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par Leana Quilici et Renzo Ragghianti

Lettres curieuses sur la Renaissance Orientale des frères Humboldt, d'August Schlegel et d'autres...

Eugene Burnouf(*)

Note editoriali

Index | Avertissement | Bopp | Burnouf | Friedrich Creuzer | A. von Humboldt | W. von Humboldt
Mohl | Pauthier | Rosen | de Sacy | Schlegel | Windischmann | Appendice

1

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous remettre la note succincte des matières contenues dans le Bhâgavata pourâna(1).

Shrî Bhâgavata pourana, c.à.d. Pourâna du bonheur Bhâgavat, ou crichna, renfermant, outre les sujets qui forment le fonds obligé de tous les Pourânas, l'histoire de l'Incarnation du dieu Vichnou en Crichna. La copie présentée à la Société est moderne. Le 2e livre (Skanda) est daté de l'ère Samvat 1877 (J.C. 1821), et le 11e de 1879 (J.C. 1823) - Ce pourana est divisé en douze Skandas ou livres; chaque Skanda est sous divisé en un plus ou moins grand nombre de lectures (adhyâya), qui sont ornées d'une peinture représentant le sujet dont elles traitent. Ces vignettes ne sont pas sans importance. Le pourâna est accompagné du commentaire de Shrî dharasvami. C'est bien le même auteur dont la glose se trouve dans l'exemplaire Bengalie de la bibliothèque du roi. Mais je n'ai pu constater avec certitude l'identité du commentaire lui-même, parce que la copie Bengalie ne se trouve pas à la Bibliothèque du roi. Je ne sais que depuis hier qu'elle est entre les mains de Mr. Chézy.

Je ne sais, Monsieur, si cette note sera suffisante; si vous la trouviez trop sèche, je vous serais reconnaissant d'avoir la bonté de me le faire savoir. J'y ajouterais s'il est possible quelques détails, quoique ma lecture très bornée ne m'ait encore fourni rien d'intéressant. J'aurais l'honneur de vous remettre le mans. lui-même samedi matin. Veuillez agréer, Monsieur, l'assurance sincère du profond respect et de l'entier dévouement

avec lequel je serai votre très humble serviteur
E. Burnouf

Mercredi 20 avril 1825

 

2

Monsieur,

mon père m'a dit que vous aviez quelqu'espérance de pouvoir, par l'entremise de Mr. l'ambassadeur français à Rome, faire venir le manuscrit italien du Kammuva dont parle Paulin(2). Je vous prie de croire à la vive reconnaissance avec laquelle j'ai reçu cette offre. Cette marque de bonté met le comble à toutes celles que vous avez déjà eues pour moi, en me facilitant l'accès d'une nouvelle étude qui peut devenir si intéressante. Je prends donc la liberté de vous envoyer la note indicative du ms. italien du Kammuva qui pouvait nous être de quelque secours. Comme ce ms. est peu étendu, j'ai osé y joindre l'indication de quelques autres ouvrages également courts, et non moins importants. Je n'ose vous prier d'en faire la demande; mais on pourrait faire copier les uns, et obtenir l'extraction des autres.

Excuser je vous prie, Monsieur, la liberté que je prends, et croyez au sincère dévouement et à la reconnaissance, avec laquelle je

suis votre très humble
E. Burnouf

1er Septembre

 

3

Monsieur,

J'espérais avoir l'honneur de vous présenter mes devoirs Jeudi, et de vous remettre les manuscrits palis de Mr. Denoe, que j'ai pu reconnaître et déterminer exactement.

Le vocabulaire se nomme abhidhânappadîpicka ou illustration des mots. Il est complet, sur le plan de l'amara cocha, et fort intéressant en ce qui est relatif à Bouddha et à la mythologie.

Le n° 7, très volumineux, s'appelle padohatisangaho, ou l'abrégé du rituel; l'ouvrage est accompagné dans son entier d'un commentaire cingalais fort long. Si vous voulez avoir la bonté de remettre au porteur, auquel vous pouvez avoir toute confiance, un ou deux autres ms., il vous en donnera le reçu suivant et je pourrai vous les rapporter mardi prochain. Je remettrai en même temps à Monsieur Saint Martin(3), le tableau complet de l'alphabet et du syllabaire Barman, et m'entendrai avec lui pour visiter la case à l'Imprimerie Royale. Veuillez, Monsieur, m'excuser de tout l'embarras que je vous cause. Si ma santé n'avait absolument besoin d'être promptement rétablie, je n'aurais pas quitté Paris, dans un moment si important(4) pour moi, et où je reçois tant de marques de votre intérêt bienveillant; agréez cependant l'expression de ma sincère reconnaissance, et croyez-moi

