation du Koumys (lait de jument fermenté) chez les nomades d'Asie m'a parue très-ancienne, je ne trouve cependant aucun texte d'un ἱππάκη enivrant, je veux dire que la confection de ce fromage mou ait été accompagné de distillation. Tout ce que les poèmes hindous offrent de liqueurs enivrantes, ne prouve rien, la simple fermentation vineuse du riz expliquant l'effet. On a tout attribué aux Arabes, enfin je trouve une description complète de la distillation de l'eau salée au commencement du troisième siècle. Frappé du passage de Pline sur la manière d'obtenir le mercure du cinabre XXXIII, 8, ferria concha calyce cooperta, j'ai été conduit à Dioscoride (Mat. med. v., 110, où se trouve l'emploi de l' ἄμβικος (ἄμβιξ) vase très-étroit, par en haut (lagena), le calix de Pline dont on a fait avec l'article arabe le mot alambic […] Un passage d'Aristote, Met. II-3, prouve que du temps d'Aristote, on n'avait aucune idée de l'eau-de-vie. Alors j'ai cherché dans le Comment. d'Alexandre Aphrod. […]. et j'ai trouvé une excellente description de la distillation de l'eau de mer, seulement l'ἄμβιξ est nommé πύμα, ce qui me fait un peu de chagrin: ce sont donc les Arabes que le seul passage de Discoride a conduit, et comme alambic, alambiqué est à présent connu des plus ignares, (la tribune des Chambres en fait foi) il est curieux de voir qu'un seul emploi du mot ἄμβικος comme instrument chimique (je ne connais aucun autre passage) ait pu décider la nomenclature».

(25) P. S. PALLAS, Voyages en différentes provinces de l'Empire de Russie, et dans l'Asie Septentrionale, Paris 1788-1793, 5 tomes. Peter Simon Pallas (1740-1811), naturaliste.

(26) Il est fait référence à l'article de Klaproth Sur l'usage du thé en Chine, et Règlement concernant cette marchandise, in «Journal Asiatique», juillet 1833, pp. 82-90.

(27) ABEL REMUSAT, D'un second Mémoire sur les Relations politiques des Rois de France, avec les Empereurs Mongols, in «Journal Asiatique», septembre 1822, pp. 136-137: «Un résultat de mes recherches, est de confirmer tout à la fois diverses conjectures précédemment émises sur l'origine de ces découvertes, qui ont signalé la fin du moyen âge: l'usage de la boussole, l'imprimerie stéréotype, la gravure en bois, l'artillerie. On savait vaguement que toutes ces inventions, ainsi que bien d'autres procédés industriels étaient à la disposition des Asiatiques, long-tems avant l'époque où elles se montrèrent en Europe. J'ai fixé avec précision la date de leur commencement dans les contrées orientales, et j'ai tâché d'éclairer la route par où elles ont pu pénétrer chez les Occidentaux. La polarité de l'aimant avait été reconnue et mise en oeuvre en Chine, dès les tems les plus reculés. Il y a 4456 ans qu'un héros s'en servit pour reconnaître la route du Midi, au milieu des ténèbres dont un mauvais génie l'avait environné».

(28) H. J. KLAPROTH, Lettre sur l'invention de la boussole, Paris, Dondey-Dupré 1834. Cf. à ce sujet le lettre adressée par Alexander au duc de Sussex, président de la Royal Society, en avril 1836 de Berlin, Correspondance inédite scientifique et littéraire, op. cit., t. I, p. 344: «environ quatre cents ans avant Christophe Colomb et avant que les naturels de l'Europe eussent la moindre idée de la déclinaison magnétique, les Chinois suspendaient l'aiguille par le moyen d'un fil pour lui donner une liberté parfaite de mouvement: ils savaient que lorsqu'elle était ainsi suspendue, suivant la méthode de Coulomb (comme dans l'appareil du jésuite Lana, au XVIIIe siècle), l'aiguille déclinait au sud-est, et ne restait jamais au véritable point sud».

(29) Allusion au Mémoire sur l'introduction et l'usage des caractères chinois au Japon, et sur l'origine des différens syllabaires japonais, suivis par un vocabulaire coréen, par Klaproth, Paris, Imprimerie royale 1829.

(30) HANSTEEN, Untersuchungen über den Magnetismus der Erde, 1819.

(31) S. PURCHAS, Purchas, his Pilgrimes, containing a History of the World in Sea Voyages and Land Travells by Englishmen and Others [...], London, H. Fetherton 1625-1636, 5 voll. in-folio. Giambattista Ramusio (1485-1557), historien italien, entretenait des relations avec Bembo, Fracastor et autres lettrés. Sa Raccolta di navigazioni et viaggi (Venise 1550, 1556, 1559, 3 vol. in-fol.) est une collection des plus importantes relations de voyages des temps anciens et modernes: «C'est une collection précieuse, dit Camus, ornée de gravures en bois, estimée par les savants, et regardée encore aujourd'hui par les géographes comme un des recueils les plus importants».

