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Edward Gibbon

Essai sur l'étude de la littérature

Par. I-XIV

Note editoriali

Editorial note | Sheffield's Introduction | M. Maty, Avis au Lecteur - À l'Auteur
Paragraphs I-XIV)
| Paragraphs XV-XLVIII) | Paragraphs XLIX-LXXXIII and Conclusion)
From the Autobiography of Edward Gibbon


I. [Idée de l'histoire littéraire] L'histoire des empires est celle de la misère des hommes. L'histoire des sciences est celle de leur grandeur et de leur bonheur. Si mille considérations doivent rendre ce dernier genre d'étude précieux aux yeux du philosophe, cette réflexion doit le rendre bien cher à tout amateur de l'humanité.

II. Que je voudrois qu'une vérité aussi consolante ne reçût aucune exception! Mais, hélas! L'homme ne perce que trop souvent dans le cabinet du savant. Dans cet asile de la sagesse, il est encore égaré par les préjugés, déchiré par les passions, avili par les foiblesses.
L'empire de la mode est fondé sur l'inconstance des hommes; empire dont l'origine est si frivole et dont les effets sont si funestes. L'homme de lettres n'ose secouer son joug, et si ses réflexions retardent sa défaite, elles la rendent plus honteuse.
Tous les pays, tous les siècles ont vu quelque science l'objet d'une préférence souvent injuste pendant que les autres études languissoient dans [16] un mépris tout aussi peu raisonnable. La métaphysique et la dialectique sous les successeurs d'Alexandre,(7) la politique et l'éloquence sous la république Romaine, l'histoire, la poësie dans le siècle d'Auguste, la grammaire et la jurisprudence sous le Bas-Empire, la philosophie scholastique dans le treizième siècle, les Belles-Lettres jusqu'aux jours de nos pères, ont fait, tour-à-tour, l'admiration et le mépris des hommes. La physique et les mathématiques sont à présent sur le trône. Elles voyent toutes leurs sœurs prosternées devant elles, enchainées à leur char, ou tout-au-plus occupées à [17] orner leur triomphe. Peut-être leur chute n'est pas éloignée.
Il seroit digne d'un habile homme de suivre cette révolution dans les réligions, les gouvernemens, les mœurs, qui ont successivement égaré, désolé et corrompu les hommes. Qu'il se gardât bien de chercher un systême; mais qu'il se gardât bien davantage de l'éviter.

III. [Renaissance des Belles-Lettres. Goût qu'on eut pour elles] Si les Grecs n'avoient été esclaves, les Latins seroient encore barbares. Constantinople tomba sous le fer de Mahomet. Les Médicis accueillirent les Muses désolées: ils encouragèrent les lettres. Erasme fit plus, il les cultiva. Homère et Cicéron pénétrèrent dans des contrées inconnues à Alexandre, et invincibles pour les Romains. Ces siècles trouvoient qu'il étoit beau d'étudier les anciens et de les admirer: (8) le nôtre pense qu'il est plus aisé de les ignorer et de les mépriser. Je crois qu'ils ont tous les deux raison. Le guerrier les lisoit sous sa tente. L'homme d'état les étudioit dans son cabinet. Ce sexe même, qui, content des graces, nous laisse les lumières, embellissoit l'exemple d'une Délie, et souhaitoit de trouver un Tibulle dans son amant. [18] Elizabeth (ce nom dit tout pour le Sage) apprenoit dans Hérodote à défendre les droits de l'humanité contre un nouveau Xerxes, et au sortir des combats se voyoit célébrée par Eschyle sous le nom des vainqueurs de Salamine (9). (10)
Si Christine préféra la science au gouvernement d'un état, le politique peut la mépriser, le philosophe doit la blâmer, mais l'homme de lettres chérira sa mémoire. Cette reine étudioit les anciens: elle en considéroit les interprètes. Elle distingua ce Saumaise, qui ne mérita ni l'admiration de ses contemporains, ni le mépris dont nous nous efforçons de le combler.

IV. [On le poussa trop loin] . Sans doute elle poussa trop loin l'admiration pour ces savans. Souvent leur défenseur, jamais leur zélateur, j'avouerai sans peine que leurs mœurs étoient grossières, leurs travaux quelquefois minutieux; que leur esprit, noyé dans une érudition pédantesque, commentoit ce qu'ill falloit sentir, et compiloit au lieu de raisonner. On étoit assez [19] éclairé pour sentir l'utilité de leurs recherches; mais l'on n'étoit ni assez raisonnable ni assez poli, pour connoître qu'elles auroient pu être guidées par le flambeau de la philosophie.