votre dévoué et très humble serviteur
E. Burnouf

16 août

4

Monsieur,

Je vous prie de vouloir bien m'excuser si je ne puis me rendre demain au rendez-vous que vous m'avez fait l'honneur de me donner. Je suis malheureusement forcé d'aller rendre un triste et dernier devoir à un ami de mon père(5) que nous venons de perdre. C'est avec bien du regret que je ne puis profiter de l'heure que vous avez bien voulu m'accorder. J'aurai l'honneur de vous présenter mes devoirs mardi prochain, et de vous l'exprimer de vive voix. Cependant, daignez excuser la liberté que je prends, et croyez aux sentiments de reconnaissance et de dévouement sincères, avec lesquels j'ai l'honneur d'être

Monsieur
votre très humble serviteur
E. Burnouf

Ce 12 Novembre 1825

 

5

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous remettre le devis de L'Essai sur le Pali, tel que je l'ai extrait de la lettre trop laconique de Mr. Dondey(6):

Le prix de la composition par feuille, est de.......... 38

10 flls........ 380

Le prix du papier, la feuille............................. 28

10 flls....... 280

Total 660

La composition du peu de samskrit qui se trouve dans l'ouvrage

ne doit pas s'élever à plus de fr............. 40

Total 700

Les planches lithographiées, papier et tirage, s'élèveront à peu près à...... 250

Total 950

 

Je prends la liberté, Monsieur, de vous faire remarquer que Mr. Dondey ne parle pas du tirage; et qu'il ne dit pas davantage si les 75/000, que les imprimeurs ont coutume de prendre, sont compris dans son devis. Celui que j'ai l'honneur de vous présenter n'est qu'approximatif, et ce n'est pas tout à fait ma faute. Je suis tout disposé à éviter à la Société les frais de composition de samskrit.

Je serai dans le cas de présenter à la société à la prochaine séance, ou seulement à vous, si vous le jugez convenable, le mémoire du Lithographe, qu'il n'a pu me donner jusqu'ici, parce que n'ayant pas encore tiré, (et voulant le faire avec soin), il ignore sur quel pied il paiera les ouvriers.

Veuillez m'excuser, monsieur, si je ne vous donne pas de détails plus exacts, et agréez l'assurance sincère de mon profond respect et de ma reconnaissance véritable.

J'ai l'honneur d'être votre très humble serviteur
E. Burnouf

N.B. J'ai l'honneur de joindre à ma note la lettre que Mr. Dondey m'a adressée.
Le 3 décembre 1825.

 

6

Mon cher Landresse

je vous renvoie les feuilles et la note. Auriez-vous la complaisance de vous charger de donner à Mad.me Doule la lettre ci contre pour Straker; elle a bien voulu me permettre de faire passer quelques unes de mes lettres à Londres.

Donnez aussi, si vous le pouvez, à Neuman les Collectanea de Leibnitz(7), et le premier et le 2e volume d'une traduction de la Géographie de Ritter dont le 2e volume a été présenté récemment à l'acad. des Sciences(8). Avez-vous aussi une brochure dont j'ignore le titre, mais qui est la traduction française par un Mr. Wilm (?) [sic] de la préface de Schelling (le philosophe) sur les fragments philosophiques de Cousin?(9)

Tout à vous
E. Burnouf.

 

7

Mon cher Landresse, je suis tellement ensorcelé de mes écritures excentriques, que j'oublie toujours de vous prier de me faire régler par M. Cardoso le compte des livres que je vous ai cédés. Ayez la complaisance de lui remettre ma petite note, à votre loisir. La famille de Richy, qui vient de perdre son père, me demande un compte depuis quelque temps(10).

Savez-vous où en est la vente de Klaproth? Et pourrais-je, sans indiscrétion, vous prier de faire la cour à Mme. Doulx pour me procurer subtilement de sa Bibliothèque, une des dissertations que vous m'avez prêtées hier, celle qui a pour titre Illustratione d'uno Zodiaco orientale de G. Hager Milan 1811 fol. petit(11). Je ne puis me passer de cet ouvrage et je n'ai pas la chance de le trouver ni aussitôt ni en aussi bon état, que chez Mme. Doux. Il va sans dire que je le payerai ce qu'elle voudra, vous réglerez le prix, (en supposant toujours que la démarche soit faisable, et quelle ne vous déplaise pas). J'ai déjà demandé à Londres celle (la dissertation) qui est en anglais on the new discovered Inscription 4°, quoique j'ai peu d'espoir de l'y trouver, je n'oserais pas demander à Mme. Douce(12) de faire disparaître deux volumes d'un catalogue, sans doute déjà commencé.