(32) E. RENAUDOT, Ancienne relations des Indes et de la Chine, de deux voyageurs mahométans, qui y allèrent dans le neuvième siècle, Jean-Baptiste Coignard, Paris 1718.

(33) Heinrich Freiherr von Werther (1772-1859), homme politique, ministre plénipotentiaire de la Prusse d'abord à Costantinople, puis à Vienne, de 1824 à 1837 enfin auprès du gouvernement français.

(34) Klaproth avait publié des Fragments bouddhiques, dans le numéro de mars 1831 du Nouveau journal asiatique et préparera l'éditions, parue posthume, de Foé-koué-ki, ou relation des royaumes bouddhiques, voyage dans la Tartarie, dans l'Afghanistan et dans l'Inde, traduite du chinois et commentée par Abel-Rémusat.

(35) Nouvel atlas de la Chine, de la Tartarie-Chinoise et du Thibet cont. les cartes génér. et particul. de ces pays, ainsi que celle du royaume de Corée... rédigées par d'Anville, La Hayle, Scheurleer 1737.

(36) Williams Marsden (1754-1836), orientaliste. Citons de lui A Dictionary of the Malayan Language et A Grammar of the Malayan Language, parus à Londres en 1812. Il est fait allusion à sa traduction de The travel of Marco Polo (1818).

(37) Correspondance de Victor Jacquemont avec sa famille et plusieurs de ses amis, pendant son voyage dans l'Inde (1828-1832), Paris 1833, 2 vol.

(38) Achille Valenciennes, zoologiste (1794-1865), traduisit les Observations de Zoologie de Humboldt. Sa carrière scientifique se déroule dans le Muséum, d'abord comme assistant, puis comme professeur dans la chaire qui avait été de E. Geoffroy Saint-Hilaire (1844). La même année il est élu à l'Académie des Sciences. On lui doit entre autre l'Histoire naturelle des poissons (1828-1849), dont les premiers volumes avait été écrits en collaboration avec Cuvier, et l'Histoire naturelle des mollusques annélides et Zoophytes (1833). A propos de la continuelle sollicitude de Humboldt à son égard cf. les lettres à E. Geoffroy St-Hilaire de 1826 («Je désirerais vivement voir améliorer le sort de M. Valenciennes qui sert depuis dix-huit ans avec un zèle si louable, qui est sans fortune et qui a eu l'imprudent courage de se marier») et à Guizot, du 2.11.1832 («Daignez aussi, je vous en supplie, vous souvenir de M. Valenciennes, le collaborateur de M. Cuvier et le mien, il est digne de votre bienveillance»), in A. HUMBOLDT, Correspondance inédite scientifique et littéraire, Paris 1869, 2e partie, pp. 78-79 et 95. Cf. aussi les lettres que Humboldt adresse à Cousin à propos de la nomination de Valenciennes à la chaire d'anatomie à l'École Normale en 1830 (Lettere di Alexander von Humboldt a Victor Cousin, in «Giornale Critico della Filosofia Italiana», 2000, fasc. I, pp. 108-109).

(39) Martin Heinrich Karl Lichtenstein (1780-1857), naturaliste, médecin.

(40) Johann Seifet, majordome d'Alexander von Humboldt, qui à sa mort lui léguera sa bibliothèque.

(41) Marcel Émile Verdet (1824-1866), physicien français, maître de conférence à l'École normale supérieure et professeur à l'École polytechnique (1863).

(42) Paul François Dubois (1793-1874), professeur, puis journaliste, fondateur du Globe, député de la Loire Inférieure (1831), directeur de l'École Normale Supérieure (1844-1851).

(43) Mad. Mathieu était la soeur, Mad. Lucie Laugier la nièce d'Arago qui ne le quitta pas pendant les derniers mois de sa vie.

(44) August von Hedemann (m. 1859), général prussien.

(45) Christian Ehrenberg (1795-1876), naturaliste allemand, avait été nommé en 1831 correspondant de l'Académie des sciences de France et ensuite membre associé étranger. Eilhard Mitscherlich (1794-1869), célèbre chimiste allemand. En 1852 il fut élu membre associé de l'Institut de France.

(46) Jean-Jacques Émile Goujon (1823-1856), astronome français. Cf. à ce propos J.-A. BARRAL, Notice chronologique sur les oeuvres de François Arago, Oeuvres de François Arago, Paris, Morgand 1865, t. XII, pp. IX-X: «Une grande partie des manuscrits qui ont servi à l'impression des Oeuvres de M. Arago est de la main de M. Goujon, qui, pendant plus de trois ans, a écrit presque tous les jours, durant près de dix heures chaque jour, sous la dictée du savant astronome». Casimir Gide (1804-1868), musicien, libraire.