V. [Quand il devenoit plus raisonnable] La lumière alloit paroître. Descartes ne fut pas littérateur, mais les Belles-Lettres lui sont bien redevables. Un philosophe éclairé (11), héritier de sa méthode, approfondit les vrais principes de la critique. Le Bossu, Boileau, Rapin, Brumoy apprirent aux hommes à connoître mieux le prix des trésors qu'ils possédoient. Une de ces sociétés qui ont mieux immortalisé Louis XIV qu'une ambition souvent pernicieuse aux hommes, commençoit déjà ces recherches qui réunissent la justesse de l'esprit, l'aménité et l'érudition, où l'on voit tant de découvertes, et quelquefois, ce qui ne cède qu'à peine aux découvertes, une ignorance modeste et savante.
Si les hommes raisonnoient autant lorsqu'ils agissent que lorsqu'ils discourent, les Belles-Lettres seroient devenues l'objet de l'admiration du vulgaire et de l'estime des sages.

VI. [Décadence des Belles-Lettres] C'est de cette époque qu'elles datent le commencement de leur décadence. Le Clerc, à qui les sciences et la liberté doivent des éloges s'en plaignoit déjà, il y a plus de soixante ans. Mais c'est dans la fameuse dispute des anciens et des modernes qu'elles reçurent le coup mortel. Il n'y a jamais eu un combat aussi inégal. La logique [20] exacte de Terrasson, la philosophie déliée de Fontenelle, le style élégant et heureux de La Motte, le badinage léger de St. Hyacinte, travailloient de concert à réduire Homère au niveau de Chapelain. Leurs adversaires ne leur opposoient qu'un attachement aux minuties, je ne sais quelles Prétensions à une supériorité naturelle des anciens, des préjugés, des injures et des citations. Tout le ridicule leur demeura. Il en rejaillit une partie sur ces anciens, dont ils soutenoient la querelle: et chez cette nation aimable, qui a adopté, sans y penser, le principe de Milord Shaftesbury, on ne distingue point les torts et les ridicules.

Depuis ce tems, nos philosophes se sont étonnés que des hommes pussent passer une vie entière à rassembler des faits et des mots; et à se charger la mémoire au lieu de s'éclairer l'esprit. Nos beaux-esprits ont senti quels avantages leur reviendroient de l'ignorance de leurs lecteurs. Ils ont comblé de mépris les anciens, et ceux qui les étudient encore (12). (13)

[21] VII. [Grands hommes littérateurs] . Je voudrois faire succéder à ce tableau quelques réflexions, qui pourront fixer la juste valeur des Belles-Lettres.
Les exemples des grands hommes ne prouvent rien; Cassini, avant de régler le cours des planètes, crut y lire le destin des hommes (14). Cependant, lorsqu'ils sont en grand nombre, ils préviennent avant l'examen, après l'examen ils confirment. On sent d'abord qu'un génie capable de raisonner, une imagination vive et brillante ne goûteroient jamais une science, qui ne seroit que de mémoire. De tous ces hommes qui ont éclairé la terre, plusieurs se sont livrés à l'étude des Belles-Lettres; beaucoup l'ont cultivée; aucun, ou presqu'aucun, ne l'a méprisée. Toute l'antiquité se montroit sans voile aux yeux de Grotius: éclairé par sa lumière, il développoit les oracles sacrés, il combattoit l'ignorance et la superstition, il adoucissoit les horreurs de la guerre. Si Descartes, livré tout entier à sa philosophie, méprisoit toute étude qui ne s'y rapportoit pas, Newton (15) ne dédaigna pas de [22] costruire un systême de chronologie, qui a eu des partisans et beaucoup d'admirateurs: Gassendi, le meilleur philosophe des littérateurs et le meilleur littérateur des philosophes, expliquoit Epicure en critique, et le défendoit en physicien: Leibnitz passoit de ses recherches immenses sur l'histoire aux infiniment-petits. Si son édition de Martianus Capella avoit paru, son exemple auroit justifié les littérateurs, ses lumières les auroient éclairés (16). Le Dictionnaire de Bayle sera un monument éternel de la force, et de la fécondité de l'érudition combinée avec le génie.