Au point où nous en sommes, vous pouvez agir avec la plus grande franchise, et me dire cela ne se peut pas, ou cela se peut. Je ne voudrais pas vous engager à rien qui pût vous être désagréable, et je croirais autant à votre complaisance éprouvée, que vous ne fassiez pas la chose, ou que vous la fassiez, possible si elle est.

Tout à vous
Eu. Burnouf.

(*) Les cinq premières lettres, adressées à Abel Rémusat, on été publiées dans le catalogue des Papiers d'Eugène Burnouf, Paris, Champion 1899, dressé par Léon Feer.

(1) Il est fait référence à la Notice sur un manuscrit du Shrî-Bhâgavata-Pourâna, envoyé par M. Duvancel à la Société Asiatique, in «Journal Asiatique», juillet 1825, pp. 46-60; octobre 1825, pp. 193-205. «Notre copie actuelle a donc sur celles que possède la Bibliothèque [du Roi], d'immenses avantages; elle n'est pas, il est vrai, exempte de fautes; mais ces incorrections se trouvent, la plupart du tems, rectifiées par le commentaire» (art. cit., p. 50). Le retard avec lequel on avait connu le corpus indien des traités bouddhistes - même les travaux de Schmidt ou de Klaproth se basaient sur des textes mongols assez tardifs, comme ceux qui avaient été recueillis dans les Mélanges asiatiques d'Abel-Rémusat - est témoigné par Burnouf selon lequel «le bouddhisme n'est au fond, et dans son rapport avec les doctrines indiennes, que le développement naturel du Vichnouisme tel qu'il est personnifié dans Krichna. C'est une opinion qui paraît résulter du petit nombre de faits que nous connaissons, et ce n'est pas sans quelque confiance que nous l'exprimons ici, puisque nous pourrions l'appuyer de l'autorité de savans illustres, qui ont fait des opinions religieuses de l'Asie une étude longue et consciencieuse. Les vastes recherches de M. Rémusat paraissent mener à cette conclusion, car ce sont elles qui ont fourni les matériaux les plus nombreux pour la comparaison du culte et des opinions bouddhiques avec celles de l'Inde; et M. Klaproth, dans son Asia polyglotta, affirme positivement que, dans son opinion, le culte de Bouddha est le plus beau développement de la religion indienne. D'accord avec ces savans [...] un auteur qui a jeté sur les religions de l'antiquité un regard vraiment philosophique et d'une haute impartialité, M. Guigniaut, caractérise exactement de même le bouddhisme, et si le point de vue sous lequel il le considère trouve dans les faits une entière confirmation, c'est peut-être à lui qu'appartiendra l'honneur d'avoir donné de ce difficile problème l'explication la plus philosophique et la plus satisfaisante» (art. cit., pp. 200-201). Voir aussi à ce propos la leçon inaugurale professée par Rémusat en janvier 1815 depuis sa chaire de chinois et de tartare-mantchou: «Une littérature immense, fruit de quarante siècles d'efforts et de travaux assidus; l'éloquence et la poésie, s'enrichissant des beautés d'une langue pittoresque qui conserve à l'imagination toutes ses couleurs […]: d'un autre côté les Annales les plus vastes et les plus authentiques que nous tenons de la main des hommes, déroulant à nos yeux les actions presque ignorées non seulement des Chinois, mais des Japonais, des Coréens, des Tartares, des Tibétains ou des habitants de la presqu'île ultérieure, ou nous développant les dogmes mystérieux de Bouddha ou ceux des prétendus sectateurs de la Raison, ou consacrant enfin les principes éternels et la philosophie politique de l'école de Confucius: voilà les objets que les livres chinois offrent à l'homme studieux […]. Plus de cinq mille volumes ont été rassemblés à grand frais à la bibliothèque du Roi: leurs titres seulement ont été lus par Fourmont; quelques ouvrages historiques ont été entrouverts par Deguignes et Deshauterayes; tout le reste attend encore des lecteurs et des traducteurs» (cit. in S. DE SACY, Observations sur les cours de sanskrit et de chinois créés au Collège de France, op. cit., pp. 79-80).

(2) Paulin de Saint-Barthélemy (Jean Philippe Werdin, en religion le P.) (1748-1806), orientaliste allemand.

(3) Antoine Jean Saint-Martin (1791-1832), orientaliste, participa avec Rémusat et de Chézy à la fondation de la Société Asiatique.

(4) Biffé: intéressant.

(5) Jean Louis Burnouf (1775-1844), orientaliste.

(6) Essai sur le pali ou langue sacrée de la presqu'île au-delà du Gange, avec une notice des manuscrits palis de la Bibliothèque du Roi, par É. Burnouf et Chr. Lassen, Paris, Dondey-Dupré 1826. Prosper Dondey-Dupré (1794-1834), imprimeur-libraire spécialisé dans les langues orientales.

(7) Il est fait allusion à la première grande édition de Leibniz par L. Dutens en six volumes, G. G. Leibniz, Opera omnia, nunc primum collecta, in classes distributa, praefationibus et indicibus exortata, Genève 1768. Carl Friedrich Neumann (1798-1870), orientaliste allemand. En 1828 il séjourna à Paris puis à Londres. En 1830 il se rendit en Chine d'où il rapporta l'année suivante une collection de dix mille volumes écrits en chinois; il la céda au gouvernement bavarois et devint professeur à l'Université de Munich. Il fut mis à la retraite en 1852, en raison de la part active qu'il avait prise aux mouvements politiques de 1848. Cf. à ce propos la lettre de W. von Humboldt à Rémusat du 18 mars 1828: «Veuillez me permettre, Monsieur, de Vous envoyer en attendant ci-joint un mémoire que j'ai lû il y a quelque temps à notre Académie. Il renferme une idée sur l'origine du pronom personnel dans quelques langues qui m'a parû être intéressante. C'est surtout l'Arménien que j'étudiois, il y a trois ans, qui m'a mis sur la voye de cette découverte. Vous trouverez dans mon mémoire un article que je dois à la complaisance de Mr. Neumann. Ce qu'il y avance m'a parû ingénieux, je désire que Vous le trouviez en même temps fondé, Monsieur. Mr. Neumann m'avoit communiqué d'abord une note dans laquelle il donnoit plus d'attention à des idées sur le mot moi. Mais comme il me sembloit attribuer à ce mot une signification que je ne trouvois pas justifiée par les passages qu'il citoit, il a modifié ensuite ses opinions. Vous m'aviez parlé, Monsieur, avec beaucoup d'éloges des études Chinoises de Mr. Neumann, et c'est là ce qui m'a surtout engagé à y mettre plus de confiance. J'ai vû depuis Mr. Neumann plusieurs fois ici, et j'avoue qu'il m'a parû être un homme très judicieux, et d'un savoir vraiment solide sur plusieurs objets. Je puis naturellement moins juger de ses connaissances en Chinois, et je ne dis même pas qu'il met parfois plus de confiance que je ne le ferais, dans des connaissances rapidement acquises. J'ai cependant vû avec peine la vivacité et l'espèce d'acharnement avec lesquels il a été critiqué dans nos papiers publics. Les rectifications sont certainement précieuses, mais la politesse et au moins les dehors d'une certaine indulgence n'y gâtent rien» (lettre n° 1898 de l'inventaire des Archives de Mantes, voir aussi Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise, op. cit., p. 265).

(8) K. RITTER, Géographie générale comparée, ou Étude de la terre dans ses rapports avec la nature de l'homme, pour servir de base à l'étude et à l'enseignement des sciences physiques et historiques, traduit de l'allemand par E. Buret et E. Desor, Paris, Paulin 1835-1836, 3 vol. in-8°.