VIII. [Littérateurs grands hommes] Si nous ne faisons attention qu'à ceux qui ont consacré presque tous leurs travaux à la littérature, les vrais connoisseurs sauront toujours distinguer et apprécier l'esprit délicat et étendu d'Erasme, l'exactitude de Casaubon et de Gerard Vossius, la vivacité de Juste-Lipse, le goût, la finesse de Taneguy-le-Febvre, les ressources, la fécondité d'Isaac Vossius, la pénétration hardie de Bentley, l'aménité de Massieu et de Fraguier, la critique solide et éclairée de Sallier, l'esprit profond et philosophique de Le Clerc et de Freret. Ils ne confondront point ces grands hommes avec de simples compilateurs, un Gruter, un Saumaise, un Masson, et tant d'autres, hommes à la vérité utiles par leurs travaux, mais qui ne méritent jamais notre admiration, qui excitent rarement notre goût, et qui quelquefois seulement exigent notre estime.

IX. [Le Gout. Trois sources de beautés.] Les anciens auteurs ont laissé des modèles [23] pour ceux qui oseront marcher sur leurs traces: des lectures aux autres, où ils pourront puiser les principes du bon goût, et remplir leur loisir par l'étude de ces précieuses productions, où la vérité ne se montre qu'embellie de tous les trésors de l'imagination. Les poëtes et les orateurs doivent peindre la nature. Tout l'univers peut leur fournir des couleurs; mais parmi cette variété immense on peut ranger sous trois classes les images dont ils se servent: l'homme, la nature, et l'art. Les images de la première espèce, le tableau de l'homme, de ses grandeurs, de ses petitesses, de ses passions, de ses changemens, sont celles qui conduisent le plus sûrement un écrivain à l'immortalité. Chaque fois qu'on lit Euripide, ou Térence, on y découvre de nouvelles beautés. Cependant ce n'est ni à la conduite souvent défectueuse de leurs pièces, ni aux finesses cachées de leur heureuse simplicité, que ces poëtes doivent leur renommée. Le cœur se reconnoît dans leurs tableaux vrais et naifs, et s'y reconnoît avec plaisir.
La nature, toute vaste qu'elle est, a fourni peu d'images aux poëtes. Bornés, par leur objet ou par le préjugé des hommes, à son écorce, ils n'ont pu peindre que la successive variété des saisons, une mer irritée par les tempêtes, les zéphirs du printems respirant l'amour et le plaisir. Un petit nombre de génies ont bientôt épuisé ces tableaux.

X. [Images artificielles.] L'art leur restoit. J'entends par l'art tout ce dont les hommes ont orné ou défiguré la nature, les religions, les gouvernemens, les usages. Ils s'en sont tout servis: et il faut convenir qu'ils ont [24] tous eu raison. Leurs concitoyens et leurs contemporains les entendoient sans peine, et les lisoient avec plaisir. Ils aimoient à retrouver dans les ouvrages des grands hommes de leur nation, tout ce qui avoit rendu leurs ancêtres respectables, tout ce qu'ils regardoient comme sacré, tout ce qu'ils pratiquoient comme utile.

XI. [Les mœurs des anciens favorables à la poësie dans l'art militaire] Les mœurs des anciens étoient plus favorables à la poësie que les nôtres: c'est une forte présomption qu'ils nous y ont surpassés.
A mesure que les arts se sont perfectionnés, les ressorts se sont simplifiés. Dans la guerre, dans la politique, dans la religion, de plus grands effets ont été produits par des causes plus simples. Sans doute les Maurice et les Cumberland (17) entendoient mieux l'art militaire que les Achille et les Ajax:

«Tels ne parurent point aux rives du Scamandre,
Sous ces murs tant vantés que Pyrrhus mit en cendre,
Ces antiques héros qui montés sur un char
Combattoient en désordre et marchoient au hasard» (18).

Cependant les batailles du poëte François sont-elles diversifiées comme celles du poëte Grec? Ses héros sont-ils aussi intéressans? Tous ces combats [25] singuliers des chefs, tous ces longs discours aux mourans, toutes ces rencontres inattendues, prouvent l'enfance de l'art, mais donnent au poëte le moyen de nous faire connoître ses héros, et de nous intéresser à leur destin. Aujourd'hui les armées sont des vastes machines animées par le souffle du général. La Muse se refuse à la description de ses manœuvres: elle n'ose percer ce tourbillon de poudre et de poussière, qui cache à ses yeux le brave et le lâche, le chef et le soldat.