(9) Il est fait référence au Jugement de M. de Schelling sur la philosophie de M. Cousin, traduit de l'allemand et précédé D'un essai sur la nationalité des philosophes, par J. Willm, Paris, Levrault 1835. Cf. aussi la lettre à Cousin du 18.10.1834, f.V.C. 252: «J'ai reçu avec reconnaissance et lu avec un vif intérêt les trois livraisons que vous avez bien voulu m'envoyer. Deux de ces pièces, la Préface des Oeuvres posthumes de M. de Biran et la Préface de M. Schelling, serviront à enrichir la Revue Germanique qui sera glorieuse de ce renfort. [...] Quant à cette Préface elle-même, qui n'est pas seulement un ouvrage remarquable par le nom de son auteur et par son objet, mais qui sera une pièce historique du plus grand intérêt, elle m'occupe presqu'exclusivement depuis huit jours. Pour qui sait la comprendre, elle jette une vive lumière et sur votre philosophie, monsieur, et sur celle de Hegel et sur l'état de la philosophie en général; c'est plus qu'une simple préface, destinée à servir de recommandation à un autre écrit: c'est un gage de paix et de conciliation offert à la philosophie française par le plus grand des philosophes de l'Allemagne, un manifeste contre la philosophie de Berlin, et presque l'annonce d'une philosophie nouvelle, de celle que Schelling lui-même, dit-on, se dispose à donner bientôt au public. J'avais songé d'abord à le traduire intégralement en y ajoutant quelques notes explicatives; mais quand j'ai vu qu'elle reproduisait en partie l'article des Annales de Bavière que j'ai donné précédemment dans notre revue sous le titre de M. Schelling et M. Cousin, il a fallu renoncer à ce projet. J'ai pris alors le parti de donner à mon travail la forme de recension; sous cette forme j'ai pu traduire les passages les plus importants, fondre mes observations avec eux, et expliquer ce qui dans la critique de Schelling aurait pu fournir des armes à la malveillance: je dis expliquer et non adoucir; car très-certainement l'intention de Schelling est de rendre justice à votre génie et non de le déprécier, de s'entendre avec vous plutôt que de vous réfuter. Ce travail paraîtra dans notre N° de septembre avec le portrait de Fichte. Si la critique de Schelling est tout empreinte d'une estime bienveillante et dans l'intérêt de la grande pensée qui l'occupe, de concilier ensemble l'Empirisme et le Rationalisme, la philosophie française et la philosophie allemande, il n'en est pas ainsi des Hégéliens. L'un d'entre eux, un des moindres il est vrai, Hinrichs de Halle, connu en Allemagne pour la dénonciation secrète qu'il fit il y a quelques années au gouvernement prussien des opinions de son collègue Gesenius, vient de publier contre vous dans les Annales de Berlin un article qui est de la plus haute inconvenance. Il serait facile de remettre cet homme à sa place, mais je pense que le plus court et le plus sage c'est d'ignorer ses injures qui, auprès de la critique élevée et mêlée d'éclatants éloges de Schelling, n'auront aucun retentissement». Willm fait allusion à Hermann Friedrich Wilhelm Hinrichs (1794-1861), disciple de Hegel à Heidelberg, professeur à Halle à partir de 1824, et à Wilhelm Gesenius (1786-1842), professeur de théologie à Halle à partir de 1810. Le Jugement voit dans l'hégélianisme un développement illégitime de la philosophie de Schelling et l'annonce de la philosophie positive - le rapport entre rationalisme et empirisme, entre psychologie et ontologie, le caractère épisodique du rationalisme abstrait dans l'histoire de la philosophie allemande. Cousin n'est en effet guère plus qu'un prétexte. Dans La nationalité des philosophes (op. cit., pp. xxj-xxix passim), Willm saluait le Jugement comme une contribution à l'établissement d'une «alliance» entre la philosophie allemande et la philosophie française, alors que pendant un demi siècle la suprématie d'attitudes autarciques avait déterminé une Babel linguistique. Non seulement la pensée européenne n'avait jamais présenté «une aussi grande diversité», mais «plus elle s'est nationalisée, plus aussi elle a cessé d'être intelligible pour tous les esprits cultivés»: en Allemagne on arriva à l'éclipse d'un «langage philosophique commun». Cousin a bien mérité «dans ce grand travail d'échange et de conciliation» (cf. la lettre à Cousin du 17 novembre 1835, Corr., t. II, pp. 424 sq.). Joseph Willm (1792-1853), pasteur luthérien, professeur de littérature au gymnase de Strasbourg, inspecteur, se proposa de «faire mieux connaître en France les travaux de Schelling et de Hegel» (lettre du 20.8.1832, f.V.C. 252). On lui doit une Histoire de la philosophie allemande depuis Kant jusqu'à Hegel, Paris, Ladrange 1846-1849, voll. 4.

(10) Dans le Journal Asiatique entre 1833 et 1834 on fait allusion à plusieurs reprises à «M. Richy, juge à Chandernagor et correspondant de la Société asiatique», et à des«envois considérables de livres sanscrits destinés à la bibliothèque de la Société».

(11) J. HAGER, Illustrazione d'uno zodiaco orientale del Gabinetto delle medaglie di s.m. a Parigi, scoperto recentemente presso le sponde del Tigri vicino all'antica Babilonia, Milano, De Stefanis 1811, 64 p., 4 tav.

(12) Francis Douce (1757-1834), antiquaire anglais, recueillit de précieuses collections qu'il légua ensuite à la bibliothèque bodleyenne, à l'exception de ses papiers qu'il laissa au British Museum.