XII. [Dans la politique] . Les anciennes républiques de la Grèce ignoroient les premiers principes d'un bon gouvernement. Le peuple s'assembloit en tumulte pour décider plutôt que pour délibérer. Leurs factions étoient furieuses et immortelles, leurs séditions fréquentes et terribles, leurs plus beaux jours remplis de méfiance, d'envie et de confusion (19): leurs citoyens étoient malheureux, mais leurs écrivains, l'imagination échauffée par ces affreux objets, les peignoient comme ils les sentoient. La tranquille administration des loix, ces arrêts salutaires qui, sortis du cabinet d'un seul ou du conseil d'un petit nombre, vont répandre la félicité chez un peuple entier, n'excitent chez le poëte que l'admiration, la plus froide de toutes les passions.

XIII. [Dans la religion] . La mythologie ancienne qui animoit toute la nature, étendoit son influence sur la plume du [26] poëte. Inspiré par la muse, il chantoit les attributs, les aventures, et les malheurs des dieux. L'Etre infini, que la religion et la philosophie nous ont fait connoître, est au-dessus de ses chants: le sublime à son égard devient puérile. Le Fiat de Moïse nous frappe (20); mais la raison ne sauroit suivre les travaux de la Divinité qui ébranle sans effort et sans instrumens des millions de mondes, et l'imagination ne peut voir avec plaisir les diables de Milton, combattre pendant deux jours les armées du Tout Puissant (21).
Les anciens connoissoient leurs avantages, et les employoient avec succès. Ces chef-d'œuvres que nous admirons encore en sont la meilleure preuve.

XIV. [Moyens de sentir les beautés] Mais nous, placés sous un autre ciel, nés dans un autre siècle, nous perdrions nécessairement toutes ces beautés, faute de pouvoir nous placer au même point de vue, où se trouvoient les Grecs et les Romains. Une connoissance détaillée de leur siècle est le seul moyen qui puisse nous y conduire. Quelques idées superficielles, quelques [27] lumières puisées au besoin dans un commentaire, ne nous laisseront saisir que les beautés les plus sensibles et les plus apparentes: toutes les graces, toutes les finesses de leurs ouvrages nous échapperont; et nous traiterons de gens sans goût leurs contemporains, pour leur avoir prodigué des éloges, dont notre ignorance nous empêchera de sentir la justesse. La connoissance de l'antiquité, voilà notre vrai commentaire: mais ce qui est plus nécessaire encore, c'est un certain esprit qui en est le résultat; esprit qui non seulement nous fait connoître les choses, mais qui nous familiarise avec elles, et nous donne à leur égard les yeux des anciens. Le fameux exemple de Perrault peut faire sentir ce que je veux dire: la grossièreté des siècles héroiques choquoit le Parisien. En vain Boileau lui remontroit-il qu'Homère vouloit et devoit peindre les Grecs, et non point les François; son esprit demeuroit convaincu, sans être persuadé (22). Un goût antique (j'entends pour les idées de convention) l'eût éclairé plus que toutes les leçons de son adversaire.


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(7) Ce siècle fut celui des sectes philosophiques, qui combattoient pour les systêmes de leurs maîtres respectifs, avec tout l'acharnement des théologiens. L'amour des systêmes produit nécessairement celui des principes généraux; et celui-ci conduit d'ordinaire au mépris des connoissances de détail. «L'amour des systêmes, (dit M. Freret,) qui s'empara des esprits après Aristote, fit abandonner aux Grecs l'étude de la nature, et arrêta le progrès de leurs découvertes philosophiques: les raisonnemens subtils prirent la place des expériences: les sciences exactes, la géométrie, l'astronomie, la vraie philosophie disparurent presqu'entièrement. On ne s'occupa plus du soin d'acquérir des connoissances nouvelles, mais de celui de ranger, et de lier les unes aux autres, celles que l'on croyoit avoir, pour en former des sistêmes. C'est là ce qui forma toutes les différentes sectes: les meilleurs esprits s'évaporèrent dans les abstractions d'une métaphysique obscure, où les mots tenoient le plus souvent la place des choses, et la dialectique, nommée par Aristote l'instrument de notre esprit, devint chez ses disciples l'objet principal et presque unique de leur application. La vie entière se passoit à étudier l'art du raisonnement, et à ne raisonner jamais, ou du moins à ne raisonner que sur des objets fantastiques». Mém. de l'Acad. des B. l. tom. VI, p. 159. [B]

(8) Feuilletez la Bibliothèque Latine de Fabricius, le meilleur de tous ceux qui n'ont été que compilateurs: vous y verrez que dans l'espace de quarante ans, après la découverte de l'imprimerie, presque tous les auteurs Latins étoient imprimés, quelques uns même plus d'une fois. Le goût des éditeurs n'égala pas, il est vrai, leur zèle. Les écrivains de l'histoire Auguste parurent avant Tite Live; et l'on donna Aulu-Gelle avant de songer à Virgile. [B]

(9) Eschyle a fait une tragédie (le Perses) où il a peint avec les couleurs les plus vives, la gloire des Grecs et la consternation des Perses après la journée de Salamine. V. le Théâtre des Grecs du P. Brumoy, tom. II, p. 171, &c. [B]

(10) Ecoutons le président Hénault. «Cette princesse étoit savante. Un jour qu'elle entretenoit Calignon, qui fut depuis le Chancelier de Navare, elle lui fit voir une traduction en Latin, qu'elle avoit faite, de quelques tragédies de Sophocles et de deux harangues de Démosthène. Elle lui permit de prendre une copie d'une épigramme Grecque de sa façon; et elle lui demanda son avis sur des passages de Lycophron, qu'elle avoit alors entre les mains, et dont elle vouloit traduire quelques endroits». Abrég. Chronolog. in quart., Paris, 1752, p. 397. [B]

(11) M. Le Clerc, dans son excellent Ars critica, et dans plusieurs autres de ses ouvrages. [B]

(12) On a ôté à cette étude le nom de Belles-Lettres, qu'une longue prescription sembloit lui avoir consacré, pour y substituer celui d'érudition. (1) Nos littérateurs sont devenus des érudits. L'Abbé Massieu traitoit cette dernière expression de néologisme en 1721. (2) Changeroit-il de ton à présent? Il siéroit mal à un étranger de vouloir le décider. Je connois tous les droits des grands écrivains sur la langue; mais je voudrois, qu'après avoir reconnu qu'un érudit peut avoir du goût, des vues, de la finesse dans l'esprit, (1) ils ne se servissent pas de ce terme pour désigner un servile admirateur des anciens, d'autant plus aveugles qu'ily a tout vu, hors leurs graces et leurs beautés. (2)
(1) V. La Motte et D'Alembert.
(2) Massieu dans sa préface aux œuvres de Toureil.
(1) M. D'Alemb. dans l'art. «Erudition» de l'Encycl. Françoise.
(2) M. D'Alemb. dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, et ailleurs. [B]

(13) Fontenelle dans sa digression sur les anciens et les modernes, et ailleurs. Œuvr. de Gresset. Tom. II p. 45. [B]

(14) Fontenelle dans son Eloge, VOLTAIRE, tome XVII, p. 79. [B]

(15) Newton réformoit la chronologie ordinaire, et y trouvoit des erreurs de cinq à six cens ans. Voyez mes Remarques Critiques sur cette Chronologie. [B]

(16) La vie de Leibnitz par de Neufville, à la tête de sa Théodicée. [B]

(17) Je n'ai point cherché à faire un compliment à son A. R. Mgr. le Duc de Cumberland, dont je respecte infinement la naissance et le rang, sans oser apprécier ses talens militaires. Si l'on se rappelle que les vers suivans sont tirés du poëme sur la bataille de Fontenoy, on sentira que c'est plutôt M. de Voltaire qui parle que moi. Je ne crois pas cette remarque inutile. Des gens d'esprit s'y sont trompés. [B]

(18) Œuvres de Volt. tom. II p. 300. [B]

(19) Voy. le III l. de Thucydide. Diodore de Sicile, depuis le l. XI jusqu'au l. XX presque par tout. La Préface de l'Abbé Terrason au III tom. de sa Traduction de Diodore de Sicile, et Hume's Political Essays, p. 191. [B]

(20) V. les pièces de Huet et de Despréaux, dans le III tom. des Œuvres de celui- ci. [B]

(21) Le compas d'or dont le Créateur mesure l'univers étonne chez Milton. Peut- être chez lui est-il puérile: chez Homère il eût été sublime. Nos idées philosophiques de la Divinité nuisent au poëte. Les memês ornemens qui auroient relevé le Jupiter des Grecs, la défigurent. Le beau génie de Milton lutte contre le systême de sa religion, et ne paroît jamais si grand que lorsqu'il en est un peu affranchi: pendant qu'un Properce, déclamateur froid et foible, ne doit sa renommée qu'au spectacle riant de sa mythologie. [B]

(22) V. les Remarques de M. Despréaux sur Longin. [B]


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